jeudi 17 mars 2011

Le dénouement approche


Avez-vous hâte aux élections?

Certains ici, sans aucun doute, mais pas nous. Pas à lire ce que je viens de lire et qui nous annonce du grabuge aussitôt les élections passées, c'est-à-dire dès lundi prochain. Sans doute vaudrait-il mieux ne pas en faire de cas avant que la chose se passe réellement, mais je veux quand même vous avertir, au cas où...

Ce que l'on sent présentement, c'est la tension. Tension politique, bien sûr, mais tension sociale aussi. Et si vous regardez le profil des deux candidats, vous allez comprendre : l'un est une femme, l'autre un homme; l'un est jeune, l'autre est plutôt âgé; l'un est une intellectuelle formée à la Sorbonne (rien de moins), l'autre est un musicien populaire grivois, osé et fort populaire, justement; l'un est discret, l'autre exubérant; l'un sérieux, l'autre, ben...

Bref, comme contraste, il est difficile de faire mieux... Or, les partisans sont à l'image des candidats, n'est-ce pas? Car ici et quoi qu'on en dise, on ne vote pas pour un parti et son programme, on vote pour la personne, car c'est elle que l'on voit et qui porte le flambeau de l'espoir. Or et comme je vous le disais dans un texte précédent (l'espoir noir), l'espoir est tout dans ce pays où le désespoir n'existe pas. Il faut comprendre que les gens s'y accrochent avec, pour utiliser l'expression courante, l'énergie du désespoir, souhaitant, envers et contre tout, que les choses finissent par aller mieux. En fait, c'est cette forme d'espoir qui a permis à Aristide de triompher jadis : il s'est présenté comme le sauveur du peuple, dont il était issu et s'en est fait le porte-parole. On l'a cru. On l'a cru incorruptible, on l'a cru chevalresque, on l'a cru sans peur ni reproches, alors qu'il n'était qu'humain. Et même en dépit de ces failles, plusieurs croient encore en lui, d'où la raison sans doute pour laquelle un tas de gens sérieux, surtout du côté international, ne voient pas son retour d'un très bon œil... Mais bon, tant qu'à brouiller les cartes, aussi bien les brouiller pour la peine...

Toujours est-il que ces élections ne laissent personne indifférent, bien que les gens ordinaires s'y sentent beaucoup moins concernés que les intellectuels. Mais les partisans sont chauds, des deux côtés, et peu importe qui va l'emporter, on peut s'attendre à des jolies étincelles -- de joie ou de dépit, l'effet reste le même, vous êtes d'accord, j'en suis sûr. Or, il suffit d'un baril de poudre mal placé pour que ces étincelles fassent un carnage... Donc, oui, d'une certaine façon, on a hâte et la lutte s'annonce enlevante, comparable même, selon cet article, à un match de football (soccer pour les Nord-américains acharnés) entre le Brésil et l'Argentine! L'issue reste donc incertaine, même si les sondages -- pour peu que l'on puisse s'y fier -- donnent Martelly gagnant. Souhaitons-le, non pas pour la valeur du candidat comme pour ce qu'on nous promet s'il se trouve évincé. Car oui, je le redis, les partisans de Martelly sont à l'image de leur idole : extravertis expressifs expansifs. Ils sont jeunes et ils sont "chauds". Et ils n'ont peur de rien car ils n'ont rien à perdre. Baril de poudre, dites-vous? J'ai tendance à croire comme vous. Mais un baril de poudre n'est rien, tant qu'il n'est pas soumis aux projections d'étincelles, on est d'accord là-dessus... Alors il faut espérer que les étincelles qui fuseront de part et d'autre n'atteindront pas la poudrière car là, les amis, Bondye sèl konnen! Reste que c'est un suspense pour tout le monde, y compris pour nous, quoique pas exactement pour les mêmes raisons...

En fait et comme je l'ai entendu à plusieurs reprises de sources différentes, c'est ou bien Martelly, ou bien la révolution. Comme alternative, disons que ça ne laisse pas une marge de manœuvre à tout casser à la démocratie, mais bon. Et parlant de démocratie, je ne vous apprends rien en vous disant que "Titid" arrive demain, n'est-ce pas? Oui, oui, il s'agit bien de l'ex-président Aristide, en exil depuis 7 ans en Afrique du Sud et qui a choisi justement ce moment pour refaire surface au pays, sans doute juste pour faire diversion ou pour renouer avec le pays qui l'a vu naître. Qui pourrait lui en vouloir? Mais le timing est disons... drôle, et c'est un euphémisme, vous l'avez deviné...

Alors non, nous n'avons pas spécialement hâte aux élections, mais plutôt hâte que les élections soient choses du passé, que la poussière soit retombée et que la vie reprenne son cours normal, pour peu que l'on puisse parler de normalité dans ce pays où l'improvisation est reine.

Mais l'image que je vous donne (ci-dessus) est aussi vraie que le reste!

Aucun commentaire:

Publier un commentaire