jeudi 14 janvier 2010

C'est pas drôle


Ça commence à ressembler à un pays catastrophé...

Les secours s'organisent tant bien que mal, on voit ça à la télé et sur Internet. Mais même avec la meilleure volonté du monde et un porte-monnaie plein, le travail ne se fera pas sans peine. Les décombres sont partout et bloquent les rues. Or, on peut difficilement nettoyer ces décombres à coups de bulldozer, car des gens se trouvent encore dessous, possiblement. On entend toutes sortes d'histoires, que je vous épargne, mais le moral commence à s'en aller vers le bas. C'est que les gens commencent à recevoir des nouvelles de leur famille et souvent, ces nouvelles ne sont pas ce qu'on attendait, hélas... Mais comme  il n'est pas encore possible de connaître le nombre de morts, eh bien les spéculations vont bon train. Et l'inquiétude des familles croît avec les heures... Chose certaine, même les estimés les plus conservateurs nous donnent des chiffres effarants: plusieurs milliers et je n'ose parler de dizaines de milliers...

Hier, la route entre les Cayes et Port-au-Prince était bloquée, effondrée. Aujourd'hui, il semble qu'on ait fait une réparation de fortune qui permet de passer. J'ai envoyé une voiture avec des gens qui veulent savoir ce qu'il est advenu de leur famille. Avec un peu de chance--rectifions: avec beaucoup de chance, leurs proches seront sains et saufs. Pourtant, déjà on entend parler de gens que nous connaissons qui sont morts. Et ça fait mal, même si ce ne sont pas des proches...

Ce matin, j'ai également décidé que nous devions mettre notre petite institution à la disposition de l'Hôpital Général des Cayes. Le directeur est venu me voir tout à l'heure et m'a chaudement remercié pour cette offre: maintenant, notre petit hôpital est plein de blessés, évacués de Port-au-Prince ce matin et qui n'avaient aucune place à l'Hôpital Général. Car les hôpitaux de Port-au-Prince sont déjà sursaturés, je n'ai pas besoin de vous le dire... Alors on fait ce qu'on peut. Ce n'est pas grand-chose, mais ce qui est fait est fait. Comme tous les désastres, il ne s'agit pas de vouloir tout faire en même temps, mais d'y aller petite bouchée par petite bouchée, comme quand maman nous forçait à manger un truc dégueulasse (vous savez, tous ces trucs bons pour la santé...). Mais je vous le dis tout net: le pire est à venir. Et dire qu'il y en a qui croient que les secours internationaux vont tout régler! Ben voyons... L'aide, c'est bien. Mais c'est bien peu. Ce qu'il faudrait présentement, c'est rien de moins qu'un miracle. Et pour ça, ben je pense qu'il faudra repasser... Non, je ne suis pas cynique, juste réaliste...

Et le pire, savez-vous le pire? Eh bien, c'est que le pire est à venir...

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