samedi 28 novembre 2009

Le bal des koukouj


Je le dis d’entrée de jeu : il y a bien d’autres sujets qui me sont venus à l’esprit. Mais quoi! Vais-je vous parler des rénovations que nous avons entreprises à l’hôpital et qui ont fait suer tout le monde? Ou des problèmes que nous avons eus avec le ministère des Finances concernant la franchise douanière du matériel que nous avons acheté récemment? Ou encore du congédiement de deux employés? Bref, vais-je vous parler de ce travail qui est le nôtre et qui comporte plusieurs facettes, certaines pas aussi luisantes que d’autres? Non. J’aurais trop peur de vous ennuyer. D’être rasant. Tandis que le sujet du jour, ou plus justement, de la nuit, mérite certainement quelques lignes.

Car que voilà une petite bête intéressante! Comme le montre la photo, le «koukouj» n’a rien de bien exceptionnel, vu comme ça, mais possède une caractéristique qui, la nuit, le rend tout à fait remarquable : la bioluminescence. Je vous passe les explications scientifiques et vous renvoie plutôt à Wikipédia si vous les désirez. Mais l’insecte n’en reste pas moins fascinant lorsqu’on voit sa trace luminescente dessiner de jolies arabesques dans le noir. Mettez une demi-douzaine de ces petites bêtes dans une chambre (en l’occurrence la nôtre) et vous avez un véritable ballet de traînées lumineuses d’allure très futuriste (sur le sujet, je ne saurais trop vous recommander une photo sur l’article de Wiki [français ou anglais, peu importe] qui illustre très bien ce que je vous raconte en mots). Le vol de ces coléoptères (puisque c’en sont), est fascinant, je le redis, et d’une grâce légère et aérienne.

Mais si l’on peut admirer le spectacle des ces danseurs de la nuit, c’est qu’ils sont dans la chambre. Or, ils ne passent pas tout leur temps à danser et, pour reprendre leur souffle, se posent où bon leur semble, incluant bien sûr les dormeurs que nous sommes. D’où le problème, vous l’avez deviné. Car le réflexe immédiat, lorsqu’on sent une petite bête se poser ou se promener sur votre échine, c’est de la balayer d’un revers de la main. Pas nécessairement pour la tuer, mais pour s’en débarrasser, tout simplement. Or, ces insectes sont fragiles et il n’en faut pas plus pour les faire trépasser. Et c’est là le drame : la lumière qui en émane ne s’éteint pas, du moins pas tout d’un coup. Petit à petit, elle pâlit, et tout se joue comme si l’on voyait littéralement la vie s’en échapper, en pulsations de plus en plus faibles. Et les autres lucioles viennent voir leur consœur agoniser, peut-être la réconforter par des ondes bienfaisantes, mais néanmoins impuissantes à la ramener à la vie. Drame, vous dis-je. De quoi vous faire sentir mal. De quoi vous faire sentir coupable. De quoi vous faire sentir misérable.

En tout cas, maintenant, si l’une d’elles se pose sur mon épiderme, je lui souffle dessus pour la chasser. Et j’ai le plaisir de voir sa trace lumineuse faire quelques loopings avant qu'elle aille se poser ailleurs, bien innocemment.

Et je puis alors me rendormir tranquille.