dimanche 4 décembre 2011

Une sortie mondaine



Ici en Haïti, nous ne sortons pas souvent. D'abord les occasions ne sont pas si fréquentes que ça, puis une sortie le soir implique de conduire alors qu'il fait nuit, une chose que j'abhorre et que je crains – non sans raison, croyez-moi; enfin, nous sommes habituellement vannés en fin de journée et une sortie, quelle qu'elle soit, ajoute encore à cette fatigue.

Mais vendredi dernier, l'occasion valait le déplacement : notre nouvel ambassadeur, Paul-Henri Normandin, était de passage dans la région et avait invité les Canadiens de la zone à un 5 à 7 informel à un hôtel des Cayes. Le 5 à 7 se déroulait en fait entre 16h30 et 18h30, une plage horaire tout à fait convenable pour nous alors on s'est dit : pourquoi pas? Surtout que ce n'est pas tous les jours qu'un tel événement se produit...

Il faut que je précise ici que les Canadiens en général, incluant les Québécois en particulier, sont assez bien représentés au sud du pays. Il y a plusieurs projets plus ou moins politiques, plus ou moins étalés dans le temps qui rassemblent des gens de divers domaines de compétence. Mais nous ne nous côtoyons pas nécessairement. Certains sont plus grégaires que d'autres, certains préfèrent la compagnie d'Haïtiens, d'Américains, de Français, d'Italiens, certains sont seulement un peu sauvages... Si bien que les occasions de rencontrer les autres Canadiens que l'on sait actifs dans la région ne sont pas si fréquentes qu'on pourrait le croire. Alors l'invitation de l'Ambassade du Canada était appréciable à plus d'un titre, mais surtout pour faire connaissance avec le nouvel ambassadeur, le troisième depuis notre arrivée aux Cayes.

Personnellement, ces fonctions officielles de haut niveau ne m'attirent ni ne m'enchantent et j'ai une admiration bien sincère pour ceux et celles qui peuvent s'y sentir à l'aise suffisamment pour faire le travail requis et aussi pour que nous, petites gens bien ordinaires, puissions aussi nous sentir à l'aise en leur présence. Paul-Henri Normandin est l'un de ces hommes. Simple, chaleureux, cordial avec tout le monde, l'homme m'a immédiatement plu, ce qui n'est pas une réaction automatique de ma part, je vous le précise, surtout envers des personnages officiels. Nous avons bavardé avec un peu tout le monde et finalement, à l'heure dite (18h30, je vous le rappelle), nous avons quitté l'hôtel. Sans cérémonie. Alors, me direz-vous, kossa donne? Rien. Rien d'autre que le plaisir de faire connaissance avec des gens biens. Pourquoi faudrait-il que, parce qu'on rencontre le digne représentant du Canada en Haïti, l'on en tire un profit quelconque? L'ambassade est là pour nous assister, certes, mais assister n'est pas synonyme de se faire siphonner et je vois mal que ces occasions devraient servir à quémander, comme certains le croient, non sans arrogance d'ailleurs.

Cela dit, il y aurait long à dire sur la présence canadienne en Haïti – je parle ici de la présence politique – car elle est assez visible et plutôt bien acceptée. Les relations canado-haïtiennes sont cordiales et relativement efficaces et je pense que c'est une bonne chose pour nous, personnellement. En passant, je n'ai aucune fierté de dire que je suis Canadien ou Québécois et d'où viendrait cette fierté, je vous le demande? On ne choisit pas l'endroit où l'on naît : on compose avec, tout simplement. Je considère avoir eu beaucoup de chance en naissant dans ce pays d'hiver, mais tout comme la personne qui gagne à la loterie, on n'a pas à être fier d'avoir été favorisé par le sort. Ce qui ne m'empêche nullement d'apprécier ce privilège, car oui, c'en est un : parlez-en à n'importe quel Haïtien, si vous en doutez...

Quoi qu'il en soit, l'ambassadeur du Canada est un homme charmant qu'il nous a fait plaisir de rencontrer, juste comme ça. C'était ce que je voulais vous dire, tout simplement.


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