jeudi 11 février 2010

Un mois plus tard

 

Un mois. Le pays a survécu, nous aussi et le rapiéçage va bon train. Mais fallait-il pour autant décréter le 12 février, soit demain, jour férié? L'article est bref, ce n'est en fait qu'un simple entrefilet, mais il dit tout. Avertissement : je vous transcris le texte comme il est, fautes incluses. Vous pouvez également le lire en suivant ce lien.
Les autorités haïtienne ont décrété ce vendredi 12 février, journée fériée et chômée pour honorer les centaines de milliers de victimes du tremblement de terre du 12 janvier qui ont été inhumées sans cérémonie. C'est aussi le premier de trois jours de prières et de jeûne organisés par différents groupes religieux toutes tendances confondues. Le jeûne se fera de six heures du matin à six heures du soir. Toutes les églises Catholique feront une messe chanté à sept heures du matin, ce vendredi 12 février. Les services publics, les écoles et l'industrie chômeront donc le 12 février.
Alors un petit congé, qu'est-ce que vous dites de ça? Pour nous, ça ne se refuse pas. Non pas que cela fera un grand changement dans notre vie, mais le rythme va diminuer un peu et ce sera déjà ça, croyez-moi. Mais je reviens avec la petite nouvelle ci-dessus: «trois jours de prières et de jeûne», ça vous dit? Un jeûne qui, tout comme son pendant musulman, devra se faire pendant le jour, comme si ces gens-là avaient les moyens de passer une journée à travailler dur sans manger! Comme le dit un fort bon proverbe d'ici,  «Sak vid pa kanpe» (un sac vide ne tient pas droit). J'imagine que, à la différence des Musulmans, ils pourront au moins boire et avaler leur salive! Mais sérieusement: trois jours de jeûne? Pour expier quoi?

Je ne sais pas si vous avez déjà fait ça, jeûner. Moi si. Quand j'étais jeune, juste pour voir. Et ça peut sembler aisé, comme ça à première vue, surtout quand on a des réserves musculaires ou adipeuses, mais je vous jure qu'après le deuxième repas sauté, ça gargouille sérieusement du côté gastrique. Comme le veut le slogan du club Nautilus (si c'est toujours le même), «y'a pas de mal à se faire du bien». Certes. Mais l'inverse est vrai aussi : y'a pas de bien à se faire du mal, et dans ce cas, je ne pense pas qu'un jeûne, si pieux fût-il, fasse du bien en bout de ligne. Mais bon. Si l'on est partant pour la valeur spirituelle du jeûne, je veux bien, mais de grâce, pourquoi l'imposer à la population?

Une population bien mal en point, par ailleurs, apeurée et déstabilisée, qui a perdu ses repères et qui voudrait bien retrouver un semblant d'équilibre. Juste pour vous donner un exemple, il y a eu tout un émoi aujourd'hui à une école de la zone : un tremblement de terre supposé a fait s'écrouler un mur! Je vous laisse penser la panique qui s'en est suivie!... Or, c'était tout simplement des ouvriers qui travaillaient juste à côté et qui ont volontairement jeté le mur à terre! Puis, le bouche à oreille (le bouche à bouche comme certains aiment à dire) a fait le reste et en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, le peuple était dans la rue et hurlait anmwen! (au secours) Quand je vous dis que le choc psychologique est profond... Je pense qu'il n'est pas exagéré de parler ici de traumatisme collectif. Mais bon, je ne suis pas l'expert, alors je n'irai pas plus loin dans cette voie. Mais qu'on le sache: même si les journaux et la télévision ont cessé d'en parler, le drame haïtien est loin d'être fini, je vous l'affirme.

En tout cas, justifié ou non, on prend le congé et on dit merci.

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