vendredi 10 février 2012

Agréable visite


Il m’est difficile, après ces quelques jours d’absence motivée, de vous entretenir d’autre chose que de la motivation de cette absence, justement, en l'occurrence la visite. Après celle de ma très chère et très tendre amie et de son charmant compagnon, nous avons eu l’honneur et le plaisir de recevoir celle de mon petit frère (en créole ti frè-m) et de sa (nouvelle) compagne. Visite rapide s’il en fut une — à peine une semaine — mais qui nous a comblés d’aise, ma compagne et moi.

C’est que la visite a ceci de particulier qu’elle nous sort de notre petit train-train sans pour autant nous sortir du pays. D’ordinaire, ce n’est qu’à l’occasion de nos propres déplacements à l’étranger que nous pouvons «décrocher», pour employer l’expression courante que tout le monde utilise, mais la visite produit également ce phénomène. Oh! Pas n’importe quelle visite, je le précise! Mais la visite de gens qu’on aime, qu’il nous fait plaisir de recevoir, avec qui nous avons plaisir à partager nous éloigne des petits problèmes qui sont notre lot habituel. Une pause appréciable, donc, et que nous avons su apprécier tout particulièrement au cours de janvier et de cette première semaine de février. Mais la visite, par définition, passe. Et après, l’habituel revient. Comme le chante Ferrat : «Les touristes partis, le village, petit à petit, retrouve face à lui-même sa vérité, ses problèmes… »  Eh bien nous aussi. Mais le bain rafraîchissant de la visite nous requinque et nous rend d’attaque pour la prochaine visite, plus formelle celle-là : les patrons...

Mais ce fut une belle petite parenthèse, fort appréciée tant du côté des hôtes que des visiteurs, j’ose le dire. La mer, bien sûr, était au rendez-vous, car pour ces gens du nord qui se les gèlent hardiment en cette cruelle période de l’année, le simple bain de mer dans une eau turquoise est pur délice, j’en témoigne. Et pourtant, elle est bien fraîche à cette époque, la mer…! Mais quand je le souligne, on se moque, alors je m’en abstiens. La mer donc, et la plage qui la sous-tend. Car les deux vont de pair dans ce pays — enfin pas tout le temps, mais assez souvent pour qu’on les associe de près. Or, la plage, à la différence de la mer, c’est tout de même la terre ferme, l’endroit où l’on peut s’asseoir, déguster un rhum-sour (que je ne saurais trop vous recommander) ou une petite bière bien fraîche, lire un bon livre, bavarder sans but précis ou, simplement, observer la mer et son incessant va-et-vient, les pluviers qui dansent sur cette musique océane ou les rameaux des cocotiers qui s’agitent délicatement sous la brise. Tout ça, à l’ombre de préférence, car sous le soleil, l’on cuit bien vite sous cette latitude…

Et puis il y a le spectacle ininterrompu des gens dans la rue qui, pour nous, n’est plus vraiment un spectacle puisque nous le voyons à tous les instants, mais qui, pour nos heureux touristes, ne laisse pas d’étonner. Et on me demande : «Il doit y avoir pas mal d’accidents, non?» Eh bien non. Les gens qui vivent dans la rue sont habitués de la partager avec tout ce qui roule, tout ce qui s’y agite, tout ce qui en fait partie puisque eux-mêmes en font partie. D’ailleurs je vous ai déjà tout dit ça ici dans ce texte, alors je n’en dis pas plus. Mais pour des gens qui goûtent au pays pour la première fois, cette activité citadine étourdit et éblouit tout à la fois. Vivement une petite bière!

Car n’est-ce pas là l’aboutissement de toute activité vacancière? On bouge un peu, on visite un peu, on regarde à gauche et à droite et on finit, presque inexorablement, avec une petite bière bien fraîche à la main, qu’on déguste en y allant de commentaires plus ou moins sérieux.

Il n’en reste pas moins que, si l’on se fie à ces commentaires venant de nos récents visiteurs, Haïti fascine autant qu’il émerveille. Surprend et réjouit l’œil et le cœur. Parfois d’excès, c’est vrai, mais l’excès ici n’est pas toujours un défaut, quoi qu’en dise le proverbe, et on apprend vite à composer avec cette réalité excessive. Mais pour les visiteurs, le bain haïtien provoque quelques frissons, qui de plaisir, qui d’excitation, qui de peur puérile même, et si l’on apprécie d’y tremper pendant quelque temps, on apprécie aussi d’en sortir et de se sécher vigoureusement, voire rigoureusement considérant la nature même de l’hiver en pays nordique…

Eh bien croyez-le ou non, pour nous, c’est exactement l’inverse…

1 commentaire:

  1. Tu écris si bien la réalité, Richard... Contente pour vous quatre qui avez partagé des moments inoubliables, j'en suis convaincue!

    Gaétane

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