mercredi 27 juin 2012

Démolir pour mieux construire?


Je suis toujours intéressé de lire ce que la presse internationale raconte au sujet d’Haïti et de ses problèmes que l’on sait chroniques. Et en lisant cet entrefilet hier, je me suis dit qu’un rectificatif s’imposait, ou à tout le moins quelques précisions pour étoffer un tant soit peu le sujet.

En gros, c’est que l’article semble dire que le gouvernement, sans cœur, chasse les pauvres gens et démolit leur maison, sans souci de les reloger. Cela n’est pas entièrement faux, mais c'est loin d'être vrai. Car il faut comprendre que nombre de gens se sont installés un peu partout et, comme tout bon squatter, refusent maintenant de quitter ces lieux qu’ils prétendent leurs. Or, ce que l’histoire ne dit pas c’est ce flan de montagne (morne l'Hôpital, c'est comme ça qu'elle s'appelle) est totalement impropre à la construction, surtout en raison de son sol meuble et sujet à des érosions majeures en temps de pluie, lequel a déjà fait de nombreuses victimes. En outre, le ministère de l’Environnement, lequel est chargé de ce dossier, offre aux résidents actuels des compensations qui n’ont rien à voir avec ce que l’article annonce, lorsqu’on parle de $500 US, car selon Le Nouvelliste, les sommes proposées atteindraient jusqu’à 125,000 G pour les propriétaires, soit un peu plus de $3,000 au taux de change actuel. En plus, on donne aussi le terrain aux expropriés afin qu’ils puissent se reconstruire sans avoir à faire ce déboursé. Évidemment, vous me direz que pour une relocalisation, c’est peu. Je suis d’accord. Mais c’est quand même mieux que rien dans les circonstances. Sauf que les gens concernés voient l’offre gouvernementale comme une belle occasion de faire un joli petit profit et demandent rien de moins que le million de gourdes, soit environ $25,000 pour déménager. Même à distance, vous voyez se poindre le dialogue de sourds… Le ministère affirme qu’il ne peut absolument pas offrir cette somme, et pour ma part, je le crois sur parole. Mais les gens concernés ne l’entendent pas de cette oreille et refusent de bouger moyennant l’octroi de ladite somme. Et, entretemps, pour montrer qu’ils sont sérieux, ils manifestent en bloquant les rues du secteur et en faisant chier (oups! langage irrévérencieux!) le reste des gens qui, si j’en crois ce que j’en grappille, ne sont pas très sympathiques à leur cause qu’on juge un peu trop opportuniste.

Si je vous dis tout ça, ce n’est pas juste pour vous parler des misères du peuple haïtien, mais aussi pour faire un parallèle avec une situation que vous connaissez très bien, gens du Québec. Certes, vous me direz que «au Québec, c’est pas pareil.» Je ne dis pas que ce l’est. Mais remarquez que la mentalité du «après moi le déluge» transparaît bien dans les deux cas et c’est précisément là que le bât blesse… Je n’ai pas besoin, je pense, d’en dire plus…

Quoi qu’il en soit, la reconstruction du pays, puisque c’est ce dont je parle aujourd’hui, se heurte à bien des obstacles, dont l’argent qui n’est jamais suffisant, la main-d’œuvre qui n’est jamais assez compétente, l’équipement qui n’est jamais disponible ou en bon état de marche, sans oublier la bureaucratie, les revendications territoriales impossibles à trancher et l’avidité de certains. Bref, 400,000 personnes vivant encore dans des conditions précaires deux ans et demi après le séisme peut sembler énorme, mais en regard des obstacles à surmonter, je trouve la performance plus qu’honorable. Et ça se poursuit jour après jour…

Somme toute et quoi qu’on en dise, je trouve pour ma part que le pays s’améliore. Certes, il reste encore beaucoup à faire pour arriver quelque part, mais les voiles administratives sont visiblement gonflées par une bonne brise qui pousse le navire haïtien vers des terres plus sereines. Reste à espérer que la brise ne va se transformer en ouragan de force 5, comme il arrive si souvent sous ces latitudes…

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