jeudi 27 décembre 2012

Ces cadeaux qui embarrassent


C’est en lisant cet article ce matin que m'est venue l’idée de ce texte. Vous connaissez mon opinion sur la tradition des cadeaux autour de la fête de Noël et vous savez ce que je pense du mercantilisme et de la consommation que cet autre article ici touche directement.

Je vous l’ai déjà dit : Marx avait, dans les années 1840, déclaré sans ambages que l’argent, comme moteur de société, allait fatalement disparaître puisqu’il aliénait l’homme et que son pouvoir était trop despotique. Marx prévoyait qu’à la suite de cette rébellion contre l’argent et la propriété, la société moderne allait mettre en place un système de partage que, plus tard, des brillants ont nommé «système communiste» et dont ils se sont emparés pour leurs fins personnelles, avec un succès mitigé, il faut bien le dire. Mais ce «système communiste» s’est vite retrouvé dans l’autre coin du ring, face au «système capitaliste», lequel était censé contribuer à accroître la liberté des humains, style «plus d’argent = plus de liberté». On fait encore miroiter ces slogans à la gomme de sapin et certains s’y laissent encore prendre. Pourtant, je vois les deux articles mentionnés ci-dessus comme un signe que la conscience populaire s’éveille. Voyez par vous-mêmes : hier, la question du mini-sondage de La Presse était : «Irez-vous magasiner aujourd'hui pour profiter des aubaines du Boxing Day?» Eh bien j’ai trouvé bien intéressant de voir que sur 10,479 répondants, 92% avaient répondu non. Ces pseudo-aubaines n’attirent que les petits poissons naïfs, semble-t-il. Mais plus significatif est ce désir de vendre les cadeaux de Noël sur eBay ou ailleurs! J’adore. Pas pour les acheter, mais non! Mais parce que ça veut dire quelque chose. Ça veut dire que le cadeau a perdu son sens de don du cœur et n’est plus maintenant qu’un objet mercantile, échangeable, remboursable ou vendable. La valeur de l’objet se mesure à son prix, et non à l’intention de la personne qui l’a offert. Intéressant, n’est-ce pas? J’y vois pour ma part une évolution, un progrès dans la bonne direction.

Hélas! C’est un bien petit pas. Car de l’avis du prof de sociologie cité dans l’article de Marie-Michèle Sioui, le système actuel en est bien un de consommation, c’est-à-dire de production de bébelles que les gens, en bons consommateurs, se sentent obligés d'acheter sous peine de voir le système s’écrouler sous son propre poids, victime de la surproduction. Et j’avoue que j’aime particulièrement cette observation du professeur qui permet d’espérer que les choses puissent changer un jour : «Mais en travaillant dans d'autres sociétés, je me suis rendu compte que ce comportement-là est appris dans une large mesure. C'est surtout l'effet d'une éducation et d'une socialisation.» En d’autres termes, en inculquant aux jeunes d’autres valeurs que celles de la consommation, il y a espoir : le monde peut changer.

Dernièrement, sur un «post» facebook disparu depuis, je lisais que les objets étaient faits pour être utilisés et les gens, pour être aimés. Je ne suis pas vraiment d’accord. Les objets ont la valeur qu’on leur donne qui peut être l’utilité, c’est vrai, mais aussi ce qu’on appelle couramment la valeur sentimentale. Et de ce fait, on peut vraiment aimer un objet soit pour ce qu’il est, soit pour ce qu’il représente pour nous. Mais la valeur d’un objet n’est jamais son prix. Je n’ai rien contre la possession d’objets, entendons-nous bien : j’en ai contre la consommation excessive qui fait acheter des objets dont on n’a même pas besoin, qui n’ont aucune valeur sentimentale et qui n’ont comme valeur, qu’un bon rapport qualité-prix. D’où l’intérêt du «Boxing Day», sans doute… Somme toute, si vous n'avez pas aimé vos cadeaux, vous pouvez vous en débarrasser sans remords : tout le monde le fait maintenant...

En tout cas, un Noël sans cadeaux, je vous jure que ça se passe très bien. En autant qu’il y ait du cipâte au menu…

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