mardi 4 décembre 2012

Bien mal acquis...


J’ai déjà parlé d’argent en ces lieux d’écriture qui me sont chers. Plus d’une fois, et pour cause : le sujet reste toujours d’actualité. Mais aujourd’hui, ce que je viens de lire me fait sourire et me choque à la fois. Lisez ça sans rire : «Lorsque les policiers de l'escouade Marteau se sont présentés chemin des Cageux à Laval pour une perquisition dans le luxueux condo occupé par Gilles Vaillancourt, sa cousine, propriétaire officielle des lieux et aussi sa voisine, a jeté dans les toilettes une liasse de billets de banque.» Comme si c’était de la cocaïne ou de l’héroïne ou quoi encore… Mais le plus drôle est dans la phrase suivante : «Comme il s'agissait notamment de nouveaux billets fabriqués en polymère, ceux-ci ne se sont pas désagrégés. Ils ont plutôt flotté, bloquant aussi la cuvette des toilettes.» Ne me dites pas que vous ne trouvez pas la chose cocasse! J’ajoute par ailleurs que, si la quantité de billets était suffisante — et je pense que l’on peut assumer qu’elle l’était, sinon pourquoi la panique —, même si les billets avaient été en papier, leur simple masse aurait tout de même bouché la toilette, tout autant que n’importe quelle masse de papier mouillé. Mais le point n’est pas là : la dame a tenté de se débarrasser de cet argent en le détruisant et ça les amis, c’est tout de même significatif! Car je ne sais pas pour vous, mais pour nous, c’est clair qu’on n’a pas les moyens de jeter l’argent par les fenêtres! Et même, par les fenêtres, c’est un moindre mal car il s’en trouvera sûrement pour profiter de cette manne inespérée… Mais dans les toilettes? Excusez-moi, mais ça fait chier!

Je sais, je sais, vous allez me dire ce que je vous ai déjà dit, à savoir que l’argent n’a pas d’odeur et que le fait qu’il soit passé par une toilette, fût-elle pleine de ce que vous imaginez, ne lui enlève en rien sa valeur; je ne concède pas le point. Mais tout de même, quand on en est rendu à jeter l’argent, il y a quelque chose qui cloche, vous ne pensez pas? Surtout que, puisque les billets sont en polymère, on peut raisonnablement assumer qu’il s’agit ici de billets de 100 $, ce qui n’est rien pour améliorer la situation!

L’argent ne fait pas le bonheur; tout le monde connaît le proverbe. On pourrait en conclure qu’il est dès lors parfaitement vain d’en poursuivre le cumul, mais en vérité, l’argent se fiche éperdument du bonheur. Tout le monde connaît ce que j’appellerai le syndrome Séraphin, où l’argent (l’or dans son cas) ne sert plus de monnaie d’échange, mais devient bel et bien l’objet d’une vénération, voire d’une adoration malsaine et maladive. Ces gens de pouvoir qu’on connaît maintenant comme des corrompus avaient-ils vraiment besoin d’accepter tout cet argent qu’ils savaient sale et qu’ils éprouvent maintenant le besoin de laver dans leur toilette? Pouvaient-ils simplement dire non merci? Pouvaient-ils ne pas succomber à l’appât du gain facile? Franchement, je ne sais pas. N’étant pas moi-même un parangon de vertu, je me sens mal placé pour juger celui ou celle qui accepte un alléchant pot-de-vin en échange d’un petit passe-droit. Moralement, ce n’est pas correct, nous sommes d’accord. Mais humainement, car c’est là le fond de l’affaire, humainement, pouvons-nous décemment lancer la première pierre à tous ces corrompus du pouvoir? Pouvons-nous affirmer sans l’ombre d’un doute que, mis dans une situation similaire, notre vertu s’élèverait haut et fort et prendrait le pas sur toute tentative de fermer les yeux sur une situation croche? Pas sûr, pas sûr… En tout cas, je ne veux pas juger, mais si vous touchez de l’argent, mérité ou non, il me semble que c’est sûrement pour faire mieux que de le jeter aux ordures, car ça, c’est une gifle cinglante au visage de tous ceux, toutes celles qui travaillent dur pour en obtenir. Il y a tout de même des limites… Et même si l’on me dit que la «cousine» n’est pas en cause, qu’elle n’est pas impliquée dans ces affaires louches, le seul fait qu’elle ait agi de la sorte la rend, à mes yeux, indubitablement coupable. À moins que ce soit une autre illustration du proverbe qui dit que «Bien mal acquis ne profite jamais».

Mais de grâce, si vous avez de l'argent en trop, plutôt que de le "flusher", comme on dit, vous pourriez peut-être vous arranger pour nous envoyer un petit chèque? Je vous garantis qu'ici, il serait utilisé à bon escient...

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