jeudi 14 mars 2013

Le début du retour


Nous avions deux raisons de nous rendre à Bocas del Toro : la première, évidente, parce que l’endroit est réputé pour être très pittoresque et qu’il constitue la fin d’un parcours panaméen. Mais la seconde mérite une mention particulière : nous espérions y retrouver nos nouveaux amis, les Français Yves et Christine rencontrés à la plage de Destiladeros (près de Pedasi) chez l’incommensurable Philippe. Et pour une fois, les choses se sont passées selon le plan.

Or je vous dirai que, nonobstant la valeur des attraits touristiques, rencontrer des gens qui nous plaisent et qui semblent apprécier notre compagnie constitue sans doute ce qui fait le succès d’un voyage. Car ces rencontres ne sont jamais ordinaires : en quelques heures, on se sent avec certaines personnes comme si on avait gardé les cochons ensemble et le courant passe. Il faut dire que Yves et Christine sont de notre espèce : un couple qui arrive dans un Panama dont ils ne connaissent rien, qui loue une voiture comme nous et qui, comme nous, arpente le pays le nez au vent. Cela est suffisant pour que nos rapports deviennent vite cordiaux, amicaux même et représentent une valeur ajoutée au pittoresque des lieux. Ce dont Bocas ne manque pas d'ailleurs. Le tour à bicyclette et l’excursion le jour suivant dans les îles avoisinantes se révéleront à la hauteur de nos attentes et le farniente au petit hôtel dont la terrasse forme un quai sur la mer complètera aisément ce tableau idyllique. Fait digne de mention : l’endroit regorge de jeunes touristes de toutes nationalités, Européens pour la majorité, ce qui donne un air un peu hippie rétro à la ville et n’enlève rien à son charme, on s’en doute.

Et puis arrive le moment de reprendre la route, car il faut déjà penser au retour. La cordillère, cette fois, se passe sans brouillard et nous offre de belles perspectives sur la forêt équatoriale. Mais ces forêts, souvent appelées sur le calque de l'anglais *forêts pluviales, portent bien leur nom : il y pleut beaucoup, en fait, probablement tout le temps, sous forme de crachin ou sous forme d’averses diluviennes, en tout cas, tout est toujours mouillé. Comment des gens peuvent vivre à longueur d’année dans un tel climat dépasse mon entendement. Car c’est bien joli, oui, mais le confort, avec un taux d’humidité à près de 100% à longueur d’année, me paraît douteux. Mais, comme on dit en Haïti, lakay, se lakay…

Et puis nous voilà de retour sur la panaméricaine où nous nous faisons bêtement prendre dans le piège à cons du coin : une zone soudaine de vitesse limitée à 40 km où le radar me prend à 92 km, malgré le puissant coup de frein que je donne en voyant la police. Le policier commence par nous dire que la contravention de $75 doit se payer à la capitale. Nous rechignons à l’idée, car qui a envie de se perdre dans Panama pour payer une vulgaire contravention? «Très bien, dit le policier, donnez-moi $50 et je vous arrange le tout.» Inutile de dire que l’on commence à le voir venir avec ses gros sabots… On hésite. Ce voyant, le brave homme annonce que pour $20, tout sera dit, ce que je me dépêche de conclure séance tenante. Et l’on repart de plus belle. Je sais que vous allez penser corruption; mais pour moi, je préfère plutôt parler d’arrangement à l’amiable duquel tout le monde sort gagnant. Le plus drôle c’est que, retrouvant nos nouveaux amis français en fin de journée, nous apprendrons qu’ils se seront fait prendre au même endroit que nous, mais que les montants avaient été simplement doublés, avec une contravention de départ de $150 (il roulait 75 km) qui s’est conclue à $40… Le pigeon suivant aura-t-il eu à débourser $60? Nul ne le sait…

Et dire qu’il s’en trouve encore pour dire que les voyages forment la jeunesse... Et nous alors? Vous croyez qu’on n’apprend plus rien?

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