vendredi 1 juillet 2011

État de la situation


J'aime bien le premier du mois. Pas seulement s'il s'agit, comme c'est le cas aujourd'hui, d'une fête nationale (et en passant, bonne fête au Canada!) qui donne lieu à un congé fort apprécié, mais n'importe quel début de mois. On change la page du calendrier, la montre change la date du jour et on peut se convaincre que c'est un nouveau commencement, même si, dans les faits, les jours se suivent sans égard à la date du jour. Pour nous une fin de mois et le début du suivant se traduisent toujours par un surplus de travail, mais le premier du mois me donne néanmoins l'impression du neuf, de ce qui n'est pas encore écrit. Juillet sera-t-il meilleur ou pire que juin? Personne ne saurait le dire. Et c'est précisément ce que j'apprécie.

Le début d'un nouveau mois est également prétexte à un mini-bilan du mois précédent. Pour nous, c'est vraiment pas compliqué : juin a amené sa cohorte de petits problèmes, certains toujours non résolus, mais rien d'exceptionnel. Et puis il a fait chaud. Pas mal chaud. Mais nous n'avons pas eu d'ouragans, alors tout s'est bien passé. À l'échelle du pays, nous avons bénéficié d'une accalmie à laquelle le changement de gouvernement n'est sans doute pas étranger. Mais l'on sent que la pression monte et on se doit d'espérer que juillet ne partira pas en dérapage prolongé... Tout de même et pour vous donner une petite idée de ce qui se passe dans le pays, je vous suggère deux articles que je vous commente brièvement. Les faits se rapportent spécifiquement à Port-au-Prince, mais peuvent tout aussi bien s'appliquer, à moindre échelle, aux autres villes d'importance, comme Les Cayes, par exemple.

Le premier fait état d'une situation de plus en plus difficile :
«Fatras, embouteillages, obscurité...
Des fatras et des déblais un peu partout, des embouteillages dans beaucoup d'artères, des quartiers dans le noir, c'est la situation de la capitale depuis quelques semaines.»
Effectivement, quiconque est passé à Port-au-Prince en juin n'a pu que constater que les tas d'immondices, habituellement impressionnants par leur volume, avaient encore engraissé et avaient fait même des petits un peu partout. La ville, déjà difficile à circuler, n'en devient que plus pénible et le spectacle n'a rien de réjouissant pour l’œil, vous l'avez deviné. Heureusement ces déchets ne sentent pas beaucoup, car si c'était le cas, avec la chaleur excessive qui fait rage présentement, ce serait vraiment irrespirable. Mais le problème reste majeur, il faut bien l'admettre. Et croissant...

Les embouteillages, je vous dis pas. Au fil des ans, j'ai été coincé dans des "traffic jam" dans maints endroits--plusieurs capitales européennes, plusieurs grandes villes mexicaines, américaines et canadiennes-- mais rien, et je dis bien rien, n'arrive à la cheville de Port-au-Prince. Y circuler tient du miracle. On y avance à pas de souris et il n'est pas rare de voir les piétons couvrir plus de distance que les voitures dans le même intervalle de temps. Port-au-Prince est une ville extrêmement engorgée, et je vous prie de croire que le terme extrêmement n'a rien d'exagéré ici. Ajoutons à cela les débris du séisme (qui jonchent toujours la ville, je vous l'ai dit jadis) et vous commencerez à comprendre...

L'obscurité. Ça, c'est parce que l'EDH, la compagnie d'électricité nationale, revampe son système et déleste
son réseau pour ne pas le surcharger. Pour nous, c'est un moindre mal puisque la génératrice nous fournit tout le courant dont nous avons besoin. Pour les gens ordinaires, c'est vraiment une engeance car les interruptions de courant plongent la ville dans le noir et... dans la chaleur! C'est que, faute de climatisation, quelques ventilateurs bien placés font parfois toute la différence entre suer et SUER. Or, sans courant, pas de ventilateurs, et ça, vraiment, ça fait SUER!...

Tout ça pour vous dire que l'article brosse un tableau assez exact, même si peu flatteur, de la situation qui prévaut dans la capitale et, par extension, dans le reste du pays.

Le second article exprime en termes simples ce qui, ailleurs, ferait certainement l'objet d'une couverture plus médiatisée. Car enfin, 67 personnes tuées en pas même deux mois, ce n'est quand même pas rien et c'en dit long sur l'état de sécurité du pays!... La police est débordée et démunie. Lire que «Le commissariat de Pétion-ville compte 18 véhicules dont 10 sont en panne actuellement» peut faire sourire quand on est tranquillement assis sur le bord de sa piscine au Canada, une petite bière bien fraîche à la main, mais pour nous tous qui vivons ici, ce n'est guère rassurant, vous n'en disconviendrez. Enfin...

Tout de même, les articles proposent un survol réaliste de ce qui se passe présentement au pays où il fait chaud. Et qui laisse penser que les choses n'en resteront pas au point mort, on peut le parier. Reste à espérer que l'entropie ne va pas brouiller les cartes davantage...

Bon. Assez déblatéré. Maintenant, la petite bière bien fraîche, c'est à mon tour...

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