jeudi 25 octobre 2012

Tempête tropicale


Me revoilà. Bien tard, je n’en disconviens. J’aurais plusieurs bonnes raisons à invoquer pour justifier ce long délai depuis mon dernier texte. Mais pourquoi le ferais-je? Je sais que vous me pardonnez tout…

Paradoxalement, ce ne sont pas les sujets qui m’ont fait défaut. La fête des 30 ans de notre vénérable institution, la maladie, la visite… auraient pu et pourraient encore constituer autant de sujets sur lesquels je pourrais m’élancer. Mais avec votre permission, je passe. Car le sujet du jour mérite toute mon attention et c’est ce que je choisis de partager avec vous aujourd’hui. Et le sujet du jour, vous vous en doutez si vous suivez un tant soit peu les nouvelles en provenance des tropiques, c’est ce fameux ouragan SANDY, qu’on a vu apparaître sur les cartes de la NHC la semaine dernière et qui n’avait rien d’inquiétant puisqu’il semblait en voie de se former à l’ouest de l’île d’Hispaniola — notre île, en fait — et donc, pas de danger majeur pour nous. En plus, cet ouragan s’annonçait comme une faible tempête tropicale, alors on se disait que, dans le pire des cas, on aurait un peu de pluie et tout serait dit…

Tout cela était vrai… virtuellement. Car en réalité, quand les trombes d’eau ont commencé à nous tomber dessus et le vent à étêter les palmiers, il a bien fallu admettre qu’on était devant une vraie tempête, une des plus mauvaises qui soient passées depuis 2007, depuis que nous habitons sous ces latitudes. Comme on dit par ici, nou mele, qu’on peut traduire librement par : on est dans la merde. Car la pluie, ne l’oublions pas, c’est de l’eau. Qui vient du ciel et qui aboutit sur la terre où elle s’accumule rapidement, surtout si, comme c’est le cas en ce pays, le sol durci ne l’absorbe que peu ou pas du tout. Conséquence : les torrents se multiplient, s’entrelacent, se joignent et se rejoignent, forment des ruisseaux, des rivières capables d’emporter les ponts, les maisons, les gens… bref, un désastre. Socialement, la perception de la tempête ressemble un peu à celle d’une tempête de neige au nord : excitation vaguement festive, mêlée d’agacement quand il faut vraiment faire avec, sur la route surtout… Mais ici, l’excitation devient vite angoisse, puis résignation à devoir passer la nuit debout lorsque l’eau «envahit» la maison, puisque, souvent par ici, les gens dorment à même le sol en terre battue, alors je vous laisse imaginer… Quant à manger, puisque tout se fait au jour le jour, la pluie constitue dans ce cas un obstacle de taille, souvent insurmontable et si elle dure, eh bien il y en a des pas gros qui maigrissent encore un peu plus...

Car il faut bien le dire : la pluie, si nécessaire pour la santé de la terre et la production agricole, représente une réelle épreuve quand elle devient excessive. Haïti, plus encore que ses sœurs antillaises, est un pays de soleil. Non seulement on le tient pour acquis, mais son absence déstabilise et insécurise. Car si tout le monde apprécie une bonne petite ondée rafraîchissante et nourricière de la terre, les pluies diluviennes engendrent une pléthore de problèmes dont personne, pas même nous les nantis, n’est à l’abri.

Mais le proverbe le dit : «Après la pluie le beau temps». Et ici, on peut le prendre au pied de la lettre, sans la moindre nuance, sans le moindre doute quant à sa véracité. Le beau temps va revenir, pas aujourd’hui, peut-être pas demain, mais il va revenir et s’installer à demeure.

N’empêche que, comme le souligne ma chère amie Diane sur son profil Facebook, «...le Sud en octobre, pensez-y 2 fois». Car tout n’est pas toujours carte postale en cette saison.

Mais qui voudrait d’un cliché pour illustrer ce pays de la démesure?

1 commentaire:

  1. Content de te lire! Je pensais que tu t'étais mouché suite à ton article précédent... :-) Ti-frem.

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