mardi 19 janvier 2010

Et ça continue...


On sent que les problèmes s'en viennent. On ne les voit pas encore, mais on les sent. Tout "problem solver" qui se respecte connaît cette sensation. Les fils détachés s'enchevêtrent en un fouillis que l'on peine à démêler. Je voudrais bien qu'Ariane me prête son fil conducteur, mais hélas, ce n'est pas possible... Il faut que les choses se passent comme elles doivent se passer. Même si on sent les problèmes, même si on les anticipe, ils ne sont pas là. Et de toute façon, ce ne sont pas des problèmes qu'on peut régler par anticipation. En passant et pour ceux que ça intéresse, "Tèt chaje", le titre de mon texte d'hier, est une expression très typiquement haïtienne qui ne se traduit pas vraiment ("tête pleine" serait la traduction et ça ne fait aucun sens, vous l'admettrez); ça veut dire aussi bien "plein les bras" ou "c'est compliqué", au choix. Mais ça s'applique vraiment à la situation présente.

Cela dit et faisant écho à la réflexion que j'ai mise sur mon "mur" Facebook ce matin, il convient de poser la question: sommes-nous en sécurité? Ceux, celles qui sont des habitués de ma prose savent que j'ai déjà abordé le thème en avril 2008, et un peu de façon prémonitoire puisque le jour suivant éclatait la violence dans les rues des Cayes. Quand je vous dis qu'on sent ça venir... D'où ma réponse à la question: sommes-nous en sécurité? C'est non. Cependant et comme je l'ai écrit, en Haïti, par les temps qui courent, il n'y a personne en sécurité. Haïtiens, étrangers, expatriés confondus: l'insécurité règne. On n'y peut rien. Mais l'insécurité ne signifie pas pour autant que nous devenons des victimes! Ainsi, la conduite sur des routes glacées engendre, à juste titre, l'insécurité; mais cela ne veut pas dire que surviendra l'accident fatal! Même chose ici: l'insécurité nous invite à faire un peu plus attention, comme par exemple, on retire la clé sur la porte extérieure, au dehors... Évidemment, la clé de la voiture est toujours sur le contact et les portes de la maison ne sont jamais verrouillées, mais bon faut pas pousser la paranoïa quand même...

C'est pourquoi à la question: "Are we okay?", je réponds "Yes", car en fait, nous le sommes. C'est vrai que tout est question d'équilibre. L'insécurité est là, oui, mais encore une fois et pour reprendre mon exemple de la route verglacée, elle n'est qu'une variable de plus. Qui engendre un stress de taille, reconnaissons-le, mais qui ne suffit pas à nous déloger d'ici, du moins pas encore. Car dans ce délicat équilibre entre la peur et la paix, il suffit parfois de peu pour que penche la balance... rarement du côté de la paix, cependant, il faut bien le dire...

Changement de propos. Lu hier ici: "US Muslims Raise $800,000 To Help Haiti Earthquake Victims" (!) Ça ne vous fait pas tiquer un peu, vous? Alors que ça ne va pas tellement bien pour la communauté musulmane, ils se forcent quand même le cul et ramassent près d'un million de dollars pour un peuple qui ne leur est nullement apparenté! Comme quoi il ne faut jamais généraliser; la bonté et la générosité sont partout, pas seulement chez les chrétiens ou les catholiques, pas seulement chez les Américains ou les Canadiens, mais partout où les humains pensent et agissent comme des humains. Je vous dis ça comme ça, juste en passant, parce que je l'ai trouvée bonne...

Entre-temps, les blessés continuent de nous arriver, certains cas plus spectaculaires que d'autres, comme cette dame qui a perdu un œil et une partie de la joue (photo). Mais notre médecin dit que, mis à part l’œil, ce n'est pas majeur. Impressionnant quand même, avouez-le.

Mais il y a pire. Pas mal plus pire, comme dirait l'autre...

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