mardi 2 octobre 2012

L'humour qui dérange


Comme bien des gens, j’aime lire La Presse sur son site Web. Pour nous, c’est affaire de garder contact avec notre pays natal et de savoir un peu ce qui s’y passe. J’avoue que je n’ai pas de parti pris envers les journalistes, mon adhésion allant plutôt à ceux et celles qui savent écrire qu’à ceux qui n’en finissent plus d’étaler leur indignation… Si bien que, Foglia mis à part, je lis tantôt l’un tantôt l’autre, sans faire de jalousie.

C’est ainsi que j’ai lu, la semaine dernière, le texte tout à fait succulent de Lysiane Gagnon, intitulé La leçon des carrés rouges. Texte succulent parce qu’il s’inscrit dans la tradition satirique d’un Montesquieu dans ses Lettres persanes, par exemple. Succulent par son ironie mordante et son sens de l’à-propos. Or, lorsqu’un ou une journaliste utilise la satire pour faire passer son message, ce n’est pas toujours gagné d’avance, car si certains, certaines manipulent l’ironie avec brio, d’autres s’y embourbent. Mais cette «lettre aux employés de Gentilly 2» m’a fait sourire et je n’y ai rien vu de bien méchant, sinon la critique déguisée qu’un Usbek aurait pu élaborer à la suite des événements du printemps dernier au Québec.

Or, quelle ne fut pas ma surprise de lire, ce matin, la mise au point que Mme Gagnon s’est dit obligée de faire à la suite de ses propos qui ont été pris au pied de la lettre par une vaste proportion de lecteurs et de lectrices! J’ai suis resté baba. Sans doute s’en trouve-t-il aussi pour croire tout ce qu’affirme Martin Masse sur lui-même…! Mais fallait-il vraiment qu’elle mette les points sur les «i»? Fallait-il vraiment qu’elle nous dise que son article n’avait rien à voir avec Gentilly, mais plutôt avec la mécanique sociale qui sous-tend toute protestation populaire? Elle s’est moquée et bien moquée. Littérairement moquée. Elle n’a pointé du doigt personne, n’a descendu en flammes personne, n’a injurié personne, a simplement résumé la saga québécoise qui a servi de prélude aux élections. Ironiquement. À un second niveau. Rien n’était à prendre au pied de la lettre, mais il fallait comprendre l’intention de l’auteure : nous offrir un tableau de ce vaudeville qui, vu de l’extérieur, n’avait rien de grandiose, je vous le dis tout net. Et je pense que la première qualité d’une personne ou d’un peuple mature, c’est bien de pouvoir rire de soi-même, même si ce que dépeint Mme Gagnon dans sa Leçon des carrés rouges risque de faire rire jaune…

Le pire, c’est qu’ici, en Haïti, il faut faire bien attention à l’ironie, tout simplement parce qu’elle est souvent non détectée et que les propos qu’on voudrait dire avec la «langue dans la joue» (tongue in cheek, comme disent nos voisins) sont souvent pris au premier degré avec, parfois, des conséquences dramatiques. Au début, c’est assez désemparant, mais on apprend vite à s'ajuster et à faire des blagues grosses et enfantines, seules capables de déclencher le rire et la joie sans arrière-pensée. Cela s’explique sans doute parce que le niveau d’éducation haïtien est souvent bas, voire insuffisant pour détecter les niveaux de langue, a fortiori si cette langue est le français au lieu du créole. Mais au Québec? J’avoue que j’en reste assez étonné…

En tout cas le texte de Mme Gagnon m’a bien fait sourire et sa mise au point m’a semblé tout à fait superflue. Mais bon. Si on me dit que c’était nécessaire…

Le plus drôle, j’oserais dire le comble de l’ironie, je vous le donne en mille avec ce titre du Nouvelliste national : «Lavalas donne un carton rouge à Martelly!» (photo ci-dessus)

Avouons qu’elle est plutôt drôle!!!

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