vendredi 5 février 2010

Rien à voir avec vendredi, mais...


Oui, je sais, je vous ai fait faux bond hier. Non pas que je n'aie rien trouvé à dire--il y a toujours des choses à raconter--mais j'étais «bouké» comme on dit en créole, et on était en pénalité Internet, avec une vitesse de pas même 100 Kbps, alors aussi bien dire que c'était une connexion téléphonique tout au plus. Mais ce matin, c'est revenu, nous avons retrouvé notre vitesse habituelle d'environ 1,200 Kbps et tout le monde en est heureux. Reste que notre connexion, habituellement tout à fait adéquate, ne suffit plus vu l'affluence. J'ai demandé et averti tout le monde de ne pas faire d'abus de bande passante ou sinon, je les débranche, tout simplement. Notre système Starband fonctionne assez bien, mais comme pour tous les gros fournisseurs américains, nous avons une limite d'utilisation qui, lorsqu'elle est dépassée, nous fait tomber automatiquement en pénalité. Rassurez-vous, je ne vais pas continuer à vous raser avec nos problèmes Internet...

Car ce n'est pas d'Internet ou de bande passante que j'entends vous parler aujourd'hui, mais plutôt de ces Américains qui ont décidé de «sauver» des enfants haïtiens en les escamotant en République Dominicaine. La presse y a consacré plusieurs articles (dont celui-ci), et pour cause: l'affaire est proprement scandaleuse. J'espère que tous ces gens iront en prison et assez longtemps pour y penser à deux fois avant de «voler» des enfants, même si c'est pour leur plus «grand bien». Car c'est quand même aberrant de voir que ces gens se donnent le droit de juger et d'agir à leur guise, sans le moindre respect pour les us et les coutumes des autres, et je ne parle pas des lois. Or, la première chose à faire pour rebâtir le pays, c'est d'accepter comme fait établi que tout croche et tout «poké» qu'il puisse être, Haïti reste un pays, pas une province américaine! Lui prêter main forte est une chose. Mais penser à sa place en est une autre!... Haïti a besoin d'aide dans des proportions effarantes. Mais d'aide seulement! J'ai, pour ma part, énormément de difficultés avec ces bien-pensants qui décident ce qui doit advenir du pays sans jamais y avoir mis les pieds. Il faut lire les commentaires des gens qui suivent les blogues sur Cyberpresse pour voir à quel point les «experts» sont nombreux. À les entendre, on a qu'à les écouter et le sort du monde (incluant celui d'Haïti, bien entendu) est réglé! Savent tout. Comprennent tout. Et l'expriment avec conviction, passion, véhémence, même. Et se gonflent mutuellement de leurs savantes analyses et des conclusions non moins savantes qu'ils en tirent. Ah! c'est du propre, je vous jure... Eh bien n'attendez pas de moi, qui vit dans ce pays depuis seulement 10 ans, de vous expliquer ce qui s'y passe et ce qu'il faut faire pour arranger les choses, car en vérité, je n'en sais strictement rien. Trop con, dites-vous? C'est possible. Mais je pense plutôt que la somme des variables est tellement imposante que toute conclusion est forcément erronée. Alors «experts» abstenez-vous. De grâce. »Avant de juger l'indien», disait Félix, «chausse ses mocassins.» (Les Haïtiens ont aussi un proverbe qui dit la même chose, mais je l'ai oublié...) Mais vous m'avez compris, n'est-ce pas? C'est pourquoi je suis si choqué de voir un groupe religieux américain prendre les choses en main comme eux seuls savent le faire, dans l'ignorance la plus crasse des valeurs en jeu et avec l'arrogance qu'on leur connaît. En passant, avez-vous remarqué comme arrogance et ignorance font bon ménage? L'un est souvent à l'origine de l'autre, qui redevient la cause du premier dans un cercle nombriliste forcément vicieux...

Arrogance et ignorance: voilà pourquoi je suis plutôt réticent à l'idée de mettre le pays en tutelle, comme plusieurs «experts» le recommandent... Ça fait: «Poussez-vous les imbéciles et les ignorants et laissez les pros faire le travail.» Ça fait CIA ou NSA, vous ne trouvez pas, vous autres?

Mais pendant ce temps, le temps passe. Les jours se suivent, se ressemblent un peu sans être jamais les mêmes et avec le temps, ben les choses se tassent. "Avec le temps, va, tout s'en va..." (Ferré).  Et pendant ce temps, Rickenson (photo) grandit parmi nous où il se sent presque en famille tandis que sa mère, hospitalisée, se remet de son amputation et de la perte de ses deux autres enfants... Le temps, vous dis-je.. Le temps guérit tout.

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