mardi 24 avril 2012

Le pays à la dérive?


Ça ne va pas très bien au pays des Haïtiens. On le sait, tout le monde le sait, mais tout le monde préfère fermer les yeux sur la chose car qu’y peut-on? Tout le monde sauf quelques journalistes hardis qui n’hésitent pas, au péril de leur vie parfois — et non, je n’exagère rien, croyez-moi —, à dénoncer l’absurde. Ainsi le fait Frantz Duval dans son dernier article intitulé «Absè sou klou». Je ne la connaissais pas celle-là : l’abcès sur le clou. On parle au figuré, bien sûr, mais admettez que c’est une belle image de mal qui devient encore plus mauvais.

Qu’est-ce qui devient plus mauvais? Eh bien à vrai dire, tout! Martelly est malade et ce semble bien vrai, on parle d’embolie pulmonaire, on dit qu’il aurait pu en mourir, on dit qu’il se remet, mais le fait demeure : il brille surtout par son absence du pays, de ce pays dont il est le chef-en-chef. Il n'est pas là, certes, mais en principe, quand le président s’absente, quelqu'un assume la charge de maintenir la barre pointée sur le bon azimut, et ce rôle est habituellement celui du premier ministre. Mais le pays n’a pas encore de premier ministre reconnu! Si bien que, vous l’avez compris, c’est sur le pilote automatique que le pays fonctionne présentement. Et le pilote automatique, ça peut toujours aller sur une autoroute déserte, mais sur un parcours comme celui que suit la nation haïtienne, c’est un peu problématique…

En fait, c’est en peu de mots que Duval brosse le tableau peu reluisant de la situation générale qui prévaut actuellement dans le pays. Jusqu’aux fossoyeurs qui s’en mêlent! Tenez, je vous cite le passage textuel tellement il est éloquent :
«En Haïti, où tout arrive à la fois, les employés du cimetière de Port-au-Prince se sont mis en grève ce lundi pour réclamer six mois d'arriérés de salaire dus par la mairie de la ville. Pour frapper l'imagination, ils ont brûlé des cercueils devant l'entrée de la nécropole et empêché des enterrements d'y entrer.»
La situation est alarmante, ne minimisons rien. Hier, l’entrée routière à la capitale (Carrefour, comme on l’appelle) était bloquée par des manifestations dont les policiers se sont faits les complices passifs. Rien de rassurant, vous serez d’accord… «On est sur place, mais on ne fera aucune intervention», ont-ils déclaré le plus sérieusement du monde. La police. N’intervient. Pas. Je ne sais pas pour vous, mais il me semble que si j’étais un voleur ou un vandale, je me dirais «Let’s go! C’est le temps où jamais de tout saccager sans craintes de représailles!...» Je ne sais pas comment les choses vont évoluer mais je le redis : ce n’est pas tellement rassurant…

Heureusement, aujourd’hui, la route est rouverte. C’est lent, mais ça passe. De toute façon, ce goulot d’entonnoir est toujours lent, même dans les meilleurs moments, alors… Néanmoins cela ne veut pas dire que tout est rentré dans l’ordre, car demain est un autre jour et la foire risque de reprendre de plus belle. Bien sûr, on comprend l’insatisfaction croissante, on comprend la frustration et l'amertume, mais cela ne veut pas dire qu’on peut la résoudre en criant lapin. Au moins si le gouvernement avait les choses en main, on pourrait croire que, petit à petit, elles vont s’améliorer. Mais ce n'est pas le cas. En fait, dans la situation actuelle, il est permis de se le demander très sérieusement : qu’est-ce qui va nous tomber sur la tête, maintenant? Le ciel? Et pourquoi pas? La saison des ouragans est encore loin, mais sera tout de même au rendez-vous, chicanes politiques ou pas…

Ti peyi-a, comme le chante si bien Luck Mervil...

1 commentaire:

  1. Il faut définitivement être croyant dans ce pays... C'est, je crois, le seul 'état' qui peut donner de l'espoir...

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