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dimanche 24 mars 2013
Mangues à gogo
À quelques reprises, j’ai abordé le thème de la saison des mangues. Je me permets d’y revenir. L’événement — car c’en est un, n’en doutez pas — mérite certainement qu’on s’y arrête, voire qu’on s’y attarde parce qu’il est tellement important dans la vie haïtienne que c’en est presque déroutant.
Car après tout, de quoi est-il question? De mangues qui mûrissent et qui, comme tout fruit arrivé à maturité, décrochent de leur maigre attache ligneuse et, suivant les lois de la gravité, tombent lourdement. Or, ce n’est pas parce qu’elles tombent qu’elles sont forcément gâtées : quelquefois oui, mais la plupart du temps, elles restent tout à fait mangeables, surtout si on les consomme sur-le-champ. Si vous vous souvenez — car je vous l’ai déjà dit —, les Haïtiens sont fous des mangues, et pas seulement parce que le fruit est succulent mais aussi, peut-être même surtout parce que, en saison, la mangue, c’est la manne providentielle qui, pour plusieurs, marque la différence entre un estomac vide et un estomac plein. Cela me rappelle ce que signifiait jadis l’arrivée des premières fraises estivales au Québec. Attention, les jeunots! Je vous parle d’une époque que vous ne connaissez pas, une époque où les fruits n’étaient disponibles qu’en saison, mais ils avaient le goût du fruit mûri naturellement, par une combinaison de soleil et de pluie, et non une affaire de survoltage mécanique du mûrissement, avec Dieu sait quels produits… Aujourd’hui, les fruits, comme le reste d’ailleurs, sont avant tout des produits de consommation et s’estiment davantage par leur valeur mercantile que par leur goût. Vous m’excuserez d’être nostalgique, mais ce n’était pas comme ça avant. À la maison paternelle, les fraises du Québec arrivaient en juin et n’avaient rien à voir avec ce que l’on trouve aujourd’hui à longueur d’année dans les supermarchés. Et c’était la même chose avec les pêches et les poires de l’Ontario ou les bleuets du Lac-St-Jean… Eh bien les mangues ici, c’est ça : un fruit naturel, naturellement juteux et sucré, bref absolument délectable.
Seul problème : leur surabondance. Il y en a tellement et elles arrivent à maturité toutes en même temps, si bien que, comme la manne, il faut les prendre quand elles passent et s’en gaver jusqu’à n’en plus pouvoir car après, c’est fini. Voyez la photo ci-dessus : et ce n'est que la récolte d'un seul arbre!
Je sais ce que vous allez me dire : que s’il y en tant que ça, le pays pourrait en exporter, vrai? Vrai. Et c’est ce que le pays fait. Je vous invite d'ailleurs à lire l'article ici si vous voulez en savoir plus. Mais d’après ce que j’ai lu, l'exportation reste trop faible pour que c’en devienne vraiment une industrie rentable (environ 20 %). Si bien que la majeure partie des récoltes est consommée localement, mais pour tout vous dire, mis à part quelques financiers spéculateurs, je pense que personne ici ne s’en plaint. Les mangues sont là, elles s’offrent littéralement à la consommation, alors pourquoi ne pas en profiter? Surtout que le fruit, en plus de son goût unique et accrocheur, est excellent pour la santé : vitamines, fibres, carotène, fructose… tout y est.
Le plus drôle, c’est qu’il existe, d’après le ministère de l’Agriculture haïtien, pas moins de 158 variétés de mangues en Haïti, dont la plus populaire reste la mangue francique, car, dit-on, elle est la seule à pouvoir subir sans dommages le traitement anti-mouches de la mangue que les USA imposent : un bain dans de l’eau chauffée à 50° C. Pourtant, d’après Wikipedia, la mouche de la mangue ne se trouve que dans la région du Pacifique occidental, bien loin d’Haïti… De quoi se poser quelques questions…
Quoi qu’il en soit, je puis vous garantir que pour les Haïtiens, il n’y a aucun doute que la mangue reste le fruit le plus populaire au pays, et j’avoue que suis tout à fait d’accord avec eux!
mardi 3 avril 2012
Mangues assassines
Les mangues frappent dur ces temps-ci! Je sais que vous allez vous en étonner et que vous allez croire que j'exagère, mais la chose s’est réellement produite et m’a presque jeté en bas de mon vélo! Et puisque vous en voulez les détails, je vous les raconte sans plus tarder.
Certains d’entre vous le savent, d’autres pas, mais je circule toujours à bicyclette entre mon bureau et la maison. La distance n’est certes pas bien grande — quelques secondes tout au plus —, mais j’aime le vélo comme moyen de locomotion (attention, je ne parle de pas de sport ici et les esprits moqueurs peuvent aller paître dans les prairies néo-zélandaises) et quoi qu’on en dise, c’est nettement plus rapide qu’à pied. Sans compter qu’on évite de marcher dans l’étang qui se forme après toute pluie un peu copieuse et ne serait-ce que pour cette raison, le vélo vaut. Or, depuis le temps, j’ai mes habitudes et je passe à peu près toujours aux mêmes endroits, à peu près toujours à la même vitesse. Quelle ne fut pas ma surprise, samedi dernier, en me rendant à ma réunion avec les employés, de me sentir assailli par un groupe d'objets contondants qui me frappèrent au sommet du crâne! Qu’est-ce qui a bien pu me faire ça? Un peu étourdi, je m’arrête, descends de ma monture à roues et cherche la cause de cette agression. Serait-ce cette petite grappe de mangues (photo)? Je les tâte et au toucher, elles sont dures comme du bois. En outre, suspendues comme ça à leurs longues tiges, elles sont mobiles et articulées de sorte que j’en conclus, très scientifiquement n'est-ce pas, qu’il s’agit bien là de l’agresseur!
Sur le coup, je me suis mis à penser un peu comme Garo dans le Gland et la Citrouille de La Fontaine. Comment un fruit, par ailleurs succulent, peut-il avant sa maturité se transformer en arme assassine? N'est-ce pas là un paradoxe? Peut-être pas. Les bananes vertes ont aussi cette carapace inaltérable et je ne vous parle pas des noix de coco... Quoi qu’il en soit, heurté physiquement et encore plus dans ma dignité, je frottai mon crâne meurtri, me remis en selle et, fouettant hardiment mon destrier à pédales, m’en retournai à mon bureau où, tout à la pensée de la réunion à venir, je me hâtai d’oublier l’incident…
Mais une fois la bosse résorbée, il faut bien reconnaître que l’incident mérite un petit détour, une petite parenthèse dans l’amas de situations sérieuses qui façonnent notre vie ici. Or, ce sont ces petites choses imprévisibles, ces petits champignons qui poussent spontanément et subitement au cœur de ces forêts de problèmes qui souvent, nous forcent à l’arrêt, à la pause contemplative et inquisitrice. Et tout à coup, la perspective s’élargit, les horizons s’ouvrent et l’on se rend compte que, en dépit des problèmes mentionnés précédemment, il y a encore et toujours ces interludes légers et primesautiers qui font sourire.
Il n’empêche que l’incident a porté ses fruits — c’est le cas de le dire — et que j’en tire aujourd’hui une morale bien instructive : avant de passer sous les branches des manguiers, toujours vérifier si des grappes n’y pendent pas paresseusement. Vous ne trouvez pas que c’est une belle connaissance supplémentaire à ajouter à ma collection? Et généreux comme toujours, je vous la passe, la partage avec vous pour que vous puissiez éviter cet écueil sans avoir à le subir. Non, ce n’était pas une fracture du crâne — j'ai la tête plus dure que ça, quand même —, mais un signe, comme tant d’autres quand on y regarde bien, que la nature fait bien les choses et qu’elle se passe fort bien de l’intervention humaine.
Quant aux mangues coupables, elles pendent toujours à leur tige et prennent le temps de mûrir tout doucement sans le moindre souci pour l’éventuel cycliste égaré.
Encore une chance qu’elles n’aient pas d’épines, les chères…
mardi 1 mars 2011
Quand ça détone...
POW!
Réveil immédiat et panique instantanée. Est-ce un coup de feu? Je jette un coup d’œil au radio-réveil numérique : 1 h 12. Je retiens mon souffle. À côté de moi, ma compagne, d'ordinaire bien enveloppée dans les bras de Morphée, ne respire plus elle non plus. Je présume qu'elle a, comme moi, entendu la détonation et que, comme moi, elle attend la suite. Mais il n'y a pas de suite. Peut-on se risquer à respirer? Il le faudra bien... Tout doucement, sans faire le moindre bruit, on lâche notre souffle et on prend une petite bouffée d'air. Tout est si calme, c'est à croire que nous avons rêvé. Et pourtant, lorsque nous nous décidons bien timidement à partager notre impression à voix basse, elle s'avère identique : le claquement ne laisse que peu de doute sur son origine. Et vu notre mauvaise expérience avec les détonations, eh bien nous sommes pour ainsi dire sur le qui-vive.
POW! CLAC!
Voilà le claquement sec qui se reproduit, et cette fois, il nous est facile d'en identifier la source : une MANGUE qui tombe sur les feuilles du palmier nain qui pousse au pied du manguier! Ouf! Ce n'était que ça. On s'en fait quelques blagues. On rit de notre panique. Le pouls peut ralentir, l'adrénaline se dissiper, CE N'ÉTAIT RIEN. Et c'est même courant, comme je l'ai d'ailleurs mentionné dans un texte de l'an dernier. Mais comment peut-on confondre l'impact de ce fruit avec celui d'une arme à feu? L'intensité du claquement d'abord et notre mémoire stigmatisée ensuite. Car il faut le dire, l'imagination fait beaucoup dans ces cas-là, surtout lorsqu'elle s'appuie sur des souvenirs assez cauchemardesques... Et puis, un claquement, dans une nuit silencieuse n'est jamais synonyme d'harmonie et de tranquillité, hein? Alors mieux vaut s'éveiller et se tenir à l'affût. Car on ne sait jamais. Surtout que ces temps-ci, et malgré une situation sociale plutôt calme, l'insécurité règne. Des voleurs armés courent les rues, semble-t-il, et la police n'y peut pas grand-chose... Alors on se croise les doigts et on souhaite que rien ne se passera qui viendra troubler les nuits habituellement paisibles, si l'on oublie les coqs et les chicanes de chiens, bien entendu.
Mais les fruits tombent, c'est un phénomène bien connu, et ce, la nuit comme le jour. Or, la saison des mangues approche et les arbres de la cour en sont chargés. Mais ces fruits succulents n'attendent pas toujours de mûrir patiemment sur leur branche avant de se laisser choir : quelquefois, pour une raison x, ils décrochent, fatigués sans doute de leur vie de fruit ou simplement attaqués et vaincus par une bête, rat ou oiseau. Et leur chute n'est jamais discrète, car les fruits verts sont durs et massifs et dans leur course effrénée vers le bas, bousculent tout ce qui se trouve sur leur passage. Dès lors qu'ils atterrissent ailleurs que sur le sol, l'impact en est plutôt sonore. Alors voilà, vous savez tout.
Vous me direz qu'il n'y a pas de quoi en faire tout un plat et c'est précisément ce que je vous dis, si vous me suivez bien. Quand on sait qu'il ne s'agit que d'une mangue qui s'est frayée un chemin vers le bas, on se rendort aisément; mais voilà : encore faut-il le savoir! Et j'entends par là, sans en douter! Or, je vous le répète, nous sommes dans une période où les attaques individuelles contre des bonnes gens sont en croissance et c'est toujours la nuit que ces choses se passent, n'est-ce pas? C'est ce qui explique que ces claquements sonores, apparentés à la violence, nous réveillent : on ne sait jamais.
Une fois la source de la détonation identifiée, nous sommes donc retournés aux affaires courantes, chez Morphée. Et le matin, comme toujours depuis quelque temps, la galerie était couverte de mangues. Tout est bien qui finit bien. Ça c'était au cours de la nuit de dimanche à lundi dernier.
Mais la nuit dernière, c'est un son sourd et lourd que nous avons entendu et qui nous a réveillés, vers les 4 h 30. Comme quelqu'un qui aurait sauté le mur et aurait abouti au pied du cocotier. Mais cette fois, j'en ai rapidement déduit la source. Et voyez la taille de ce coco (photo ci-dessus), fruit du cocotier contenant la noix de coco que vous connaissez bien et dites-moi maintenant que j'exagère avec mes histoires à dormir debout...
De quoi faire réfléchir La Fontaine, tiens (le gland et la citrouille)...
Réveil immédiat et panique instantanée. Est-ce un coup de feu? Je jette un coup d’œil au radio-réveil numérique : 1 h 12. Je retiens mon souffle. À côté de moi, ma compagne, d'ordinaire bien enveloppée dans les bras de Morphée, ne respire plus elle non plus. Je présume qu'elle a, comme moi, entendu la détonation et que, comme moi, elle attend la suite. Mais il n'y a pas de suite. Peut-on se risquer à respirer? Il le faudra bien... Tout doucement, sans faire le moindre bruit, on lâche notre souffle et on prend une petite bouffée d'air. Tout est si calme, c'est à croire que nous avons rêvé. Et pourtant, lorsque nous nous décidons bien timidement à partager notre impression à voix basse, elle s'avère identique : le claquement ne laisse que peu de doute sur son origine. Et vu notre mauvaise expérience avec les détonations, eh bien nous sommes pour ainsi dire sur le qui-vive.
POW! CLAC!
Voilà le claquement sec qui se reproduit, et cette fois, il nous est facile d'en identifier la source : une MANGUE qui tombe sur les feuilles du palmier nain qui pousse au pied du manguier! Ouf! Ce n'était que ça. On s'en fait quelques blagues. On rit de notre panique. Le pouls peut ralentir, l'adrénaline se dissiper, CE N'ÉTAIT RIEN. Et c'est même courant, comme je l'ai d'ailleurs mentionné dans un texte de l'an dernier. Mais comment peut-on confondre l'impact de ce fruit avec celui d'une arme à feu? L'intensité du claquement d'abord et notre mémoire stigmatisée ensuite. Car il faut le dire, l'imagination fait beaucoup dans ces cas-là, surtout lorsqu'elle s'appuie sur des souvenirs assez cauchemardesques... Et puis, un claquement, dans une nuit silencieuse n'est jamais synonyme d'harmonie et de tranquillité, hein? Alors mieux vaut s'éveiller et se tenir à l'affût. Car on ne sait jamais. Surtout que ces temps-ci, et malgré une situation sociale plutôt calme, l'insécurité règne. Des voleurs armés courent les rues, semble-t-il, et la police n'y peut pas grand-chose... Alors on se croise les doigts et on souhaite que rien ne se passera qui viendra troubler les nuits habituellement paisibles, si l'on oublie les coqs et les chicanes de chiens, bien entendu.
Mais les fruits tombent, c'est un phénomène bien connu, et ce, la nuit comme le jour. Or, la saison des mangues approche et les arbres de la cour en sont chargés. Mais ces fruits succulents n'attendent pas toujours de mûrir patiemment sur leur branche avant de se laisser choir : quelquefois, pour une raison x, ils décrochent, fatigués sans doute de leur vie de fruit ou simplement attaqués et vaincus par une bête, rat ou oiseau. Et leur chute n'est jamais discrète, car les fruits verts sont durs et massifs et dans leur course effrénée vers le bas, bousculent tout ce qui se trouve sur leur passage. Dès lors qu'ils atterrissent ailleurs que sur le sol, l'impact en est plutôt sonore. Alors voilà, vous savez tout.
Vous me direz qu'il n'y a pas de quoi en faire tout un plat et c'est précisément ce que je vous dis, si vous me suivez bien. Quand on sait qu'il ne s'agit que d'une mangue qui s'est frayée un chemin vers le bas, on se rendort aisément; mais voilà : encore faut-il le savoir! Et j'entends par là, sans en douter! Or, je vous le répète, nous sommes dans une période où les attaques individuelles contre des bonnes gens sont en croissance et c'est toujours la nuit que ces choses se passent, n'est-ce pas? C'est ce qui explique que ces claquements sonores, apparentés à la violence, nous réveillent : on ne sait jamais.
Une fois la source de la détonation identifiée, nous sommes donc retournés aux affaires courantes, chez Morphée. Et le matin, comme toujours depuis quelque temps, la galerie était couverte de mangues. Tout est bien qui finit bien. Ça c'était au cours de la nuit de dimanche à lundi dernier.
Mais la nuit dernière, c'est un son sourd et lourd que nous avons entendu et qui nous a réveillés, vers les 4 h 30. Comme quelqu'un qui aurait sauté le mur et aurait abouti au pied du cocotier. Mais cette fois, j'en ai rapidement déduit la source. Et voyez la taille de ce coco (photo ci-dessus), fruit du cocotier contenant la noix de coco que vous connaissez bien et dites-moi maintenant que j'exagère avec mes histoires à dormir debout...
De quoi faire réfléchir La Fontaine, tiens (le gland et la citrouille)...
lundi 15 mars 2010
Tombent les mangues
Connaissez-vous cette chanson d'Adamo intitulée Tombe la neige? C'est son titre qui a inspiré le mien. Car ici, ce n'est pas la neige qui tombe, mais bien les mangues, et laissez-moi vous dire que leur impact sur un patio fait de béton recouvert de céramique n'a rien à voir avec la neige! Surtout qu'en plus, plusieurs tombent d'abord dans le feuillage du palmier voisin (genre de palmier à l'huile, mais non, ce n'en est pas un; si quelqu'un peut l'identifier sur la photo dans le coin supérieur gauche, je n'en serai que plus heureux parce que moins niaiseux), dont les palmes sont épaisses et peu cartonnées, ce qui fait un bruit d'enfer, assez pour nous réveiller, pour tout vous dire. Et le matin, les mangues jonchent la terrasse au point qu'on croirait que des enfants ont eu beaucoup de plaisir, mais n'ont pas rangé leur désordre. La saison des mangues, je vous l'ai dit l'année dernière et l'année précédente, engendre une forme de folie collective chez les Haïtiens qui y voient comme une manne tombée du ciel. Ce qu'elle est d'ailleurs, et succulente en plus! Si bien que cette année, j'ai dû mettre des règles strictes interdisant aux gardiens de sécurité de venir chercher des mangues sur la terrasse entre 19h et 7h, car notre chambre donne maintenant de ce côté. Or, vous admettrez avec moi que d'entendre quelqu'un marcher subrepticement à minuit ou à 5h le matin, ce peut être vaguement inquiétant... Car oui, n'en doutez pas, les déplacements humains près de la maison, quelle que soit l'heure, me réveillent sur-le-champ. Vous savez ce qu'on dit du chat échaudé...
Tout ça pour vous dire que les mangues tombent et attention à ce qui se trouve en dessous. Vous connaissez tous les lois de la force gravitationnelle, n'est-ce pas... Au moins une chose qui n'a pas été affectée par le tremblement de terre, tiens...
La raison pour laquelle je vous parle de mangues est double : d'abord, c'est vrai que c'est une preuve que le tremblement de terre n'a pas tout transformé; la saison des mangues revient cette année comme s'il ne s'était rien passé. Ensuite et surtout, les mangues, c'est le fruit nourrissant et délicieux, c'est l'espoir de jours meilleurs, c'est un cadeau du Ciel qui met comme un baume sur la plaie sismique. On parle beaucoup de reconstruction du pays, ces temps-ci, et l'on parle de construction physique, bien entendu. Mais la reconstruction psychologique me semble tout aussi importante, car comment construire si le peuple est apathique, démoralisé, déprimé? Les Haïtiens, je l'ai dit à satiété, sont un peuple non seulement courageux, mais aussi tenace et pas facilement découragé. Il suffit de pas grand-chose pour les remettre sur pied, et la saison des mangues est certainement un pas dans la bonne direction. Un peu de «normalité», comme je l'ai dit naguère, ne nuit évidemment pas. Les deux derniers mois n'ont pas toujours été faciles, je m'en suis assez plaint pour que vous le sachiez, et le retour à une certaine «stabilité dans l'instabilité» s'apprécie d'autant plus qu'il est nécessaire. On ne peut pas toujours être en crise...
C'est incidemment ce qui nous a incités, mon inséparable et moi-même, à prendre un petit week-end de congé, hier et samedi. Oh! Nous ne sommes pas allés très loin, mais cela a suffi à nous faire sentir un peu ailleurs, un peu hors du rythme trépidant de ces deux derniers mois. Nous n'avons pas fait grand-chose, en fait et pour dire franchement, n'avons absolument rien fait, et c'était parfait comme ça. C'était calme -- nous étions les seuls clients -- et c'était ce que nous voulions. Même le climatiseur était silencieux, c'est vous dire...
Et aujourd'hui lundi, il y a comme un air de répit dans l'air. Les Brésiliens s'en sont allés vendredi dernier et leurs remplaçants ne sont pas encore arrivés -- une équipe réduite, cette fois, puisqu'elle ne comptera que quatre spécialistes. Mais je l'ai dit, le travail de crise est terminé et maintenant il faut s'assurer que les pots cassés qu'on a habilement recollés tiennent le coup...
Ne m'en veuillez donc pas trop si mes rendez-vous s'espacent. Peut-être n'aurai-je rien de neuf à vous raconter, peut-être serai-je seulement captif de ma paresse proverbiale, en tout cas, on verra...
mardi 28 avril 2009
Tranquille avril

Nous voilà encore une fois à la fin du mois. Pas du même, bien sûr, ce serait trop beau et trop facile! Mais déjà du quatrième mois de 2009. Le tiers de l’année qui vient tout juste de commencer est déjà derrière nous. Tempus fugit, comme disait Apollon-de-culotte…
Toujours est-il qu’avril a été assez occupé, assez pour que je remette sans cesse la tâche pourtant amusante de déblatérer un peu sur notre vie au sud. Procrastination, dites-vous? Oui, je l’avoue, c’est bien le mot qui convient. Et le pire c’est que, en cette fin d’avril, je n’ai pas à proprement parler de thème à vous présenter. Avril fut, sous ce chapitre, plutôt tranquille. Ce que je vous offre donc, n’est pas un texte thématique, mais plutôt un petit rappel. Où nous sommes, ce que nous faisons, où nous allons et notre désir de continuer la route parfois jonchée de trous qui est celle de notre périple haïtien tout cela reste toujours de saison, n'est-ce pas? Ici, tout est tellement relatif, l’essentiel est que la bière soit bien fraîche et le vin, gouleyant. Le reste, on fait avec.
Donc, nous travaillons toujours, mais pas à en mourir, la compagnie est bonne et la variété est là. Quand s’amorce le jour, nous avons bien quelques projets, mais la mécanique haïtienne a ses propres lois auxquelles il faut bien se soumettre, et qui altèrent sensiblement le plan de la journée. D’où l’intérêt de ne pas faire de plan trop précis ou trop dense. Bondye konnen, comme ils disent…
Ceux qui ont une bonne mémoire se souviendront que l’an dernier, j’ai, entre autres sujets, abordé celui de la cueillette des mangues. Comme je l’ai sans doute déjà mentionné, dans ce pays, les fruits disponibles sont ceux de saison exclusivement. Présentement, c’est la mangue. On n’en trouve partout, de toutes les variétés existantes et pour tous les goûts. Quel fruit, mes amis!
Bien entendu, vous allez me dire que, fruit tropical ou pas, vous connaissez bien la mangue puisque vous pouvez en acheter à votre supermarché habituel. C’est vrai. Mais ces mangues que vous achetez n’ont rien de comparable à celles d’ici. D’après mes savantes recherches, ce que l’on vous propose dans vos supermarchés climatisés, ce sont des ‘Tommy Atkins’, préférées pour leur résistance au transport et leur longue vie sur l’étagère (!) Mais pour le goût et la texture, on repassera! Tandis que la mango fransik que l’on retrouve ici est absolument délectable et je vous prie de me croire sur parole!
La mangue, c’est aussi la manne. Les arbres chargés sont assaillis par le peuple et tout le monde y trouve son compte. En outre, avec les mangues s’amorce le début des pluies qui permettront au jardin de donner, repoussant à plus tard la disette qui n’est jamais bien loin…
Pays pas toujours facile, mais qui offre tout de même ses compensations…
vendredi 18 avril 2008
Le temps des mangues

La saison des mangues bat son plein. Ce fruit succulent, tout à fait tropical et donc, tout à fait haïtien, est très prisé de la population qui fait parfois des pieds et des mains pour en croquer. Or, il s’avère que nous avons plusieurs manguiers—pye mango en créole—dans la cour…
Alors vous voyez d’ici le tableau : une cour d’établissement public est publique, non? Quel meilleur endroit pour trouver des mangues à bon compte! Si bien que chaque jour, nous avons droit à la procession de gens de tous âges et des deux sexes confondus qui arpentent notre cour pour ramasser les mangues tombées. Car les mangues mûres, comme tous les fruits qui se respectent, quittent leur branche mère et, obéissant à la loi de Newton, arrivent jusqu’au sol. Bien sûr, dans leur chute libre, ces fruits lourds passent à travers le feuillage, bousculent quelquefois une autre mangue qui, presque sur son départ, en profite pour décrocher, si bien que toute cette activité ne se fait pas sans bruit. Or, ces bruits de feuilles froissées sont quelque peu suspects, surtout la nuit, et peuvent faire penser à des intrus animés de mauvaises intentions. Et quand, pour rassurer votre conjointe énervée, vous vous levez au beau milieu de la nuit pour vérifier que tout est paisible et que vous voyez effectivement une silhouette suspecte dans la cour, eh bien la notion de sécurité abordée précédemment vous revient tout à coup à la mémoire! Évidemment, tout s’explique : les intrus, ce ne sont que les gardiens de nuit venus ramasser les mangues qui tombent. Ouf! Ce n’était que ça...
Donc, la cueillette informelle se fait par tous ces gens qui se promènent les yeux rivés au sol. Mais il y a les autres, des ados pour la plupart, qui préfèrent la méthode plus directe : pourquoi en effet attendre que tombe la mangue convoitée quand on peut lui forcer la main d’une pierre bien placée? Alors ces jeunes, souvent assez adroits, il faut bien le dire, lancent des pierres sur les mangues haut placées—les plus mûres par définition, puisqu’elles reçoivent un max de soleil—pour les faire tomber. Le système marche assez bien, je dois le dire, mais il a un inconvénient : comme je l’ai dit plus haut, la loi de Newton s’appliquant, tout ce qui monte finit toujours par redescendre et la pierre lancée suivant une parabole presque verticale va immanquablement retomber à quelque part. C’est ce «quelque part» qui m’inquiète et qui me met parfois les nerfs en boule. Car les pierres retombent tantôt sur la maison, sur les voitures garées dans la cour ou, pire encore, sur les gens (sans blague). Mais allez donc faire comprendre cela aux tireurs de roches, quand les mangues sont à la clé…
Finalement, las de ces perturbations dans notre petite vie tranquille, il ne reste qu’une solution, la radicale : envoyer l’un de nos employés dans l’arbre (le meilleur grimpeur) et tandis qu’il secoue les branches chargées à tout rompre, faire ramasser le produit de ses efforts. Comme ça, on a la paix pour quelque temps, le temps que d’autres mangues, d’une autre variété, arrivent à maturité et que ça recommence. Pas toujours drôle, la vie sous les tropiques… Cependant, on finit par en voir la fin et la saison des mangues est bientôt remplacée par celle, moins drôle, des ouragans… Qui aurait envie de se plaindre?
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