Ici en Haïti, nous ne
sortons pas souvent. D'abord les occasions ne sont pas si fréquentes
que ça, puis une sortie le soir implique de conduire alors qu'il
fait nuit, une chose que j'abhorre et que je crains – non sans raison,
croyez-moi; enfin, nous sommes
habituellement vannés en fin de journée et une sortie, quelle
qu'elle soit, ajoute encore à cette fatigue.
Mais vendredi dernier, l'occasion
valait le déplacement : notre nouvel ambassadeur, Paul-Henri
Normandin, était de passage dans la région et avait invité les
Canadiens de la zone à un 5 à 7 informel à un hôtel des Cayes. Le
5 à 7 se déroulait en fait entre 16h30 et 18h30, une plage horaire
tout à fait convenable pour nous alors on s'est dit : pourquoi pas? Surtout que ce n'est pas tous les jours qu'un tel événement se produit...
Il faut que je précise
ici que les Canadiens en général, incluant les Québécois en
particulier, sont assez bien représentés au sud du pays. Il y a
plusieurs projets plus ou moins politiques, plus ou moins étalés
dans le temps qui rassemblent des gens de divers domaines de
compétence. Mais nous ne nous côtoyons pas nécessairement.
Certains sont plus grégaires que d'autres, certains préfèrent la
compagnie d'Haïtiens, d'Américains, de Français, d'Italiens,
certains sont seulement un peu sauvages... Si bien que les occasions
de rencontrer les autres Canadiens que l'on sait actifs dans la région ne sont pas si fréquentes qu'on pourrait le croire. Alors
l'invitation de l'Ambassade du Canada était appréciable à plus
d'un titre, mais surtout pour faire connaissance avec le nouvel
ambassadeur, le troisième depuis notre arrivée aux Cayes.
Personnellement, ces
fonctions officielles de haut niveau ne m'attirent ni ne m'enchantent
et j'ai une admiration bien sincère pour ceux et celles qui peuvent
s'y sentir à l'aise suffisamment pour faire le travail requis et aussi pour que nous, petites gens bien
ordinaires, puissions aussi nous sentir à l'aise en leur présence.
Paul-Henri Normandin est l'un de ces hommes. Simple, chaleureux,
cordial avec tout le monde, l'homme m'a immédiatement plu, ce qui
n'est pas une réaction automatique de ma part, je vous le précise,
surtout envers des personnages officiels. Nous avons bavardé avec un
peu tout le monde et finalement, à l'heure dite (18h30, je vous le
rappelle), nous avons quitté l'hôtel. Sans cérémonie. Alors, me
direz-vous, kossa donne? Rien. Rien d'autre que le plaisir de faire
connaissance avec des gens biens. Pourquoi faudrait-il que, parce
qu'on rencontre le digne représentant du Canada en Haïti, l'on en
tire un profit quelconque? L'ambassade est là pour nous assister,
certes, mais assister n'est pas synonyme de se faire siphonner et je vois mal
que ces occasions devraient servir à quémander, comme certains le croient,
non sans arrogance d'ailleurs.
Cela dit, il y aurait long
à dire sur la présence canadienne en Haïti – je parle ici de la
présence politique – car elle est assez visible et plutôt bien
acceptée. Les relations canado-haïtiennes sont cordiales et
relativement efficaces et je pense que c'est une bonne chose pour
nous, personnellement. En passant, je n'ai aucune fierté de dire que
je suis Canadien ou Québécois et d'où viendrait cette fierté, je
vous le demande? On ne choisit pas l'endroit où l'on naît : on
compose avec, tout simplement. Je considère avoir eu beaucoup de
chance en naissant dans ce pays d'hiver, mais tout comme la personne
qui gagne à la loterie, on n'a pas à être fier d'avoir été
favorisé par le sort. Ce qui ne m'empêche nullement d'apprécier ce
privilège, car oui, c'en est un : parlez-en à n'importe quel
Haïtien, si vous en doutez...
Quoi qu'il en soit,
l'ambassadeur du Canada est un homme charmant qu'il nous a fait
plaisir de rencontrer, juste comme ça. C'était ce que je voulais
vous dire, tout simplement.
Bien hâte d'avoir plus de détails de vive voix.
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