dimanche 18 novembre 2012

Rien n'est facile


Pas d’Internet au bureau! Le drame, je vous dis pas! On ne sait pas trop pourquoi, mais c’est arrivé comme ça, lundi dernier, vers les 8 h et depuis, tout le monde se plaint — je parle de tout le monde habituellement connecté, vous l’aviez compris… Or, comme notre connexion se fait via un système qui se trouve aux États-Unis et qui nous situe aux États-Unis, eh bien disons que c’est un peu plus compliqué d’avoir le service qu’on serait normalement en droit d’attendre de notre fournisseur. Donc, frustration sur toute la ligne.

Je me sers d’ailleurs de cet exemple, banal en soi mais pas moins irritant pour autant, pour vous illustrer une fois de plus combien la vie dans ce pays n’est pas facile. Les produits et services sont là, certes, mais le service après-vente est inexistant, tout comme les pièces de rechange. Par exemple, une pièce fautive d’un robinet impose de changer tout le robinet et c’est le cas pour une pièce de frigo, de climatiseur, de pompe à eau, de cuisinière à gaz, de toilette, de lessiveuse, alouette… La batterie de votre perceuse sans fil ne se charge plus? Il n’y a plus qu’à jeter la perceuse, car les batteries de rechange ne se trouvent pas! Parfois, ce sont des petites choses simples comme une rondelle d’étanchéité pour un robinet : introuvable! Il faut se résoudre à en fabriquer une et souhaiter qu’elle fasse le travail… Frustrant, dites-vous? Je suis d’accord. Et le pire, c’est que le matériel qu’on trouve est souvent de deuxième ordre, voire de sixième ordre, donc plus susceptible de briser que du matériel de qualité. Or, ce matériel est souvent aussi cher sinon plus que ce qu’on trouve au Canada ou aux États-Unis. En fait, les outils qu’on trouve proviennent souvent du Dollarama à $1, mais 10-15 fois plus chers! Après on se demande ce qui va mal dans le pays…

Non vraiment, je vous le dis : y’a rien de facile dans ce pays. Un ébéniste pourra vous demander près de $400 pour une porte simple en bois dur. Exagéré, dites-vous? Même pas : le bois dur, rare au pays, coûte une petite fortune. Puis l’ébéniste devra payer pour la préparation (dégauchissage et rabotage), faire tous les tenons /mortaises à la main, tailler les panneaux soulevés, rainurer les montants et le cadre, assembler le tout, sabler, vernir, ajuster la porte dans son cadre, fixer les charnières et la serrure et finalement, monter la porte et son cadre dans le trou où elle est destinée. Comptez ça comme vous voulez, mais je vous assure que ça ne revient pas excessivement cher de l’heure… Sauf que $400 pour une porte, ce n’est pas donné, surtout pour des gens dont le salaire mensuel tourne autour de $150! Vous feriez comment, vous, pour arriver? Pour moi, je déclare forfait.

C’est pour cela qu’il ne faut pas juger l’indien avant d’avoir chaussé ses mocassins, comme disait notre grand Félix national. Par extension, on pourrait dire qu’on ne peut pas juger l’Haïtien avant d’avoir, comme lui, marché pieds nus dans les épines, la boue et pire encore...

Et pendant ce temps, à Port-au-Prince, les étudiants manifestent toujours contre le meurtre injustifié de l’un des leurs — peut-être même deux, on ne sait plus trop. Mais c’est plutôt violent, ces manifestions-là… Et je vous annonce que ça ne se passe pas à coups de casseroles…

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