samedi 3 novembre 2012

Le jour des Morts


J’avais composé un texte. Que j’ai choisi de ne pas vous présenter. Ne m’en voulez, de grâce. Appelez cela de l’autocensure. Il en faut de temps à autre. Vous savez ce que dit le proverbe : «Toute vérité n’est pas bonne à dire» Kant ne serait sans doute pas d’accord, mais il est des vérités qu’il vaut mieux taire, surtout lorsqu’on s’adresse à un public varié dont on ne peut connaître les réactions, les jugements et les conclusions. Je vous dirai seulement qu’il s’agit d’un fait divers haïtien, mais dont la teneur est susceptible de choquer vos âmes nordiques, alors je passe. Par respect, autant pour ce peuple que je côtoie journellement que pour vous et votre bon sens commun. Voilà l’art de s'excuser en plusieurs mots mais vous savez que j’y excelle.

Changement de sujet donc, et allégement du ton.

Hier, Fête des Morts. Vous allez me dire que ça n’a rien de bien léger et pourtant, ici, on ne dramatise pas avec la mort. On la vit, simplement — je ne parle pas du défunt, bien entendu, lequel serait mal placé pour la vivre —, on chagrine, on se ruine en dépenses cérémoniales extravagantes et puis on passe à autre chose. La fête des Morts, dans cette perspective, ne se veut qu’un rappel respectueux de ceux et celles qui ne sont plus. Je vous l’ai dit précédemment, les Haïtiens ne fêtent pas l’Halloween, cette fête un peu macabre que n’aurait certainement pas désavoué Saint-Saëns qui a écrit cette délicieuse Danse Macabre où les squelettes s’entrechoquent joyeusement sur fond de xylophone. On dit que sa mère, invitée à la première, s’est évanouie en voyant la scène… Autre temps autre mœurs… Mais je digresse. L’Halloween donc a peu à voir — en fait, rien à voir avec la fête des Morts en ce pays, laquelle, je le redis, n’est qu’un hommage respectueux aux défunts. Une fête célébrée dans toute l’Amérique latine d'ailleurs, tout spécialement au Mexique où la fête prend des allures d’événement majeur. En Haïti, mon ami Antonio disait justement hier que l’on ne voit plus les Gede, ces joyeux lurons, dignes fils du Baron Samedi, le Loa de la mort dont les manifestations s’accompagnaient traditionnellement des tambours qui résonnaient sans relâche dans les cimetières. Je vous invite à visionner ce petit vidéo qui date déjà de quelques années et qui ne nous en apprend guère, mais qui illustre tout de même mon propos. Je vous suggère également cet article, tiré de Haiti Press Network. Cela dit, il faut bien reconnaître que les traditions vaudous sont en perte de vitesse dans le pays, sauf bien sûr quand on en fait des exhibitions touristiques, ce qui est bien malheureux, ne dites pas le contraire. Autres temps, autres mœurs, vous dis-je…

Quoi qu’il en soit, c’est congé, tout comme l’était le premier du mois, Toussaint oblige. Un long week-end de quatre jours que tout le monde apprécie y compris nous, ne serait-ce que pour nous permettre de continuer notre lente remontée vers un état de santé plus normal...

Et avec tout ça, octobre appartient déjà au passé et novembre nous ouvre ses bras temporels...

Un petit changement d'heure, avec ça?

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