dimanche 10 mars 2013

« C'est ridicule »


Vous avez remarqué que le titre de ce texte est entre guillemets. Ce qui signifie que ce sont des paroles rapportées. Ce pourrait tout aussi bien être celles de Balzac que de Hugo, Dumas que de Racine, mais non, ce sont simplement les propos de ma tendre moitié, répétés au moins cent fois, alors que nous déambulions dans le minuscule mais labyrinthique village de Santa Fe. Ridicule dans le sens : comment pouvons-nous ne pas trouver ce qui devrait se trouver tout juste après le prochain tournant à gauche? Et on vire, et on tourne, et on retourne, jusqu’à ce que s’enquérant à une gentille dame de l’endroit que nous cherchions — le café Internet local pour tout vous dire — , elle nous désigne la maison derrière elle et ajoutant, avec le plus beau des sourires : «Pourquoi ne pas avoir demandé plutôt que tourner en rond comme ça?» Eh bien justement, chère madame, nous avons demandé et c’est bien ça qui est le problème : on nous a dit de tourner, nous avons tourné, puis tourné, puis tourné à nouveau, puis retourné sur nos pas au point d’en avoir le mal de mer… Je blague bien sûr, mais à peine. Aucune indication, aucun nom de rue, aucun édifice digne de ce nom qui pourrait servir de point de repère, que des rues qui montent et — fatalement — descendent et qui tournent et qui se rejoignent si bien qu’on passe et repasse devant le même endroit dix fois et lorsqu’on veut le retrouver ultérieurement, on passe une demi-heure à le chercher en vain... Asi es Santa Fe. Tout ça pour une connexion qui ne fonctionnait même pas!

Tout de même, le village à 500 m d’altitude dans un décor très bucolique et pittoresque nous séduit et nous y prendrons une chambre pour la nuit. Ne reste plus qu’à trouver un restaurant où nous pourrons nous restaurer (car sinon, à quoi sert un restaurant, je vous le demande…). Or, celui — et remarquez ici la marque du singulier — qu’on nous recommande et qui est censé fermer à 19h et déjà fermé et il n’est que 18h30. Qu’à cela ne tienne, nous en trouverons un autre. Typiquement local. Le repas, à $3, est copieux et ma foi, plutôt bon. Trois chiens attendent patiemment qu’on partage avec eux quelques morceaux de notre poulet — ce que nous faisons, bien sûr — la musique du bar voisin tonitrue, les clients sont rares, mais l’ambiance n’a pas de prix.

Et maintenant? Pourrons-nous, en pleine noirceur, retrouver notre hôtel? Eh bien croyez-le ou non, en tournant à gauche, puis à gauche encore, puis à droite, puis encore à gauche, on y arrivera presque pile. Comme quoi l’orientation est une faculté qui se développe quand il le faut!

Le lendemain, nous poursuivons notre route vers le nord — pardon, je veux dire vers l’ouest — pour atteindre Boquete, une jolie petite ville dont les rues sont droites et perpendiculaires les unes aux autres; une ville normale, quoi. Notre hôtel est très convenable et ce matin, en allant prendre notre petit déjeuner, que voyons-nous, en cage et bien en plume et en os creux : le toucan de la photo! D’abord, on a cru qu’il était en plastique, tellement il était si exagérément coloré, mais quand il s’est décidé à prendre son bain, il fallut nous rendre à l’évidence : c’était un vrai! De quoi vous donner envie d’un bol de Froot Loops, tiens…

Et aujourd’hui, la finale de notre parcours routier panaméen, Bocas del Toro, du côté de l’Atlantique, et qui est en fait un archipel où l’on accède qu’à pied — après la course en bateau d’une demi-heure, je le précise. De là, il nous restera plus qu’à retourner à Panama… Mais je vous reviens pour en dire un peu plus sur ce petit coin assez pittoresque qui, comme dirait un guide Michelin, vaut le détour. Vraiment.

Et je ne vous parle pas de la traversée de la cordillère dans un brouillard à couper au couteau…

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