samedi 25 juin 2011

Quand il ne se passe rien...


Une autre journée ordinaire. Il ne pleut pas, il ne tonne pas, il n'y a pas de cyclones à l'horizon, pas de manifestations politiques, pas de grabuge, pas de routes barrées ni de ponts écroulés, bref, tout marche à peu près normalement. Et pourtant, lisez-moi cet article et vous allez me dire que le sort s'acharne encore sur pauvre Haïti! Et pourtant je le répète, tout va. Y compris le choléra! Car vous vous doutez bien que si les choses déraillaient de ce côté, votre fidèle chroniqueur (je parle de moi-même) vous en brosserait un tableau aussi coloré que véridique et vous sauriez tout ce qu'il y a à savoir sur la situation et même plus! Mais le journalisme, c'est autre chose. Quand il y a rien à dire, on invente, on gratte le fond d'un vieux tiroir poussiéreux pour en sortir une vieille information qu'on revampe à la mode du jour. Pas très sérieux? Non, j'en conviens. Mais c'est comme ça. Surtout lorsqu'il s'agit d'un article non signé, simplement identifié à l'Agence France-Presse. Et puis, les chiffres encore et toujours, ah! les chiffres... Allez donc savoir de quoi il retourne, maintenant...

Toujours est-il que, puisqu'on parle de choléra, parlons-en. Et profitons-en pour remettre les pendules à l'heure!

Le choléra, vous le savez j'en suis sûr, est une maladie tropicale plutôt répandue sur la planète, particulièrement dans les pays chauds, pauvres et surpeuplés. Haïti correspond plutôt bien à ces trois critères et pourtant, jusqu'à tout récemment, n'était pas touché par le choléra. Le tremblement de terre et ce qui s'en est suivi a changé la donne et tout à coup pour une raison qu'on ignore (en fait, on le sait, mais il vaut mieux le taire), la maladie a fait son entrée avec tambour et trompettes. Des gens en sont morts. Mais les efforts pour endiguer une épidémie qui eût pu être catastrophique ont porté leurs fruits et vers la fin de 2010, le nombre de cas restait à peu près stationnaire, les nouveaux cas équilibrant les guérisons. Car on en guérit du choléra! Et plutôt facilement, à ce qu'on dit! Cependant, une fois la maladie installée dans le pays, elle n'en sort pas si aisément. Tous les épidémiologistes savent cela. Le choléra est là pour rester pendant un bon ti-temps, c'est bien clair. Avec des variations constantes dans le nombre de cas, selon le temps qu'il fait ou les catastrophes qui dégradent les conditions de salubrité. Après les fortes pluies enregistrées au début du mois (et les inondations qu'elles ont entraînées à Port-au-Prince), il est donc tout à fait compréhensible, j'oserais presque dire «normal», que le nombre de cas augmente. Mais sans pour autant décimer la population! Alors pourquoi un titre aussi alarmiste? Vous connaissez la réponse aussi bien que moi : parce que ça se vend! L'information est biaisée et confuse, mais bon, qui s'en soucie? Surtout en ce qui concerne Haïti! L'important c'est que le titre de la nouvelle confirme ce que tout le monde pense déjà du pays, à savoir qu'il ne s'y passe rien d'autre que des catastrophes!

Eh bien je vous le dis tout net : c'est faux! En fait, quand il ne se passe rien, il ne se passe rien et les jours passent à leur rythme, avec des activités quotidiennes qui ressemblent énormément à celles que vous connaissez tous et toutes : les gens ordinaires qui vaquent à leurs occupations ordinaires, les commerçants qui font commerce, les bureaux qui bureaucratisent, les voitures qui circulent tant bien que mal dans une ville déjà trop coincée pour les contenir, les marchandes qui marchandent, les enfants qui, jusqu'à la semaine dernière, envahissaient les rues pour se rendre à l'école ou à la maison, dépendamment de l'heure, les bêtes qui s'en mêlent et qui s'emmêlent dans leurs cordes, la musique qui tonitrue et le reste et le reste, tout ça sous une chaleur suffocante. Car oui les amis, je vous l'ai dit mais vous l'avez déjà oublié, je le sais trop bien, alors je vous le redis : IL FAIT CHAUD! Et croyez-moi, venant de quelqu'un que la chaleur n'incommode nullement, ce n'est rien d'exagéré. Et encore une fois, ne me demandez pas ce que le thermomètre indique, car ce n'est pas d'une valeur numérique que je vous parle, mais bien d'une sensation globable de chaleur qui ralentit les ardeurs les plus zélées. Et pas juste pour nous, petits blancs mal ajustés! Les Haïtiens en général, les employés en particulier, s'en plaignent ouvertement, ce qui, pour un peuple qui ne se plaint jamais, en dit long sur les effets pernicieux de cette chaleur que j'ose qualifier d'excessive.

Mais bon. C'est mieux que le choléra, on sera d'accord là-dessus...

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