lundi 28 mars 2011

Cherchez l'erreur...


Voyant la photo ci-dessus, vous vous êtes demandé c'était quoi l'attrape; vous êtes restés perplexes; puis vous avez souri, ou bien carrément ri. Et pourtant, ce n'est pas une blague. Moi, j'en ai presque pleuré. Des fois, c'est tellement décourageant, vous ne pouvez pas savoir. On demande une chose simple qu'on croit évidente et on obtient un résultat qui défie l'entendement humain. Même celui des enfants, tiens. Car bien que n'ayant pas testé la chose, je soupçonne que si l'on posait la question à un enfant en lui demandant ce qui cloche dans la photo ci-dessus, il vous le dirait sans hésiter. Et pourtant, pourtant, l'homme l'a fait, et pas avec l'idée de faire une bonne blague, et c'est précisément ce qui rend la chose si triste... Car dites-moi : comment peut-on prétendre améliorer les choses quand on met deux poignées sur une même porte?

Vous vous demandez comment cela peut être possible? Tout simplement, la porte avait une poignée normale et un pêne dormant au-dessus, comme c'est souvent le cas lorsqu'on veut plus de sécurité. Mais comme nous n'avions pas vraiment besoin de plus de sécurité et comme le verrouillage de la porte nécessitait absolument une clé, nous avons opté pour changer la poignée par une qui peut se verrouiller sans clé (avec bouton à l'intérieur). Mais notre génie de la maintenance a simplement retiré le pêne dormant et l'a remplacé par la poignée qui peut se verrouiller sans clé. Et voilà! Simple comme bonjour, et extrêmement efficace car maintenant, il faut deux mains pour ouvrir la porte : une pour chaque poignée! Non mais dites-moi : est-ce moi qui manque de patience ou bien si on n'est vraiment dans le monde d'Alice au pays des merveilles? À moins que ce ne soit l'une des ces scènes tordues typiques de "Caméra cachée" ou des émissions du genre, bref, là où on utilise le ridicule sciemment pour faire rire les spectateurs... Mais ici, non. C'est la logique du jour. Ou sa non-logique, un peu comme dans La Cantatrice chauve, de Ionesco, où la dame (Mme Smith) répond à son époux qui lui demande pourquoi il ne va pas répondre à la porte quand on sonne :  «L’expérience nous apprend que lorsqu’on entend sonner à la porte, c’est qu’il n’y a jamais personne.» Mais nous sommes dans le théâtre de l'absurde et des situations comme ça y trouvent leur place. Ici, c'est la même chose, sauf que ce n'est pas du théâtre... Des fois, je vous dis, la patience est ici mise à rude épreuve... Et pour dire vrai, même la patience la plus admirable trouvera ici sa ligne de fracture. Et la rage de dents qui s'ensuit n'est jamais agréable pour personne... Dans le cas de cet employé, j'ai trouvé la chose tellement bouffonne que je ne l'ai même pas réprimandé. À quoi bon? S'il l'a fait, c'est qu'il trouvait la chose acceptable, pas vrai? Alors pourquoi devrais-je me battre avec lui pour lui inculquer des notions dont il n'a, a priori, rien à branler? J'ai décidé de laisser les deux poignées en place, afin qu'un maximum de gens les voient et qu'elles s'en étonnent. Eh bien je puis vous dire, après maintenant trois jours, que les gens haussent un peu les sourcils, j'en ai même vu esquisser un bref sourire, mais pour la vaste majorité, il n'y a là rien à redire. C'est comme ça? Eh bien c'est comme ça.

Je vous ai déjà dit à quel point les Haïtiens en général (et vous savez que je n'aime pas parler des «Haïtiens en général») sont tolérants et accommodants. Vous mettez une boîte de carton vide au milieu d'un corridor. Je vous parie ma plus belle chemise haïtienne (celle que j'ai pariée l'autre jour, mais que vous n'avez pas gagnée) que cent personnes passeront dans le corridor, feront le tour de la boîte sans la déranger et sans s'étonner de sa présence en ces lieux. Pas par nonchalance, pas par apathie, pas par méfiance ni par peur de se mêler de ce qui ne les regarde pas; pas par moquerie; non. Simplement par tolérance. C'est précisément pour cette raison que je vous avais dit, parlant des séquelles du séisme, que le peuple n'allait sûrement pas attendre la reconstruction du pays pour continuer d'y vivre... Le temps m'a donné raison trois fois plutôt qu'une... Et parlant de séisme, je vous disais aussi qu'au Japon, on n'allait sûrement pas passer des mois à se poser la question de savoir comment aborder la reconstruction. Eh bien sont déjà à pied d’œuvre, nos amis nippons... Mais Haïti n'est pas le Japon, et si ce dernier pays est plus efficace, ça ne veut pas dire que ses habitants y soient plus heureux, songez-y bien...

Allez, je ne vous en dis pas plus long. Il faut encore que j'aille fermer la porte à double tour -- un tour pour chaque poignée...

3 commentaires:

  1. Bonjour cher auteur fabuleux,
    Je suis un grand fan de vos ecrits, et pour vous dire clairement, je les aime. Cependant a travers de vos idees critiques sur les haitiens, je me demande si reellement vous souhaitez un changement pour ce peuple tres pauvre.Concernant la porte dont vous parlez, je suis tout a fait d'accord avec vous sur ce veritable amalgame fait sur les haitiens "les haitiens sont tres tolerants".Mais vous aurriez pu aider cette personne a corriger ses lacunes, peut-etre qui n'a meme pas une notion theorique sur sa dite profession, au lieu de la critiquer lachement. Je ne vous demande pas d'inculquer la connaissance en lui car nous avons tous une predisposition inee a la connaissace. Donc, Le vrai homme critique pour corriger, ameliorer, le vrai homme est celui qui s'engage a l'amelioration des choses du monde, pas de son pays seulement, puisque le vrai homme est altruiste avant. Ah bon, je comprend, aurriez-vous eu peur de ne plus trouver rien a ecrire sur lui la prochaine fois? Donc, c'est l'egoisme? C'est la raison pour laquelle les choses vont de pire en pire en Haiti? Ceux,soi-disant, qui sont en Haiti pour nous aider ne font que profiter de nous, ils font de la politique avec notre image triste, ils font calmer leur peuple avec notre image. Je peux vous le dire Mr. l'AUTEUR, il ya des hommes en Haiti qui veulent changement et qui luttent pour le changement mais ils sont bloques par des forces externes qui representent une barriere en acier, qui empechent le developpement de ce pays, car c'est ici qu'ils tirent leurs profits. Merci!

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  2. Belle tirade mon cher! Compliments! Dommage qu'elle ne soit pas signée!

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  3. Dear Richard,
    I want you to know that your last blog about the door knob was more helpful to me than anything I’ve read in a very long time. Not only was it funny, but you offered insight as to the minds of Haitians, while maintaining their respect and dignity.
    It was great and a gift!
    My best to you and Chantal,
    Michele

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