mercredi 26 janvier 2011

La mygale


Ne croyez surtout pas que le titre de ce texte dissimule une allégorie politique quelconque. La politique, ce n'est pas ma tasse de thé, je le redis pour ceux ou celles qui auraient déjà oublié, et franchement, quand elle n'est pas associée à la violence (pas ma tasse de thé, la politique), ses hauts et ses bas me coulent sur le dos comme l'eau sur le canard proverbial. Donc pas d'allégorie politique. En fait, pas d'allégorie du tout! Car je vous parle bel et bien de cette charmante petite bête qu'on appelle ici "krab arènye" (crabe-araignée) ou, plus joli "krab anbara" (crabe-embarras). Eh bien on en avait une dans notre chambre, hier soir...

On peut dire que nous sommes familiarisés avec cette arachnide. À Fond des Blancs, ce coin de pays montagneux où nous avons tout de même passé deux bonnes années, les mygales (ou tarentules, comme on le calque sur l'anglais) n'étaient pas rares et souvent de belle taille. La photo ci-dessus vient d'ailleurs de cette époque et je puis vous dire que celle-là, dans la salle de bain, nous a causé quelque fascination, pour ne pas dire pire. Celle d'hier dans notre chambre était plus modeste : son corps ne devait pas faire plus 3 cm de diamètre. Mais elle était là, bien en vie et bien alerte sur ses huit pattes robustes. Mais que je vous raconte.

Nous étions couchés donc et contents de nous abandonner au sommeil réparateur, tout spécialement après un après-midi à la plage. "Comment la plage? Mais vous ne travaillez donc pas, le mardi?" Eh bien justement, c'était en rapport avec le travail, une extension de notre tâche, si je puis dire, qui nous impose de nous occuper de nos volontaires avec cordialité et empathie. Je sais, je sais, il s'agit là d'une tâche bien ingrate, mais bon, vous nous connaissez : on sait se résigner! Donc, pour clôturer la semaine de bons services de nos trois audioprothésistes étrangers et compatriotes de surcroît, quoi de mieux qu'un petit séjour à la plage? Oui, je sais, il faut une bonne dose d'abnégation pour faire ce métier, mais que voulez-vous, nous l'avons! Mais je digresse...

Séjour à la plage donc, bains de mer et de soleil, repas copieux, toutes les conditions se trouvaient réunies pour le sommeil rapide et réparateur. Les bruits nocturnes nous sont maintenant familiers et contribuent à l'appel de Morphée. Sauf quand, parmi cette suite ininterrompue de petits bruits, s'en glisse un qui tranche. Qui détonne. Qui inquiète. Hier, c'était une espèce de grattement qui m'a immédiatement fait penser à un cancrelat (coquerelle). Vite, la lampe de poche, laquelle est beaucoup plus efficace que le plafonnier pour situer l'origine d'un bruit, tout le monde sait cela. Rien. J'éteins. Tout est à nouveau calme. Je commence à peine à me rendormir quand le bruit discordant se fait entendre à nouveau. Nouvel éclair de la lampe de poche, nouveau balayage de la zone d'où semble venir le bruit. Et là, mes amis, ô surprise, la bête est là, ses huit pattes bien étalées, prête à l'action! J'avertis ma compagne : panique générale! Tout le monde sur le pont! Branle-bas de combat! "Tue-la" me dit-elle de ce ton qui n'admet point la réplique. Mais moi, ami des bêtes et des imbéciles, je me dis qu'il y a sûrement un autre moyen que d'ôter la vie à cette pauvre petite créature qui n'a rien fait d'autre que de se retrouver au mauvais moment au mauvais endroit... Et d'ailleurs, posons-nous la question : comment s'est-elle retrouvée là?

Eh bien il semble que ce soit nos récents travaux en la demeure qui en soient la cause. Au-dessus de nos fenêtres, avaient été pratiquées des ouvertures permanentes, garnies de claustras, ces blocs de béton ajourés qui servent d'éléments décoratifs. Or, ces ouvertures ne faisaient qu'accumuler la poussière et les petites bêtes qui y élisaient volontiers domicile. J'ai donc décidé hier de faire boucher ces ouvertures inutiles (puisque nous avons des fenêtres). Le travail consistant d'abord à boucher le côté extérieur, j'en déduis que les petits animaux qui nichaient dans cet endroit fort approprié à la chasse nocturne sont restés bloqués... à l'intérieur! Dont la mygale! Il suffit donc de la remette dans son milieu naturel--dehors--et le tour est joué! C'est finalement à l'aide d'un contenant de plastique (genre Tupperware) que j'ai pu capturer la vilaine et la reconduire dehors, sans malice ni méchanceté. Je suis sûr qu'elle m'en sait gré. Et c'est ainsi que, finalement apaisés, nous avons pu nous rendormir et passer une excellente nuit, merci!

Vous dire la tête que mes gars ont fait ce matin quand je leur ai dit que je n'avais pas voulu tuer la chose...

1 commentaire:

  1. Moi aussi, Richard, les grosses mygales de mon sous-sol, je ne les tue pas, je les sors dehors! À -10, elles adorent mon choix! Héhé! On a le même sang de Duchesne, ça se voit!

    Gaétane

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