mardi 18 décembre 2012

Une affaire de toilette

Non, je ne parlerai pas de la tuerie américaine. Ni de sa version chinoise — au couteau, pensez-y bien — car tout le monde en frissonne encore et bon, ces choses-là arrivent, comme on le dit souvent pour meubler le silence gênant. Car à la vérité, que dire?... Alors je passe.

Je choisis plutôt de vous parler d’un petit projet que nous avons présentement en chantier à notre petit hôpital. À un petit hôpital, les petits projets conviennent, vous ne trouvez pas? C’est un projet qui me trotte en tête depuis bientôt six ans et que j’ai sans cesse remis à une date ultérieure, non pas parce que c’était un mauvais projet, mais plutôt parce que je n’étais pas convaincu de la solution envisagée. Le projet? Remplacer nos latrines actuelles par des toilettes. Comme vous le voyez, rien pour en faire tout un plat, mais assez pour en faire quelques hors-d’œuvre.

Faut vous dire d’abord que nos latrines m’ont toujours fait honte. Sales, mal conçues et mal entretenues, sources d'odeurs vertigineuses, elles ne peuvent accommoder que ceux ou celles qui sont vraiment à l’extrême limite de leur retenue. Exiger que les gens y aillent plutôt que de faire leur pipi à l’air libre tient presque de la torture mentale, surtout lorsqu’il s’agit de personnes âgées. Problème donc, que j’ai souvent voulu résoudre mais dont la solution m’échappait. Fallait-il simplement les refaire? L’idée avait un certain mérite, car sa réalisation promettait d’être rapide et peu coûteuse. Mais qu’est-ce qui empêcherait ces nouvelles latrines de devenir semblables à celles qu’elles remplaceraient? Rien. Je rejetai donc l’idée en faveur de toilettes à la turque, communément appelées «toilettes à pédales», ces modèles si populaires en Europe il n’y a guère et qui le sont toujours d’ailleurs dans certains petits endroits. Et en Turquie, bien sûr... Quand on sait où poser les pieds et qu’on prend le temps de sortir du bassin avant de tirer la chasse d’eau, ces toilettes sont merveilleuses d’efficacité et, de surcroît, très hygiéniques puisque aucune partie du corps ne touche les surfaces. Évidemment, il faut pouvoir s’accroupir, ce qui peut causer problème dans nos pays nordiques, mais jamais ici en Haïti. Si bien que j’estimais — et j'estime toujours — l’idée bonne, mais faute de moyens techniques, je l’ai mise de côté pour finalement aboutir à ce que vous connaissez tous et toutes, la toilette standard. Qui, pour plusieurs raisons, est loin d'être idéale, mais on verra bien...

Nous n'en sommes qu'à la première partie du projet, laquelle consiste à aménager une fosse septique apte à recevoir ce qu’on lui destine. Évidemment, les avis diffèrent quant à la taille de la fosse et les détails de sa construction. C’est finalement Internet qui aura eu gain de cause grâce à un petit schéma tout ce qu’il a de simple qui permet de visualiser comment cela doit fonctionner. Là encore, ce n’est qu’après quelques mois d’usage qu’on pourra voir si ça marche convenablement. Pour les puristes, je dirai simplement que l’endroit où nous avons creusé cette fosse n’aurait jamais passé le test de percolation si nécessaire en nos pays…Mais bon. On verra, je le redis.

C’est un projet que je comptais bien terminer avant la fin de l’année, mais comme c’est parti, je pense qu’il empiètera hardiment sur 2013… Mais l’essentiel est que ce soit fait, n’est-ce pas?

À suivre...

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