mercredi 12 janvier 2011

Je me souviens


Que faisiez-vous le 12 janvier 2010 vers les 17h? Vous ne vous en souvenez pas, n'est-ce pas? Ce n'est pas surprenant. Ce n'est pas dans votre cour que la terre s'est mise à valser. Le 12 janvier n'a rien d'un jour spécial, il n'y a pas de fête, les saints du jour sont d'illustres inconnus (Arcade, Benoît, Césarie... selon Wiki) et avant ce fameux séisme, il n'y avait pas d'événement qui retenait vraiment l'attention.

Tout comme Chantal Guy, je n'ai pas envie de vous parler de ce 12 janvier, des drames dont nous avons été témoins et de la misère qui s'en est suivie. Les médias sont tellement meilleurs pour vous montrer l'atroce, le terrible et le catastrophique, alors gorgez-vous de télé et je suis sûr que vous allez être replongés dans cet enfer mieux que si vous y étiez. Plus confortables, en tout cas. Mais pour se souvenir, ça oui, il faut. Et c'est ce que tout le monde fait aujourd'hui dans le pays, nous donnant ainsi un autre répit politique que nous apprécions. (On dit que les résultats définitifs sortiront au cours du prochain week-end. Notre sursis tire à sa fin, semble-t-il...) Aujourd'hui, dans une ville déserte où tout est fermé (et nous de même, cela va de soi), on se sent en paix. Drôle. La paix assis sur un baril de poudre... Mais tant que personne ne s'allume, où est le problème? Donc on se remémore. À la radio, des témoignages, certains assez émouvants. Des gens qui, en quelques secondes, ont vu leur univers basculer dans un trou sans fond. Et tac! Plus de maison, plus de voisins, plus de voiture, plus de rue... Pas une guerre ne peut faire autant de dommages en aussi peu de temps. Humains et matériels. Non, ce ne fut pas un record de tous les temps, mais une performance tellurique tout à fait respectable, reconnaissons-le. La terre éternue, les humains en sont les postillons...

L'occasion aujourd'hui n'est pas uniquement de se souvenir de ce jour funeste, mais aussi, peut-être même surtout de prendre conscience de notre fragilité, de notre précarité dans un monde que l'on veut pourtant stable et prévisible. La terre, là où reposent nos pieds, est fragile. Instable. Et vulnérable. Et il ne faut pas qu'elle frissonne ou qu'elle tousse trop fort pour que nous en fassions les frais. Et j'ai comme l'impression que notre planète n'est pas tellement en santé, qu'elle couve quelque chose et que nous risquons fort d'y goûter sérieusement le jour où elle nous piquera une crise...

Nous n'avions jamais vécu de tremblement de terre. Et au risque d'en décevoir plusieurs, ce ne fut pas du tout pour nous une expérience traumatisante. Inquiétante, inconfortable, déstabilisante, oui. Mais pas traumatisante. Autour de nous, rien ne s'est écroulé, personne n'est mort écrasé sous des décombres, on n'a pas vu de sang ou de bouts de jambes dépasser d'un toit affaissé, bref, pas de trauma psychologique ou physique. Mais l'expérience a laissé une impression inaltérable, une angoisse qui a persisté bien après que la terre se soit calmée et ait repris son souffle.

Alors se souvenir? Ça oui, on s'en souvient.

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