dimanche 31 janvier 2010

Un trait sur janvier

 

Aujourd'hui je pense qu'on commence à avoir la langue longue--je sais, j'ai fait un texte intitulé «la langue longue» il y a déjà quelque temps et rien n'a changé, alors vous pensez bien qu'elle n'a pas vraiment eu de chance de se remettre, la pauvre langue. Donc, on halète toujours et on a l'impression de manquer d'oxygène. (Pourtant, on vient tout juste de refaire remplir nos bouteilles, alors on ne devrait pas avoir à se plaindre...)

Sans farce: ça va pour nous. Les Brésiliens s'activent, et la barrière que le portugais représente, eh bien on la saute hardiment. Sauf que les cas manquent pour les alimenter, ces braves Brésiliens. Est-ce à dire que la quantité de blessés diminue? Malheureusement non! Mais s'entendre, répartir les blessés dans les différents centres, assurer le transport et le suivi, en un mot, coordonner, reste le défi le plus raide à relever. Je l'ai dit antérieurement, mais rien n'a changé de ce côté non plus. La volonté d'aider et d'agir ne suffit pas: il faut que tout ce beau monde s'entende sur la démarche à suivre et que les patients arrivent! Ainsi, le navire hôpital américain, ancré au large de Port-au-Prince fait bien ce qu'il peut, mais avec une seule salle d'opérations et 250 lits, il y a plus de gens couchés que de gens opérés! Nos camarades de Fond des Blancs nous disent qu'ils sont censés recueillir les post-op sortis du navire-hôpital, mais il semble que les hélicoptères fassent défaut!... Et comment allez-vous transporter ces personnes qui sortent tout juste de chirurgie, maintenant? À la nage? Les problèmes, je vous le redis, sont hénaurmes...

Et pendant ce temps, nous recevons quotidiennement des offres de l'extérieur pour des médicaments, de l'équipement médical, voire des médecins. Or, je vous le dis, ça va. Nous sommes pas mal mieux que bien d'autres et si le matériel des Brésiliens arrive à temps, nous serons tout à fait corrects. En fait, ce qui nous manque le plus, ce qui nous fait défaut, c'est un petit "break", une petite pause pour reprendre notre souffle. Mais ça, ce n'est pas pour aujourd'hui ni pour les prochains jours. Sans mentir, on s'attend à ce que février soit plutôt chargé...

Et pendant ce temps, Soeur Flora, sur l'île à Vache, juste en face des Cayes, poursuit son œuvre gigantesque avec le même courage, la même naïveté et les mêmes problèmes, augmentés d'autant par la catastrophe. C'est auprès d'elle que Alexandra Duguay, morte à Port-au-Prince, s'était attardée. Gilbert Lavoie a écrit, sur Cyberpresse, un article intéressant que je vous recommande chaudement.

Je m'arrête ici. Je sais que je ne fais pas très original en cette fin de mois, mais j'admets que je commence à être un peu tanné. Le mois prochain sera meilleur. Peut-être même qu'on pourra s'offrir une journée à la plage, comme avant? En tout cas, je ne vous garantis pas que je vais continuer d'alimenter ce blogue sur une base quotidienne, comme je l'ai fait depuis le séisme, mais bon, je vous sais cléments et je sais que vous allez me pardonner si je saute un jour ou deux...

Tiens! C'est drôle... On vient tout juste de sentir le frisson d'une autre secousse...

1 commentaire:

  1. Allô Richard,

    J'espère que vous pourrez bientôt prendre cette p'tite pause dont tu rêves....alors lorsque tu seras absent de ton blogue on saura que tu as pu te libérer et que tu es en train de te ressourcer à la plage....

    Bye à Chantal et sympathies pour sa maman...

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