samedi 24 novembre 2012

Les impôts, c'est dur...



L’impôt sur le revenu, vous aimez ça vous autres? Non, je ne vous demande pas si vous en voyez la nécessité ou si vous en acceptez la légitimité, mais si vous aimez ça recevoir votre talon de chèque et constater que l’État s’est allégrement servi à même ce qui vous appartient, ou en tout cas, ce que vous croyez qui vous appartient. L'impôt n'est qu'une taxe, une de plus, mais assez costaude celle-là… Je ne crois pas que vous aimiez cela… Cependant et comme je l’ai sous-entendu dans ma phrase précédente, j’assume que vous en comprenez la raison d’être : nos impôts alimentent les coffres de l’État qui peut ainsi payer pour les produits et les services collectifs : routes et transports publics, collecte des ordures, nettoyage des rues, distribution d’eau potable, soins de santé… vous comprenez ce que je veux dire. Mais comprendre que le gouvernement soit justifié de prélever sa part de votre salaire pour le bien de l’ensemble et aimer ça sont deux choses fort différentes, un peu comme le fait de comprendre la nécessité de prendre une pilule ne signifie pas qu'on en apprécie le goût amer…

Cependant, comme tout le monde (ou à peu près) paie ses impôts, comme le système est connu et, disons-le, un peu craint, comme le salaire net reste habituellement suffisant pour joindre les deux bouts, eh bien l’amère pilule passe. Mais ici en Haïti? La pilule est simplement recrachée…

Pour plusieurs raisons : d’abord, personne ne sait à quoi servent les impôts ou les taxes sur certains services qui sont prélevées un peu arbitrairement (comme si c’était tout à fait affaire de libre-arbitre, genre contribution volontaire). Ainsi certains restaurants ajouteront la taxe sur la facture du repas, d’autres non. Gageons que ceux qui l’ajoutent ne l’envoient pas nécessairement au gouvernement…! Mais bon. Quant aux produits de consommation courante, jamais on oserait ajouter une taxe qu’au reste personne ne paierait! Si bien que l’impôt sur le revenu reste, pour l'État, la façon la plus répandue de puiser dans les goussets des pauvres pour remplir ses coffres. Répandue, mais ô combien décriée! Et à juste titre, il faut bien le dire. Car si, dans nos pays nordiques, la contribution à l’impôt n’est jamais agréable — qui a envie de se faire étiqueter de bon «contribuable»? — elle sert au moins à «quelque chose» (et ici, notez bien l’utilisation des guillemets parce que ce «quelque chose» reste souvent flou et vaporeux); tandis qu’en Haïti, l’argent de l’État ne sert visiblement qu’aux dépenses de l’État et de ses fonctionnaires, c’est en tout cas ce que tout le monde pense. Et sans doute pas sans raison… Mais bon.

En tant qu’organisation, nous devons nous soumettre aux lois du pays et, donc, prélever l’impôt du maigre salaire de nos employés, si difficile à expliquer qu’en soit la pratique. Or, comme si ce n’était pas assez, j’ai reçu la semaine dernière un avis officiel de la non moins officielle Direction Générale des Impôts qui mentionnait entre autres qu’à compter de novembre, il faudrait prélever 2% de plus du salaire des employés! Vous allez me dire que 2% ce n’est pas grand-chose et qu’il n’y a pas là de quoi en fouetter un chat, mais le principe choque. La hausse, pour tout le monde, est proprement injustifiable, même si l’État la justifie en invoquant un fonds d’urgence (1%) et un fonds d’aide sociale (1%). Personne ne veut ou ne peut croire que l’argent supplémentaire prélevé à même le fond de leur poche servira à des fonds publics qui leur seront potentiellement utiles. Et même si la preuve m’en manque, je suis porté à croire que c’est sans doute la vérité…

Haïti fait bien des efforts pour s’organiser. Je l’ai dit et je le redis. Et l'une des conditions de cette réorganisation, c'est l'argent. Lequel n'a pas d'odeur, si vous vous souvenez, et qui ne pousse pas dans les arbres, comme vous le savez. Mais le prendre dans la poche des pauvres? Je ne sais pas mais ça me fait tiquer. Mais comme en Haïti tout le monde est pauvre, à quelle autre source peut-on puiser?

Quand je vous disais que rien n'était facile en ce pays...

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