mardi 13 mars 2012

Avancer l'heure


Des fois, on se questionne… On cherche à comprendre le pourquoi des choses. À voir une logique même si elle n’est pas apparente. C'est le propre de tout esprit cartésien. Parfois, cette recherche porte ses fruits et l’on se couche alors moins niais, heureux d’avoir compris quelque chose qu’on ne comprenait pas avant analyse. D’autres fois, même si l’on examine les faits avec soin, on ne comprend toujours pas. C’est le cas du passage à l’heure avancée que le gouvernement haïtien vient de promulguer et qui est entré en vigueur ce dimanche dernier, comme pour vous tous, gens du nord.

Sauf que, pour vous, gens du nord, ce passage est logique et sensé. Certes, les nuits sont toujours plus longues que les jours, et ce, jusqu’à l’équinoxe du printemps à peu près (car comme vous le savez sans doute tous et toutes, l’équinoxe ne correspond pas toujours à l’équilux, n’est-ce pas), laquelle se produira cette année le 20 mars. Par la suite, la durée du jour va croissante et dépasse de beaucoup celle de la nuit. Mais il y a un décalage vers le matin, de sorte qu’à l’heure dite «normale», il ferait jour à 3 h du matin sous nos latitudes nordiques, ce qui est un peu tôt, admettons-le. En ce sens, l’heure avancée est une convention tout à fait sensée qui permet effectivement de profiter d’un maximum de lumière naturelle aux heures qui correspondent aux activités diurnes normales. Mais ici, sous cette latitude, le phénomène n’est pas du tout le même et si les jours s’allongent, leur durée est à peine supérieure à ce que l’on a en plein mois de décembre — au pif comme ça, je dirais environ une heure au total. Alors dites-moi : vaut-il vraiment la peine de changer l’heure pour tenir compte de cette différence? Et l’heure qu’on avance, ne la perd-on pas le matin? En tout cas, c’est bien l’impression que nous avons car depuis dimanche matin, à notre heure habituelle du lever (6 h), c’est encore la nuit, parce que maintenant, à l’heure avancée, 6 h correspond au temps qu’il était à 5 h auparavant. Vous me suivez? Si bien que hier matin, tout le monde se plaignait d’avoir à préparer les enfants pour l’école en pleine noirceur et dites-moi maintenant où est l’avantage. Une heure supplémentaire le soir? Qui s’en soucie? Tout le monde a fini ses activités et se prépare pour la nuit. Car ne l’oublions pas : en Haïti, on se lève et se couche tôt et la journée se passe principalement avant midi. D’où sans doute la raison pour laquelle, dès midi, on dit «bonsoir!» lorsqu’on se salue. Alors l’heure supplémentaire du soir, qu’est-ce qu’on en a à cirer, je vous le demande?

Mais tout le monde le fait, alors pourquoi pas Haïti? C’est en tout cas la seule explication que j’ai pu trouver à l’arrêté présidentiel : imiter les autres. Sauf que les autres ont une raison astronomiquement valable que nous n’avons pas. Bien sûr, on annonce aussi que la mesure vise à faire faire des économies d’énergie au pays, mais ça aussi, ça sent le réchauffé… Car d’abord, l’énergie est distribuée au compte-gouttes, dans ce pays, et ensuite, quand on veut l’économiser, c’est simple : on coupe le courant et le tour est joué!

Mais, comme toujours, malgré quelques protestations bien polies, on s’adapte et on abdique. On se lève à la noirceur, on se débarbouille en vitesse et on attend que le jour se lève dans sa splendeur habituelle.

Au fond, qu’est-ce qui a vraiment changé?

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