vendredi 30 avril 2010

Chalè!


En tant que lectrices et lecteurs attentifs, vous savez que la vie au sud dont je vous entretiens depuis déjà quelques années se situe sous des latitudes que l'on peut à juste titre qualifier de tropicales : Les Cayes, Haïti, se trouve en effet au niveau du 18e parallèle, soit plus au sud que cette ligne imaginaire qu'est le tropique du Cancer (23° N). C'est donc dire qu'il y fait plus chaud que sous les latitudes tempérées nordiques dont nous sommes natifs. Vraiment plus chaud. Cette particularité géographique rend, de novembre à avril, la vie extrêmement agréable et facile : pas d'hiver, mais une température diurne douce, propice aux activités de farniente, tandis que les nuits sont assez fraîches pour que l'on puisse dormir sans ventilateur. Mais quand arrive mai, les choses changent et tout à coup, presque sans transition, on sent la chaleur, la vraie (chalè en créole) : non seulement la température est-elle plus élevée, mais le soleil tape vraiment plus raide. En fait, le 21 juin (à un jour près), quand se produit le solstice estival, le soleil est directement au-dessus de nos têtes, presque parfaitement à la verticale et on a beau chercher son ombre, on ne la voit pas, puisqu'elle est directement sous nos pieds! En un mot comme en mille, de mai à octobre, il fait vraiment chaud! (Je vous ai incidemment mentionné la chose en juillet dernier.)

Évidemment, si l'on trouve la chaleur pénible à supporter, on se dit que cela est en grande partie dû à notre culture nordique. Eh bien les amis, détrompez-vous : les Haïtiens se plaignent de la chaleur encore plus que nous! Mais pourquoi s'en surprendre? Après tout, ne réagissent-ils pas aux excès de température comme les nordiques le font l'hiver, quand le mercure oscille dans les moins 20° C? Si bien que ces jours-ci, on entend les gens se plaindre qu’ils n’ont pas dormi à cause de la chaleur et il faut surveiller nos ventilateurs portables pour éviter que les patients hospitalisés et ayant reçu leur congé ne les subtilisent subrepticement. Cependant, comme le courant nous est coupé au cours de la nuit (vers les 3 h, invariablement), le ventilateur a une utilité disons limitée. C’est donc dire qu’il faut en prendre son parti et souffrir un peu, jusqu’à ce qu’un semblant de brise aurorale (qu'on me passe le terme et avouez qu'il est joli) vienne nous apporter un petit répit, qu’accompagnent, bien malheureusement, les cantiques de nos chers voisins les adventistes. Quoi? Je ne vous ai pas dit que dès 5 h, tous les matins, je dis bien tous les matins, ces fervents chrétiens nous en mettent plein les oreilles? Je sais, je sais : ils vont sûrement s’arrêter un jour, puisque selon ce qu’ai cru comprendre, leur croisade doit durer 40 jours. Me semble que 40 jours, ce n’est pas si long… En tout cas, passons l’outre, comme dirait l’autre…

Mais je reviens à la chaleur, puisque tout le monde s’en plaint! Mais ça va passer. Pas la chaleur, qui ne fait que commencer, mais le ti-plenye, une autre activité haïtienne très populaire, qui n’est pas sans rappeler son pendant québécois… Vous me suivez? Car ici, au contraire du Québec, on se plaint, mais ensuite, on passe à autre chose…

Aucun commentaire:

Publier un commentaire