lundi 12 avril 2010

Se fueron


Ils s'en sont allés. C'est ce que mon titre veut dire, et non, ce n'est pas du portugais, mais plutôt de l'espagnol avec lequel je suis plus familier. Un groupe bien intéressant, ces Brésiliens, comme tous ceux qui sont passés avant d'ailleurs, et qui ont fait de la bonne besogne : vingt-cinq opérations chirurgicales (certaines assez élaborées), quatre-vingt-quinze consultations externes et trente-cinq cas vus en physiothérapie, tout ça en un malheureux petit quatre jours et demi. De la bonne besogne, vous dis-je. Tout le monde les a appréciés, inutile de vous le dire, mais je vous le dis quand même. Et samedi, afin de souligner leur départ, nous les avons accompagnés à la plage de Port-Salut, qu'ils ont fort appréciée, vous vous en doutez bien. Et comme petit déjeuner, qu'est-ce que vous dites d'une assiette de langouste grillée? Et une bonne petite Heineken bien froide avec ça? Non, nous ne sommes pas alcoolos, mais comme ils devaient quitter bien tôt, ce fut un lunch tôt. Pas moins plaisant pour autant, je vous l'assure (photo)! Le prochain groupe doit venir la première semaine de mai, si tout se passe comme prévu, et franchement c'est un bon arrangement que de voir ces spécialistes nous revenir sur une base mensuelle. À propos, vous vous souvenez que je vous avais parlé de ce journaliste professionnel qui avait fait un montage vidéo de ce qui se passait ici aux Cayes avec les Brésiliens? Eh bien je n'ai pas vu le reportage au complet, mais le petit vidéo sur youtube est quand même assez intéressant. On m'y reconnaîtra sans problème (en anglais, toutefois). C'est vrai qu'il y a tant à faire pour reconstruire ce que le séisme a détruit...

Et pendant ce temps, que font nos Haïtiens? Ils fomentent une manifestation!!! Nous avons entendu la chose hier par le biais d'un message provenant de nos amis brésiliens! (C'est beau Internet, quand même...) Mais ce matin, tout est calme. Est-ce la calme avant l'orage, on ne saurait dire. Il semble que les forces de l'ONU ait patrouillé la ville et confisqué les vieux pneus avant qu'on y mette le feu, selon la méthode populaire... Mais sera-ce suffisant pour faire avorter cette volonté de destruction qui anime certains esprits? Je ne sais pas. Non, ne me demandez pas de vous expliquer. Car cela est contre toute logique. Trois mois après le tremblement de terre qui a mis le pays à genoux, on a peine à reprendre notre souffle, le pays est toujours en fragile convalescence et seuls les efforts conjugués des Haïtiens et de la communauté internationale contribuent bien difficilement à un retour à la normale ou ce qui en tient lieu. Or que voit-on? De la basse politicaillerie qui cherche à accaparer un pouvoir illusoire... (Opinion personnelle qui n'engage que son auteur.) Et pendant ce temps, le peuple pâtit. Comment ne pas être amer? Comment ne pas s'attrister de voir que, loin de s'en sortir, le pays s'enfonce encore un peu plus dans la misère et l'iniquité? Certains voient l'après-séisme comme une opportunité de s'enrichir ou d'assurer leur pouvoir ou les deux. Vous me dites que c'est humain? Peut-être, mais j'aime penser que l'humain vaut mieux que ça, alors je vous en prie, laissez-moi mes illusions si c'en sont. En tout cas, pour l'instant c'est calme, je le redis, les commerces sont ouverts comme d'habitude, de même que les écoles et les établissements publics. Car c'est bien là le drame : au nom d'une manifestation de violence dont personne ne connaît la vraie raison, tout ferme et toutes les activités cessent. Car qui a envie de prendre une balle perdue? Alors on reste bien tranquille derrière sa barricade illusoire ou réelle en souhaitant que tout ce ramdam cesse le plus rapidement possible. Et pendant ce temps, les jeunes, qui n'ont rien de mieux à faire, déambulent dans les rues en scandant des slogans dont ils ne comprennent même pas le sens et jouent aux durs. Et parfois le sont. Sans raison autre que pour le divertissement, pour le pouvoir que la rue leur donne, pouvoir éphémère s'il en est mais ô combien grisant. Décidément, ras le bol de ce jeu stupide où personne ne gagne jamais rien...

Et dire que dans quelques mois débute la saison des cyclones qu'on nous promet intense, cette année... Comme si on en avait besoin...

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