vendredi 29 mars 2013

Vendredi Saint


Vendredi saint… Pour plusieurs, le jour est encore synonyme de tristesse profonde associée à la mort du Christ sur la croix. Je les respecte. Mais pour nous, je le dis au risque de passer pour un mauvais chrétien, c’est d’abord et avant tout un congé, et un congé, ça se prend toujours, je pense que nous serons d’accord là-dessus.

Reste qu’il fut un temps (note orthographique : pour ceux ou celles qui se demandent s’il ne faut pas mettre un accent circonflexe sur le u de fut, c’est non, car il s’agit ici d’un passé simple et non d’un subjonctif imparfait, comme dans j’aurais aimé qu’il fût plus riche. Voilà, vous savez tout maintenant), un temps donc où le Vendredi saint, jour du traditionnel congé pascal (de Jeudi saint au lundi de Pâques inclusivement), était fortement teinté de religiosité puisqu’il fallait assister à la terrible cérémonie du Vendredi saint qui nous faisait revivre la passion de Jésus et sa triste et célèbre fin sur la croix. C’est d’un dramatique, mes amis… En fait, toute la passion du Christ est extrêmement dramatique, avec la flagellation, la couronne d’épine, sa rencontre avec Ponce Pilate, toutes choses que vous connaissez forcément si vous êtes un tant soit peu chrétien. Car on nous l’a tellement répétée que l’histoire a fini par s’incruster, pas vrai! Mais c’est une belle histoire dont le héros meurt, mais dans un tel élan de magnanimité qu’on s’en sent grandi. Or, n’est-ce pas à cela que servent les héros? Et puis un héros mort dont on sait qu’il va ressusciter, n’est pas une fin digne des plus grandes productions hollywoodiennes?

Que les puristes se rassurent ici : je ne fais nullement dans le sarcasme, bien au contraire. Moi, je l’aimais bien l’office du Vendredi saint. Surtout que toutes les filles de la paroisse y allaient et bon, ça nous donnait un peu l’occasion à nous, les garçons timides, de les zyeuter de loin voire parfois, d’échanger un petit sourire en coin. En coin, dis-je bien! Rien de séducteur là-dedans, rien pour s’y méprendre! Mais c’était tout de même un demi-sourire qui illuminait la passion (je parle de l'office religieux, bien sûr) et qui en rendait l’écoute moins plate. Car pour être plate, cette lecture, mono-tonale et monotone l’était assurément et c’est sans doute pour cette raison qu’on nous faisait rester debout : pour ne pas qu’on s’endorme d’ennui! (Ce qui se produisait tout de même parfois, remarquez…)

Aujourd’hui, au Québec du moins, la tradition est moins vive. Toujours vivante, oui, mais moins vive. Moins astreignante du coup. Ici en Haïti, en revanche, elle est toujours aussi intensément vécue, avec de longs et mortuaires offices qui se font la compétition pour aller chercher le plus vaste auditoire possible. Je ne sais pour les autres, mais je puis vous garantir que nos voisins, les adventistes, ne sont pas en reste sur ce point : depuis quelques heures, ils nous passent des enregistrements de la musique qu’ils chantent pendant leur office. Tu parles!... Néanmoins, à leur défense, je dois dire que ces enregistrements sont, musicalement parlant, tout à fait harmonieux, avec de fort belles voix et une bonne instrumentation. Quel dommage que la réalité live soit tout autre!... Mais bon. Le Christ est mort et c’était un personnage important alors la commémoration de cette mort semble tout à fait dans l’ordre des choses historiques, et pourquoi ne le serait-elle pas?

Mais il me semble que pour les circonstances, un peu de silence ne nuirait pas…

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