mercredi 7 novembre 2012

Made in USA


Mon sujet d’hier se voulait léger. Celui d’aujourd’hui, sans être lourd, fait certainement plus sérieux, car je veux jeter mon grain de sel et vous passer quelques commentaires sur la saga électorale américaine (qui a coûté la bagatelle de 2,6 milliards de dollars — milliards, vous avez bien lu — mais nous sommes à l'échelle du gigantesque, ne l'oublions pas).

Mettons d’abord les choses en perspective : les États-Unis forment un pays assez particulier. Sans nom, puisque leur désignation d’états unis n’est pas un nom. Canada, France, Haïti, ça, ce sont des noms de pays. Mais que des états s’unissent et se proclament unis ne leur donne pas un nom pour autant! Voici donc les états unis d'Amérique du Nord, tout comme il pourrait y avoir les états unis de l'Amérique du Sud. Mais les États-Unis font maintenant partie de la géographie tout autant que de l'histoire et tout le monde sait de quoi l'on parle lorsque l'on parle des États-Unis d'Amérique, mieux connu internationalement sous le sigle USA. Voici donc une nation à l’histoire jeune et au cheminement particulier, qui lui a fait accéder à la démocratie dès l’adolescence et dont les libertés individuelles sont farouchement défendues par une Constitution que n'aurait pas désavouée les philosophes grecs. De nos jours, plus de 300 millions de personnes l’habitent, mais leurs racines sont ténues, car la plupart n’y sont arrivées qu’à la fin du 19e – début du 20e siècle. Les États-Unis, c’est la terre de l’espoir, the land of opportunities, comme on dit, là où tout est possible et où l’on peut rêver d’une vie meilleure : le fameux American Dream. Si bien que les gens y sont venus de partout sur la terre — de l’Europe, bien sûr, mais aussi de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique latine. La population du pays est, par conséquent, cosmopolite par définition et forcément distincte dans ses racines. Car on aura beau dire, un Japonais-Américain ne peut pas penser comme un Ukrainien-Américain ou un Haïtien-Américain. Or, c’est pourtant ce melting pot que le président doit représenter et il est bien évident que ce n’est pas si évident que ça!

On dit des États-Unis qu’ils sont divisés. Comment pourrait-il en être autrement? Les états qui composent le pays sont peuplés de gens qui ne sont que peu ou pas apparentés. Unis sous la même bannière, peut-être, mais unis par une idéologie commune? Vraiment pas. C’est pour ça que l’élection américaine est toujours imprévisible. L’idéologie démocrate se distingue vraiment de celle républicaine, bien davantage que celle qui divise les libéraux des conservateurs au Canada. Or, à la clé, il y a la religion et, bien entendu l’argent. Or, de ce côté, tout ne va pas pour le mieux dans le pays de toutes les chances. Le déficit est énorme — incommensurable serait plus juste — et le taux de chômage, à près de 8%, très élevé. Si bien que pour plusieurs, le sort d'Obama était joué et les Américains iraient du côté du milliardaire agressif, chauvin et puritain, tellement représentatif d'une certaine Amérique. Mais pas d'une autre. Et cette autre, plus forte, a choisi de maintenir au pouvoir cet homme que nous connaissons maintenant comme un homme honnête et empathique. Mais il s'en est fallu de peu!

Tout de même, je ne peux m’empêcher de penser que le président Obama risque gros. Car si on ne peut le déplanter par le biais du processus électoral, il existe d’autres solutions, draconiennes soit, mais historiquement validées... Pensez à Lincoln ou à Kennedy, pour ne citer que les plus connus… Reste que le choix américain reflète aussi un changement des temps. Une maturation sociale. Un président noir, élu pour un second mandat alors que l'économie branle sérieusement dans le manche, c'est quand même significatif. L'avenir dira ce qu'il en sortira, mais au moins, nous connaissons l'intégrité de l'homme et nous savons qu'il ne baissera pas les bras. C'est déjà ça d'acquis dans un pays que tout le monde regarde et qui reste la nation la plus puissante au monde.

Et Haïti, là-dedans? Eh bien gageons qu'Haïti ne dirait pas non pour faire partie des États-Unis, tout comme le souhaite Porto-Rico!

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