mercredi 14 avril 2010

Bancs du sud


Rarement fais-je la leçon à mes collègues haïtiens. L'expérience m'a appris que le respect des mœurs locales vaut mieux que les principes d'efficacité et que mieux vaut un travail fait d'une drôle de façon mais qui fait l'affaire que celui fait selon les règles de l'art mais qui laisse tout le monde indifférent. Je n'aime pas généraliser, vous le savez maintenant, mais il faut bien dire que les Haïtiens sont indépendants de nature et résistants au changement. Ils font les choses à leur manière et laissent souvent le Blanc faire à sa façon. Habituellement, je m'efforce de prendre le rythme haïtien, celui où le temps n'est pas important et où ce qui n'est pas fait aujourd'hui le sera peut-être demain ou après-demain. Mais hier, j'ai fait mon "Blanc". D'où les photos que je vous présente.

La semaine dernière, fâché de ne plus avoir de banc pour m’asseoir en compagnie de quelques employés le matin, selon un rituel que nous aimons tous, j'ai déclaré qu'il nous en fallait d'autres. Cependant, comme le menuisier qui avait fait les derniers avait mis pas moins de trois jours pour faire trois bancs, j'ai déclaré à la cantonade que j'allais en fabriquer moi-même vite fait. Certains ont ri. Pas par moquerie, je le précise, mais au contraire parce qu'ils me connaissent. J'avais en effet affirmé que je ferais six bancs en trois heures, d'où les rires de mes confrères haïtiens. Comme je l'ai dit, je faisais mon "Blanc".

Or, hier, j'ai mis ma résolution en action. Je sors la scie circulaire, l'équerre de charpente, mon crayon et le ruban à mesurer et me voilà à pied d'œuvre. On commence par scier les planches, puis on prépare les pieds, puis on assemble, tout cela à peu près à la même vitesse que je prends à l'écrire et que vous prenez à le lire. Vous dire que j'ai sué serait peu dire : j'étais trempé comme si j'avais pris une douche avec mes vêtements! Mais en tout juste un peu plus de deux heures, les six bancs de la photo étaient assemblés et fonctionnels. Qui plus est, solides et assez jolis, reconnaissons-le en toute modestie. Vous dire la quantité de Oh! et de Ah! que les bancs ont récoltée...! Tout le monde s'est exclamé et tout le monde a bien ri. En somme nous avons eu bien du plaisir et le résultat est là.

Ceux qui m'accompagnaient ont-ils appris quelque chose? Je n'oserais le dire. Mais leur intérêt dans ma technique et ma façon de concevoir le travail n'en fut pas moins bien réel. L'un des défis, entre autres, consistait à savoir comment je m'y prendrais pour fixer la planche transversale de support au milieu de la planche servant de banc proprement dit. "Il suffit de mesurer", leur ai-je dit d'un docte ton. Et de le faire. Le centre de la planche de support et du banc coïncident, c'est donc que le support est réparti de façon égale sous le banc. Puis on a qu'à fixer les pieds et le tour est joué!

Et comme on le voit, c'est Sonson qui en est bien content, lui qui a bien besoin d'asseoir ses 80 ans!

2 commentaires:

  1. Félicitations Richard pour tes beaux bancs fabriqués en un temps record. Mais comme nous avons deux bancs du même genre à mes cours de Zumba et que plusieurs de mes consoeurs se sont retrouvées subitement sur le plancher pour s'être assises sur un des bouts, comment se fait-il que ton octogénaire semble pouvoir le faire en toute sécurité malgré qu'il n'y ait pas d'autres personnes assises avec lui pour retenir le banc au sol. Nous, par expérience, avons appris à ne s'assoir qu'au centre du banc si nous sommes seules pour ne pas risquer d'être la risée des copines. Quel est le secret de Sonson ?
    La cousine Danielle

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  2. Chère cousine, tu comprends que tout ici est question d'ingénierie, longueur de la surface, portion du porte-à-faux, poids de la structure, poids qui lui est appliqué, stabilité des appuis et quoi encore! En un mot comme en mille, je n'en ai aucune idée!

    Mais Sonson ne pèse pas lourd, tu l'auras deviné, alors sans doute cela aide-t-il...

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