vendredi 29 janvier 2010

Vendredi, dites-vous?


Va-t-on finir par avoir un vendredi où on pourra se réjouir que ce soit vendredi?

Sans doute, mais ce ne sera pas pour ce mois de janvier. Car comme vendredi aujourd'hui, laissez-moi vous dire que ce n'est pas de la tarte. Lisez ce qui suit et vous verrez...

7h00: on arrive à l'hôpital. Les Brésiliens, dont l'équipe s'est accrue de 9 nouveaux joueurs, est maintenant complète et les tentes parsèment le terrain gazonné (photo). Ricardo me dit qu'ils ont très bien dormi malgré la pluie qui a duré une bonne partie de la nuit (ça vous en dit long sur la qualité de mes nuits, d'ailleurs...). Sont très optimistes, nos amis brésiliens...
8h00: Ricardo veut se déplacer à l'Hôpital Général avec son technicien en radiologie; il a des radios à faire et il aimerait que ce soit son technicien qui les fasse. Minute papillon! On ne fait pas les choses comme ça, par ici! Je téléphone au docteur Léger qui, en bon retraité, me dit qu'il n'a pas de problèmes avec cette initiative, mais que je ferais mieux d'en parler au docteur Louissaint, le directeur de l'Hôpital Général. Je finis par rejoindre Louissaint au téléphone, lequel me dit qu'il va d'abord se rendre à l'hôpital puis qu'il va me rappeler. Évidemment, il ne le fera pas, mais ça ne fait rien car Ricardo se déplacera tout de même avec le technicien en radiologie. Entre-temps, j'envoie le chauffeur chercher Nathacha qui doit venir assister le chirurgien pour une opération délicate (greffe de peau).
9h00: Le docteur Léger arrive pour l'intervention en question. Le docteur Bill, l'Américain qui est avec nous depuis le début de la semaine, est là aussi. Tout ce beau monde se prépare à opérer.
9h30: Soeur Guadalupe, la petite sœur de la Charité de Calcutta (dont j'ai déjà parlé, pour ceux et celles qui me lisent assidûment), arrive avec une jeune fille brûlée au troisième degré à divers endroits. Elle me supplie de la prendre, car l'Hôpital Général, où ces cas aboutissent normalement, est plein à ras bord et personne ne va prendre le temps de s'occuper de la jeune fille. Je vais voir le Dr Léger qui vient tout juste d'entrer en salle d'opérations, mais qui n'a pas encore commencé le travail. Il me dit qu'il la verra après l'intervention et me suggère de l'isoler autant que possible des autres malades.
10h00: Nous ne disposons que de deux chambres privées, toutes les deux occupées. Mais dans l'une, il y a la patiente qui est justement sur la table d'opération en ce moment. Je prie donc les deux dames qui l'accompagnent de bien vouloir libérer la chambre de façon à ce que nous puissions l'utiliser pour la jeune brûlée.
10h30: En repassant dans le corridor de l'hôpital, je m'étonne de voir que cette jeune fille est toujours allongée sur une civière dans le corridor. L'infirmière me dit que les gens n'ont pas voulu libérer la chambre. Je retourne voir les dames et les mets dehors, un peu cavalièrement, je le reconnais, mais bon.
11h00: Réunion prévue avec nos médecins et Ricardo, pour que l'on puisse faire le point sur la façon dont l'équipe brésilienne compte procéder. Vernot n'a pas fini les consultations. On reporte la réunion à 13h.
11h30: Rencontre avec boss Ti-Jo, le contremaître de Raymond (vous vous souvenez? L'homme qui construisait des maisons?...), lequel n'a pas été payé depuis un bon ti-temps et commence à perdre patience. Je sais, je sais, ça n'a pas vraiment de rapport avec ce que nous faisons ici, mais j'agis aussi à titre d'intermédiaire entre Raymond qui est au Québec et Ti-Jo qui est en Haïti.
12h15: l'heure du lunch.
13h00: Retour à l'hôpital pour la réunion avec nos médecins et Ricardo. Il est indispensable de mettre les choses au point.
14h00: Problème à la cuisine: quelques-uns n'ont pas eu à manger ce midi. Chantal s'occupe de mettre en place un système qui permettra de savoir combien de personnes ont mangé et combien n'ont pas, en fonction de la nourriture qui reste. Manger reste important malgré tout...
15h00: Chu tanné. Mais il reste encore des tas de petits détails à régler, j'ai mon ulcère qui fait des siennes et j'ai encore ce truc à vous pondre pour que vous sachiez que malgré tout, on garde le moral!...
***
16h30: Interrompu au moins 14 fois, j'ai tout de même réussi à écrire ce qui précède. Et à vous le présenter, dans son emballage original comme toujours. Et avec un peu de chance, je vais pouvoir boucler la journée dans une petite demi-heure et me payer une bonne petite bière bien frette (bock congelé), dont il faut profiter d'autant plus que nous venons d'apprendre que l'usine de la bière nationale, PRESTIGE, a été détruite lors du séisme, alors une fois les stocks épuisés, on devra se mettre à l'eau claire, ou presque!

Dites, le saviez-vous? C'est vendredi aujourd'hui...

1 commentaire:

  1. T'es trop drôle cousin, même en ces temps difficiles!!! ...et j'imagine les deux dames qui ont eu affaire à sortir! héhé!

    Gaétane

    RépondreEffacer