lundi 6 juin 2011

Quand il pleut comme vache qui pisse...


Pleuvoir comme vache qui pisse... Avouez que l'image est belle. Encore plus lorsqu'on la met au pluriel : comme vaches qui pissent. Comme ça, vous avez une petite idée de ce qui nous est tombé dessus -- et continue de le faire -- depuis jeudi dernier. La pluie, mes amis, je vous dis pas. Or, si tout le monde est habitué de faire avec une pluie, si diluvienne soit-elle, qui dure quelques heures au maximum, personne ne sait quoi faire d'une pluie persistante, qui se poursuit jour après jour. En fait et pour tout dire, il n'en faut guère plus pour que c'en devienne dramatique. Témoin l'article du Nouvelliste que je vous surligne ici. Comme quoi la vie sous la tente n'est pas toujours rose, tous les campeurs vous le confirmeront. Or, dans les campements, on ne parle pas de séjours courts, mais bien d'installations semi-permanentes, toutes précaires quelles soient. Qui prennent l'eau, qui n'offrent qu'une protection illusoire, qui n'ont pas de plancher et qui, par conséquent, se transforment en torrents de boue quand la pluie s'excite. Et ces derniers jours, je peux vous qu'elle s'est pas mal excitée, la pluie...

Non, je ne nous plains pas. Notre confort habituel n'a pas été altéré par cette ondée excessive. Ou si peu. La maison ne coule pas, nous n'avons pas eu à subir l'inconfort d'une humidité écrasante, nous n'avons pas souffert du manque de provisions (au contraire de la plupart des gens), bref, nous étions et sommes toujours pas trop mal, même si confinés à demeure. Mais pour le peuple, c'est une situation difficile qui sape le moral même des plus solides et qui entraîne d'innombrables problèmes de santé, logistiques ou financiers, et je ne parle pas du reste. J'ai déjà dit que, dans un pays où la météo est prévisible à un mois près, personne ne s'en soucie et ce n'est pas vraiment un sujet de conversation comme ce l'est dans d'autres pays -- au Québec, entre autres. Mais aujourd'hui, tout le monde ne parle que du temps qu'il fait et de ce qu'il fera demain. Tout le monde a vraiment hâte que revienne le soleil qui fait partie de la vie tropicale au même titre que la mer turquoise ou les palmiers. Malheureusement, la masse qui nous affecte présentement ne bouge que très lentement et d'après les experts, ce n'est pas encore demain qu'on verra Galarneau nous sourire à nouveau...

Mais vous connaissez maintenant la patience haïtienne, n'est-ce pas...

Entre-temps, il a fallu s'attarder à quelques petits problèmes, sinon pour les résoudre immédiatement, à tout le moins pour en planifier la solution. Ainsi, le toit de l'hôpital coule à certains endroits. Oh! Rien de majeur, je vous le concède, mais un toit d'hôpital n'est pas supposé couler, je pense que nous serons d'accord là-dessus. Or, cela ne date pas d'hier et je dois dire que nous avons fait certains progrès pour enrayer le mal. Mais croyez-le ou non, depuis le séisme, nos problèmes se sont accrus avec des infiltrations nouvelles et plus importantes. Dont une, entre autres, juste au-dessus de mon bureau, rien pour me mettre en joie, vous l'aurez deviné... Mais bon. On va s'efforcer de régler ça. Autre petit effet secondaire de la pluie excessive : une invasion de cancrelats! Des centaines, m'a-t-on dit, qui ont choisi la cuisine et la salle à manger de la résidence pour protester contre le mauvais temps. Mal leur en prit. On les tua sans merci, qui à coups de savate, qui à coups de tue-mouches, qui à grandes doses de "Bay-Gon", notre insecticide local--très efficace d'ailleurs. Problème réglé, donc, jusqu'à preuve du contraire, en tout cas...

Mais le beau temps reviendra. Tout le monde le sait. Tout le monde attend. On parle de mercredi possiblement, alors on tient le coup jusque là. Et puis après s'il le faut. Par la suite, on pourra sécher la maison, les vêtements et les objets qu'on aime. Car ici, point de subventions gouvernementales, point d'aide de l'armée, point d'assistance, sous quelque forme qu'elle soit. Tout le monde le sait, donc personne ne s'en plaint et tout le monde va donc prendre son courage à deux mains et faire ce qui est possible pour rendre la misère moins pénible.

Aznavour, dans sa très belle chanson Emmenez-moi, dit: "Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil." Il a sans doute raison. Mais sous la pluie, la misère, c'est aussi triste que Venise "au temps des amours mortes"...

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