mercredi 23 mai 2012

Un autre départ difficile


Pourquoi est-ce toujours si compliqué pour nous de sortir de ce pays? En relisant quelques-uns de mes textes, il ressort que ce n’est que rarement que nous avons un trajet sans histoire. Nous avons eu, et pas nécessairement dans l'ordre : une route totalement inondée et impraticable; un avion collé au sol, non autorisé à voler alors que le temps était radieux; une panne de voiture majeure suivie d’une véritable course contre la montre pour finir par arriver tout juste à temps; des bandits qui avaient volé les clés de notre voiture; bref, du piquant au moment du départ... Et aujourd’hui n'a pas fait exception, puisque aujourd'hui ce fut simplement la route bloquée, sans espoir de la voir débloquée à temps pour que nous puissions prendre notre avion… Bien sûr, connaissant votre impatience, je sais que vous allez me demander : « Et le plan B? » Car en Haïti comme partout, il faut un plan B. Et pour tout vous dire, nous n’en avions pas, alors il a fallu rapidement en inventer un… qui s’est révélé somme toute un assez bon plan, puisque nous avons effectivement pu nous embarquer, comme prévu. Mais je vous raconte.

J’ai déjà dit ailleurs que, après analyse, nous avions convenu qu’il était plus sage de se rendre à la capitale la veille de notre départ pour le Canada. Plus sage, certes, mais pas toujours faisable… Nous avions hier plusieurs petites choses à régler et comme nous sommes en mai, que la saison des ouragans n’est pas encore effective (bien que la première tempête tropicale soit déjà passée) et que le pays est relativement calme, nous avions supputé que nos chances que tout se passe comme prévu étaient optimales et donc, en quittant tôt ce matin, nous estimions que tout se passerait selon le plan A. Or voilà qu’on se rive à une route bloquée, et à plusieurs endroits, nous apprend-on. Que faire, hormis attendre et espérer? Heureusement, il n’est que 8h30 et nous avons une certaine marge de manœuvre. Alors on attend. Mais en réfléchissant — une activité qui s’accorde assez bien avec attendre et espérer, je vous le dis tout net —, je me dis que si l’attente se prolonge, nous ne pourrons jamais arriver à temps. Or, j’entends que lundi dernier, ce n’est qu’en après-midi que la route a enfin été débloquée, alors… Alors compte tenu que nous sommes sur la seule route qui relie Les Cayes à Port-au-Prince, il faut trouver une autre solution… J’en vois une, mais fonctionnera-t-elle? Il suffit simplement de rebrousser chemin jusqu’à une piste qui passe par Fond-des-Blancs et qui, si tout va bien, devrait nous permettre de retrouver la route principale en amont des barrages routiers. La décision est prise et on la transforme rapidement en action, car le détour n’est pas mince. Tout de même, deux heures plus tard, nous retrouvons la route nationale et, à notre grand soulagement, nous sommes clairs. Si bien que, après quelque trois heures de route supplémentaires, nous arrivons à l’aéroport en poussant un profond soupir de soulagement. Tout est bien qui finit bien.

Mais je le redis : le stress qui accompagne ces départs en devient presque dissuasif… Pourquoi partir si cela nous met dans tous nos états? Bon, je sais, vous allez me dire qu’il faut bien revoir un peu ceux qu’on aime et renouer un tant soit peu avec ce pays qui nous a vu naître, et vous aurez raison, même s’il est parfois difficile de revoir tous ceux, toutes celles que l’on voudrait revoir car le temps nous fait souvent cruellement défaut… Enfin…

Il n’en reste pas moins que ces événements fortuits qui, en terre haïtienne, poussent comme champignons après une pluie automnale, doivent être pris en compte dans la planification des va-et-vient car ils peuvent constituer des écueils de taille. Or, je le redis, il semble que le mauvais sort s’acharne à chaque fois que l’on veut sortir du pays…

Serait-ce que nous sortons trop souvent?

samedi 19 mai 2012

L'opulence extrême


C’est samedi, l’école est finie, le patron est parti, vive les vacances! Oui bon, je sais, vous allez me dire qu’une courte fin de semaine n’est pas vraiment ce qu'on peut appeler des vacances ni, donc, matière à célébration, mais ce que vous ne savez pas, c’est que nous prenons effectivement quelques jours de cette période faste qu’on appelle les vacances, et ce, très bientôt. Donc la célébration, pour nous, a toute sa raison d’être. Et pour célébrer quoi de mieux qu’un délicieux petit cidre tout droit sorti de son bercail d’origine : les Îles de la Madeleine? Vous vous demandez comment la chose peut être possible? C’est tout simplement que, gourmands mais pas gloutons, nous avons eu la sagesse de conserver un échantillon de ce que notre belle visite de janvier nous a si gentiment apporté en guise de cadeau. Comme si leur visite n'en était pas un!...Alors... à la bonne vôtre!

Rien de bien grave aujourd’hui, donc, rien pour surchauffer la matière grise, rien pour mettre le feu aux poudres; que de la légèreté, laquelle, n’en déplaise à Kundera, n’a vraiment rien d’insoutenable, au contraire!  En d'autres termes, je ne parlerai ni de politique, québécoise ou haïtienne, ni d’économie, ni de problèmes sociaux ou médicaux : juste une petite pirouette dans la prairie printanière et dans ce qu’il est convenu d’appeler «l’insolite».

Car voici la maison de Céline Dion à Laval. Qui est à vendre, au cas où vous ne le sauriez pas, et rien qu’à voir les photos, on comprend pourquoi : qui pourrait vivre dans pareille lourdeur? J’ai visité jadis le château Neuschwanstein (photo) qu’a habité le roi Ludwig II de Bavière et franchement, c’est presque plus modeste. Chez Céline, on est carrément dans l’étalage excessif de la richesse excessive. Ici, tout est excessif et le bon goût en est forcément discutable. Mais il ne s’agit pas de goût, n’est-ce pas? Il s’agit d’argent, purement et simplement. Car dites-moi : à quoi sert l’argent si on ne l’étale pas bien épais, à la vue et au nez de tous et de toutes? Or notre chère Céline nationale croule sous les sous, tout le monde le sait, alors il faut quand même qu’on en voit quelques illustrations, n’est-ce pas? N’empêche que je me pose la question : Céline a-t-elle jamais été heureuse dans cette maison?

Certes, vous me direz que les gens riches — odieusement riches, entendons-nous bien, ou "filthy rich" comme ils disent en anglais — n’ont pas besoin d’être heureux, puisqu’ils sont riches. Qu’a-t-on besoin d’autre? Le proverbe aura beau prétendre le contraire, l’argent c’est le bonheur, c’est l’absence de soucis ou de frustrations associés à son absence ou, à tout le moins, son insuffisance. Certes, sa présence peut engendrer d’autres soucis, mais bon, ce sont des soucis de riches, autrement dit, pas de vrais soucis. Pourtant, dans la fable de La Fontaine, c’est le savetier qui siffle : pas le financier…

Tout ça pour vous dire que, voyant les images des pièces de la maison de Céline, je me suis dit que l’opulence des uns ne faisait pas de mal aux autres, puisqu’elle ne suffisait même pas à susciter l’envie. Certes, l’argent est nécessaire; c’est le fondement même de notre monde moderne, n’en déplaise aux idéalistes qui croient encore en l’équité sociale. Mais trop, c’est comme pas assez — en fait, je pense que c’est pire que pas assez, car trop tue le désir, tue le rêve, tue la magie. Au moins, les pauvres peuvent aspirer à devenir riches, mais les riches, eux, aspirent à quoi?

En tout cas, je ne sais pas qui achètera la maison de Céline, mais je puis vous garantir que ce ne sera pas moi, même si j’avais tout à coup les millions nécessaires pour le faire. Et je vous dis ça sans rire…

mercredi 16 mai 2012

Matière à réflexion


Aujourd’hui, ce ne sont pas les méandres de la politique québécoise qui retiennent mon attention, mais bien ce beau billet, signé Michaëlle Jean — oui, oui, LA Michaëlle Jean bien connue de la population québécoise et canadienne et qui a porté le titre enviable de Gouverneure Générale du Canada. La GG si vous préférez. Je sais, je sais, vous allez me dire que les traditions britanniques, surtout en rapport avec l’ordre royal, n’ont rien pour pavaner, mais justement, pour avoir rencontré la dame, je puis vous assurer qu’elle s’est moins enflée du titre que plusieurs l’ont ou l’auraient fait à sa place… Or, voyez son texte et dites-moi que ce n’est pas bien écrit.. Dites-moi, si vous osez, que ce qu’elle dit ne sonne pas juste… Et pourtant, elle n’a pas à faire cela : elle le fait parce que dans son cœur haïtien, elle veut pour son pays d’origine ce que plusieurs qui pourtant y vivent mésestiment. Rêve-t-elle? Oui, bien sûr. Mais quel beau rêve, mes amis, de penser qu’Haïti pourrait un jour redevenir la perle qu’elle était jadis…!

Mais ce qui me frappe, c’est la dureté de ses propos envers les politicailleurs du pays, ceux qui ne pensent qu’à leur poche, leur image, leurs gains personnels, leur nombril. Et, gens du Québec, avec ce qui se passe encore présentement entre vos murs provinciaux, vous savez ce dont je parle, ce à quoi je me réfère. La démocratie, disons-le sans ambages, n’est pas une panacée. C’est un système boiteux qui fonctionne moyennement bien et qui comporte nombre de faiblesses. Et pourtant, c’est ce que nous avons de mieux pour maintenir un semblant de liberté d’action sociale. Malheureusement, plusieurs oublient que le principe démocratique ne s’arrête pas à la grosseur de l’ego de ses tenants, mais au contraire, présuppose un altruisme intégral, généreux et bien intentionné. Impossible? Non. Mais pas évident, ça, c’est sûr…

En fait, je me désole. Tant de voir la démocratie bafouée au Québec que de la voir si mal comprise en Haïti. Ou le contraire. Car l’un vaut l’autre, on ne se disputera pas là-dessus… Et dans tout ce crêpe-chignon politique, on ne peut s’empêcher de se poser la question de toute bonne histoire style "whodunnit" : «À qui le crime profite-t-il?» Et c’est là qu’on se rend vite compte que ce sont les personnes elles-mêmes qui, dans un jeu de pouvoir qu’on ne peut qualifier autrement que de puéril, tirent profit du piétinement de la démocratie. Et tiens, toi! En pleine gueule! En fait et pour tout vous dire, je m’étonne encore de voir à quel point, dans mon Québec natal où vivent des gens intelligents — au moins autant qu’ici en Haïti —, on cherche encore à cibler des personnes particulières, à vouloir à tout prix leur faire porter le tort de l’échec, ou celui de l’incompréhension — peu importe. Cette méthode du "Shoot the messenger" me semble un peu barbare et pas tellement efficace. Pour moi qui ne connais rien à la politique, je lis tout ce qu’on écrit sur le sujet. Je ne m’occupe que rarement de l’auteur, de ses manies ou de ses tics, mais plutôt du contenu de son texte. Mais j’en vois qui, hélas, perdent cette discrimination au profit d’un profilage de l’auteur qui le rend bon ou mauvais, blanc ou noir. Incidemment, c’est ce que disait La Fontaine dans sa très belle fable «Les animaux malades de la peste» et dont la morale est : «Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir.»

Or, une personne peut dire des inepties une fois, et la fois suivante, tenir des propos tout ce qu’il y a de sensé voire de sage. C’est comme ça. Personne n’est constant, personne n’est égal. Pas même Foglia, ni tous les autres chroniqueurs, québécois ou haïtiens, que je lis sur une base régulière. Alors s’il vous plaît, avant de critiquer l’auteur, prenons le temps de le lire, si vous le voulez bien. C’est exactement ce que j’ai fait pour le texte de Mme Jean et je vous le recommande pour ce qu’il est : un beau texte idéaliste, porteur d’un flambeau visionnaire, un texte qui ne change pas le monde, non, mais qui porte à réfléchir et qui nous fait voir un coin de ciel bleu qui pourrait aisément se développer, pour peu qu’on lui en donne la chance.

Quant au Québec, je m’abstiens de commenter… Mais je puis vous dire que je ne suis pas fier…

vendredi 11 mai 2012

Quand Râ rayonne


Je viens de lire cet article, et bien que je sois spontanément prêt à féliciter les divers partenaires du projet, j’y mets néanmoins quelques réserves. Que je vous explique.

L’énergie solaire est, depuis toujours je pense, perçue à juste titre comme l’énergie la plus propre, la plus universellement disponible, la plus inaltérable et la plus aisément accessible. Le soleil nous éclaire et nous réchauffe naturellement et c’est déjà beaucoup. Mais peut-il servir à produire de l’électricité? Oui, en autant que l’on dispose de «panneaux solaires», ces assemblages de cellules photovoltaïques dont la particularité est justement de produire du courant continu lorsque soumis à la lumière solaire. Dès lors, en autant qu’il fasse soleil (et en Haïti, ce n’est pas vraiment un problème, n’est-ce pas), il ne reste plus qu’à «collecter» ce courant et, si l’on veut en faire provision, l’accumuler dans des batteries. Évidemment, je minimise, mais en gros, ce n’est pas plus compliqué que ça. «Mais alors, me direz-vous, si c’est aussi simple que ça, pourquoi le pays en entier n’est-il pas connecté à des panneaux solaires?» Le principe peut être simple, oui, mais les coûts d’installation du système sont élevés, très élevés même, et ce, même en tenant compte du fait que le prix des panneaux a sensiblement diminué au cours des dernières années. C’est que dans cette chaîne de production du courant, ce ne sont pas les panneaux qui font problème, mais bien les batteries car sans elles, pas de réserve et donc aussitôt que le soleil s’estompe, les panneaux deviennent inertes. Or, les batteries ne sont rien d’autres que des batteries, semblables à celles des voitures mais conçues différemment de façon à permettre des cycles répétés de charge-décharge complets. Et c’est là que ça se corse, comme on dit à Ajaccio. Car la qualité des batteries varie énormément — les meilleures sont évidemment les plus chères — et leur durée de vie, dans le meilleur des cas, ne dépasse pas 3-4 ans. Si bien que pour une installation moyenne, il faudra compter avec le renouvellement des batteries à tous les trois ou quatre ans, ce qui signifie une dépense de près de $5,000 US. Je ne sais pas pour vous, mais pour nous et pour ceux que l’on côtoie, ça fait cher. Ajoutez à cela le coût initial de l’équipement (panneaux et onduleur (inverter) et vous aurez une idée juste de la raison pour laquelle le système solaire n’est pas plus populaire en Haïti : son prix prohibitif. En revanche, lorsque des organisations internationales s’en mêlent et financent l’achat et l'installation du matériel, alors là, c’est magnifique, car le système, une fois en place, ne coûte pratiquement rien en frais d’entretien. Donc et si vous m’avez suivi, le solaire, c’est bien pour les gros, mais trop coûteux pour les petits.

En outre, il faut ajouter certains facteurs qu’on pourrait appeler hétérogènes et qui rendent l’entreprise des plus hasardeuses en Haïti. Premièrement, le vol. Les panneaux valent cher, je l’ai dit, et les voleurs les ont à l’œil. Il suffit de panneaux mal protégés et tadam! ils disparaissent. Deuxièmement, les fils doivent être bien protégés du soleil, car sinon ils cuisent littéralement et dès lors, le courant ne passe plus. Il y a encore l’entretien des batteries qui, ici en Haïti en tout cas, ne sont pas scellées et demandent donc un ajout constant d’eau distillée pour maintenir leur niveau d’électrolyte. Or, personne ne s’en soucie. La corrosion des bornes des batteries doit également être prise en compte, car elle se produit très rapidement dans ce pays humide et proche de la mer. Bref, ce n’est pas si évident que ça…

Cela dit, il faut reconnaître que la technologie progresse. Et rapidement. Au point où, dans certains pays, un système solaire bien réglé est maintenant compétitif avec l’électricité fournie par l’État. Donc, on est sur la bonne voie. Mais je ne crois pas qu’on soit arrivé pour autant…

En tout cas, s’il s’en trouve parmi vous qui désirez faire un don à un hôpital renommé et efficient, pensez à un système solaire complet et je vous promets de citer votre nom sur cette vitrine!

samedi 5 mai 2012

Faire une petite différence


Think positive. Un slogan très à la mode chez nos voisins américains et pour cause : il nous rappelle qu'en toute chose, il y a un côté positif; ça nous change des idées noires associées à tout ce qui va de travers, à ce qui n’est jamais parfait. Or, il est des gens qui, sans pétarade, transforment quelques idées en actions porteuses de fruits. C’est le cas de cette dame, Marjorie Villefranche, nommée à juste titre personnalité de la semaine de La Presse, la semaine dernière.

La dame n’a pas changé le monde. Mais elle l’a rendu plus facile à vivre, plus accueillant pour les Haïtiens et les Haïtiennes qui, tout frais débarqués au Québec, ne savent pas très bien où donner de la tête. Certes, leurs compatriotes sont là, mais cela suffit-il à assurer une transition aisée? Bien sûr que non. La réalité québécoise — à commencer par la langue, suivie de près du climat — est immensément différente de celle qu’on peut vivre en Haïti, tous niveaux sociaux confondus. Alors disons qu’une «orientation», faite par quelqu’un qui sait de quoi il parle, prend ici tout son sens. D’ailleurs voyez ce que dit la bonne dame au sujet de ses compatriotes fraîchement arrivés :
«Aujourd'hui, ils arrivent mieux formés, mais pas mieux informés. Ils ont fait des études, mais ils ne savent pas que l'État [québécois] fournit des services qui peuvent les aider à s'installer ici. En contrepartie, ils sont toujours aussi surpris de voir que le gouvernement peut s'immiscer grandement dans leur vie. Quand je leur dis que leur bébé qui vient de naître est protégé et qu'il a des droits, certains n'en reviennent pas.»
J’avoue que je trouve l’initiative louable et pas rien qu’un peu. Trop souvent, on se plaint de l’ignorance des immigrants — Haïtiens en tête  — et il faut admettre que le reproche est souvent justifié. Car on s’attend à ce que tout immigrant, fût-il Chinois, Sénégalais ou Haïtien, s’adapte rapidement et souplement à son nouveau pays d’adoption. Après tout, c’est une règle qui fonctionne dans tous les pays du monde et que le proverbe résume bien : «À Rome comme les Romains.» Mais ce n’est pas toujours évident… Et je parle d’expérience, croyez-moi, car s’il est une étape qui demande temps et ouverture d’esprit, c’est bien celle qui consiste à s’ajuster au pays hôte. En ce qui nous concerne, je vous le dis tout net : nous n’avons pas encore fini de découvrir les particularités haïtiennes…

Quoi qu'il en soit, nous serons d'accord pour admettre que cela fait du bien d’entendre parler de belles initiatives, de démarches qui marchent, de pratiques où on ne s’enfarge pas dans les fleurs du tapis, bref de choses concrètes et non de pelletage de nuages. Ça nous change… Et cela va dans le sens même de ce que prônait John F. Kennedy, quand il a dit: "And so, my fellow Americans: ask not what your country can do for you — ask what you can do for your country."  Plutôt que d'attendre l'intervention gouvernementale, Marjorie Villefranche a choisi de faire un petit quelque chose qui, concrètement, fait une différence. Je pense que, compte tenu de la présente impasse politique au Québec, il y a là une leçon dont plusieurs pourraient tirer profit... Mais qui s'en souciera? Le gouvernement est responsable de tous les maux de la terre, tout le monde sait cela...

Il n'empêche que des Marjorie Villefranche, le monde en a bien besoin....

mardi 1 mai 2012

L'ours à gants blancs


Le sujet n’est pas très sérieux, j’en conviens aisément. Mais il est cocasse et symbolique, du moins de la façon dont je l’interprète. Et puis, à la fin, y'en a marre de tous ces drames qui n'en sont pas et qui nous empoisonnent l'existence. Une pause s'impose.  Et c'est en lisant cet entrefilet paru récemment sur La Presse, que j'ai enfin souri.

En effet, si vous êtes comme moi préoccupés par les changements climatiques qui menacent les écosystèmes les plus fragiles, vous savez déjà que l’une des grosses espèces animales les plus menacées, c’est l’ours polaire, grand roi de la banquise arctique et symbole du froid et de la neige. Or, l’un des effets les plus aisément observables du réchauffement de la planète, c’est bien le rapetissement de la banquise arctique et, par le fait même, le rétrécissement du milieu de vie de l’ours polaire. D’où l’on peut aisément déduire que, si la tendance se maintient, ce noble animal s’éteindra inexorablement d’ici peu. Mais à lire l’article ci-haut mentionné, on découvre avec surprise que cet animal aux traits si bien adaptés au milieu polaire, n’a pas hésité, au cours des millénaires passés, à aller brouter dans le champ du voisin pour assurer sa survie! Évidemment, brouter est mal dire, puisqu’il s’agit ici d’un féroce carnassier, bien équipé pour éventrer tout ce qui vit et s’en délecter proprement. Mais vous m’avez compris. L’ours polaire a migré vers le sud lorsque, dans le passé, son habitat s’est réduit à une peau de chagrin et bien lui en a pris, puisque ce faisant, il a assuré sa survie jusqu’à notre ère! Mais le plus drôle, c’est qu’il s’est hardiment accouplé avec des ourses brunes! Alors dites-moi, vous ne trouvez pas que c’est une belle leçon de vie, vous autres? L’ours polaire, pas regardant sur la couleur du poil! Eh bien! Qui l’eût cru? Et les femelles, contentes de voir arriver la belle bête au blanc pelage, s’en réjouissaient d’autant plus que la bête était costaude, hein!

Première morale de cette histoire : blanc et noir vont très bien ensemble!

Deuxième morale de cette histoire : les femelles préfèrent les costauds!

Troisième morale de cette histoire : la survie d’une espèce ne s’encombre pas de racisme!

En fait et si ce n’était pas un phénomène scientifiquement démontré, ce pourrait être une excellente fable que n’aurait sûrement pas désavouée monsieur de La Fontaine…

Comme ceci, par exemple (sans comparaison avec le grand fabuliste, cependant) :

Un ours tout blanc et fort en gueule,
Cherchait partout, par monts, par vaux,
Une compagne qui serait seule,
Et qui pourrait lui faire un veau.

Mais le mâtin malgré sa taille
Restait toujours sur le carreau
Car les femelles, faute de mangeaille
Décédaient toutes sans dire mot.

Vint à passer une ourse brune,
En chair, bien ronde, toute en chaleur
«Holà! Beau blanc t’es dans la lune?
Ne sens-tu pas que c’est mon heure?

Oyant ces mots, le mâle polaire
Ressent l’appel et s'y soumet;
Il saute la brune sans tant s'en faire
La fait reluire comme un goret.

De cette union naquit l'ourson
Dont tous les autres s’émerveillèrent
Ni blanc, ni brun, joli grison,
Il fit la joie de la clairière.

Bon mois de mai à tous et à toutes!