lundi 13 février 2012

La Saint-Valentin


Le décompte est commencé depuis plusieurs jours déjà, mais cette semaine étant la dernière, la frénésie pré-carnavalesque est maintenant palpable… et tout à fait audible, si l’on n’en devient pas sourd! Aux dires de plusieurs, ce sera infernal, comme dans : digne de l’enfer. Un enfer sonore et humain que, pour notre part, nous tenterons d’esquiver, vu ma peur de l’enfer (reliquat de l’enseignement religieux reçu dans les années soixante) et mon intérêt pour le calme et la tranquillité.

Mais ce n’est pas du carnaval dont je veux vous parler aujourd’hui, mais plutôt d’un sujet qui, je le sais, vous touche tous et toutes, ne serait-ce que par son actualité : la Saint Valentin. Pauvres Valentin! S’ils avaient seulement su!... Vous remarquez bien l’usage du pluriel, n’est-ce pas? C’est que, selon l’Histoire, il n’y a pas moins de trois Valentin, martyrs à part ça, qui pourraient briguer l’honneur d’être à l’origine de la célébration. Des martyrs, tu parles… Mais en lisant plus loin, on se rend vite compte que la fête, comme plusieurs autres d’ailleurs, s’aligne sur une pratique païenne que l’Église ne voyait pas d’un très bon œil : les lupercales. On dit bien que l'hypothèse n'est pas vraiment confirmée, mais mon petit doigt me dit que cela s'inscrit tout à fait dans l'ordre des choses. D'ailleurs, connaissant votre paresse naturelle, je vous cite ici le petit passage que je juge intéressant :
« Le jour de la Saint-Valentin a longtemps été célébré comme étant la fête des célibataires et non des couples. Le jour de la fête, les jeunes filles célibataires se dispersaient aux alentours de leur village et se cachaient en attendant que les jeunes garçons célibataires les trouvent (définition des lupercales). À l’issue de ce cache-cache géant, les couples formés étaient amenés à se marier dans l’année. »
Avouez que ça sent la méchante partie de jambes en l’air, ce jeu-là! Il ne m’est personnellement pas difficile, mais alors pas du tout, de comprendre que l’Église ait voulu récupérer cette pratique libertine et l’anoblir quelque peu. Si bien qu’au Moyen Âge, toujours selon Wikipédia, la fête devient religieuse et s’épure de son libertinage pour devenir romantique, notamment sous la plume de Chaucer, un poète anglais que je ne saurais trop vous recommander. En bout de ligne, l’Église a fini par laisser tomber complètement la célébration de la fête, dont les commerces font, depuis, leurs gorges chaudes. Juste pour vous donner un exemple : le Greeting Card Association américain estime qu’environ 190 millions de cartes de la Saint-Valentin s’échangent à l’occasion de la fête, sans compter les cartes que les élèves produisent en classe. Si l’on inclut ces dernières, le chiffre n’atteint pas moins d’un milliard de cartes! Et je ne compte pas le chocolat, les bijoux, les somptueux repas au restaurant ou les trucs, parfois délirants, en forme de cœur! Y a-t-il une seule once de sincérité là-dedans? Je vous laisse y penser.

Le plus drôle — et c’est précisément là où je voulais en venir — c’est que, même ici, dans ce pays peu consommateur, les cœurs sous forme de cartes ou de boîtes de chocolats abondent maintenant. Les rares étagères des petites épiceries où nous faisons, tant bien que mal, nos provisions hebdomadaires débordent maintenant de toutes ces cochonneries qu’on vend à bon prix et qui n’ont de raison d’être que le profit mercantile. J’avoue que cela m’agace un peu. Ou bien suis-je trop naïf et l’amour de nos jours passe-t-il nécessairement par des chocolats, une carte aux vœux banals ou des bonbons en forme de cœur? Ce serait bien dommage. Et j'ajoute que si vous n'attendez que ce jour pour manifester à l'être cher l'amour que vous lui portez, eh bien c'est quand même un peu triste...

En post-scriptum à ce texte, je vous cite le clin d’œil de Stéphane Laporte : "Économiquement parlant, aujourd'hui est la bonne journée pour casser avec sa blonde ou son chum. .." Preuve, s'il en est besoin, que la Saint-Valentin est d'abord une affaire de consommation...

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