mardi 26 janvier 2010

Y'a des jours...


 Ça ne va pas tellement aujourd'hui.

D'abord la journée a bien mal commencé. Apprendre le décès d'une personne proche, même si c'est un décès auquel on s'attend, n'est jamais une bonne nouvelle. La mère de ma très chère s'est éteinte la nuit dernière à l'âge tout de même vénérable de 86 ans. Sans souffrance et tout en douceur, d'après ce qu'on nous a dit. Mais cette nouvelle attristante nous cause un problème supplémentaire: comment payer nos respects à la famille? Pourrons-nous seulement être présents pour les funérailles? Le Canada n'est pas loin, je le dis toujours à ceux qui pourraient penser que nous sommes à l'autre bout du monde, mais dans les circonstances actuelles, on pourrait tout aussi bien se trouver dans l'archipel des Falklands ou à Tombouctou! Bref, un problème de plus...

Or, les problèmes qui s'empilent finissent par faire une lourde charge. Style: n'en jetez plus la cour est pleine! Style: assez cétacé! Mais pourtant, on le sait bien, c'est loin d'être fini... Alors de deux choses l'une: ou bien nous allons devenir plus forts, ou bien nous allons crouler sous la charge. Je vous le ferai savoir, ne vous en faites pas...

C'est qu'il y des jours, et il y a des jours. «Des jours où on penche, d'autres où on plie, d'autres où on flanche»... Non, non, je ne déprime pas à ce point! Je vous cite seulement Ferland (Y'a des jours). Chanson assez noire, cependant, il faut bien le reconnaître, et qui invite à ne plus lutter, à ne plus se battre, mais plutôt à se laisser couler. Mais ici, a-t-on le droit de se laisser couler quand tout le monde s'accroche? Vous connaissez l'histoire de certains cas, maintenant. Et je n'ai pas envie de vous en raconter d'autres pour vous attendrir. Les temps sont durs, présentement pour les Haïtiens et pour les Haïtiennes. N'en doutez pas. Car si on parle beaucoup des nombreux morts, on ne parle pas assez de ceux qui restent et qui, même sur leurs deux jambes et leurs deux bras (pour les gymnastes), en arrachent vraiment. Mais ils s'accrochent, mes amis, ça pour s'accrocher, ils s'accrochent. Comme quelqu'un en train de se noyer et qu'on va sauver. Préparez-vous s'il vous saisit! Eh bien les Haïtiens, c'est ça. Ça s'accroche et ça ne se laisse pas couler. On dit qu'il faudra compter un bon dix ans pour reconstruire le pays. Dix ans... élastique, c'est sûr. Mais le peuple n'a pas besoin d'une reconstruction finie, polie, étincelante: ici, on se contente de peu, et dès que ce peu sera en place, je vous garantis que la vie va reprendre à peu près comme avant. Et pour cela, quelques mois suffiront.

Rencontre avec le staff américain tout à l'heure. Plusieurs s'en vont. D'autres arrivent. Tout à l'heure, c'était le joyeux chaos à l'entrée. Un groupe d'une dizaine d'Américains venaient voir ce qu'ils pouvaient faire. Finalement, après quelques palabres et voyant comment nous étions organisés, ils ont plutôt choisi d'aller à l'Hôpital Général, là où c'est moins accueillant, mais tout aussi indispensable. Demain arrive un autre groupe, des Espagnols et vendredi ou samedi, des Brésiliens. Comme quoi y'a pas que les Américains qui sont prêts à se retrousser les manches!

Bon. Ça va un peu mieux, à présent. Voir les gens hospitalisés vous sourire et vous dire qu'ils sont «pa pi mal» alors qu'ils sont salement amochés, ça redonne une perspective, disons...

Et puis, demain est un autre jour...

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