lundi 17 janvier 2011

Duvalier au pays, qu'en dire?


Difficile de laisser passer ça, hein? C'est gros, c'est hénaurme, même! Imaginez un peu : le dictateur le plus cruel que le pays ait connu, qui s'est envolé de justesse dans un avion militaire américain parce que le peuple voulait le lyncher, qui a dévalisé le pays et s'en est allé avec la rondelette somme de 100 millions de dollars américains, qui a vécu une vie d'opulence pendant ce dernier quart de siècle dans le sud de la France, qui n'a jamais payé pour ses crimes, eh bien le voilà de retour! Et qu'est-ce que vous dites de ça???

Tout le monde en est resté baba. C'est tellement gros que ça ne s'avale pas. On étouffe là! Donnez-nous de l'oxygène! Or cet homme - certains, et pas des plus cons, disent plutôt "ce monstre" - n'a rien à faire ici, sinon jeter la pagaille dans un jeu déjà chaotique. Que peut-il en sortir de bon? Le feu qui éteint le feu, dites-vous? Si au moins c'était vrai...

Comme dans toute situation où le pourquoi de la chose reste occulté, je pense qu'on peut se poser la question que tout bon détective se pose brillamment en début d'enquête : à qui le crime profite-t-il? Or, les acteurs ici sont nombreux : Préval, les candidats en lice, les Américains, les Français et finalement le peuple haïtien; sans oublier le principal intéressé, il va sans dire. Je n'ai pas fait l'analyse; d'abord, je n'ai pas la compétence pour le faire et ensuite, je ne me mêle surtout pas de politique, vous le savez bien maintenant. Mais savoir à qui le crime profite m'apparaît intéressant, alors je suis allé voir ailleurs de quoi il retournait. Compte tenu que les articles ne font que se plagier l'un l'autre, on n'apprendra pas grand nouveau en épluchant les textes médiatiques. Néanmoins, cet article du Time m'a semblé intéressant à plus d'un chapitre et surtout, surtout dans le petit commentaire de l'un des lecteurs qui, lui aussi, s'interroge pour savoir à qui le crime profite.

Il est bien clair que M. Duvalier a une idée en tête, une intention (avouable ou non), un agenda, pour utiliser l'anglicisme que tout le monde connaît. Qu'il revienne au pays qu'il a torturé sans vergogne pendant 15 ans est déjà énorme; qu'il vienne précisément au moment où le gouvernement Préval s'apprête à divulguer les résultats officiels des élections devient gargantuesque. Il vient, il voit et il vainc. Trouvez pas que ça ressemble à un dictateur historique, ça? En tout cas, il a du front tout le tour de la tête, notre Baby Doc, car après avoir été mis dehors avec deux petits bois (digression: vous connaissez le sens de cette expression? Selon ma mère (RIP), c'était anciennement avec deux petits bois qu'on mettait dehors la crotte du chien [ou du chat ou du bébé]. Alors il me semble que ça s'applique assez bien ici, non?), après avoir été expulsé donc, il revient en vainqueur le cher dictateur! Faut le faire, quand même!

Et s'il revient, c'est que le crime lui profite, d'une façon ou de l'autre. Peut-être qu'il en profite pour jeter les ponts d'une affaire louche qui lui rapportera gros; peut-être qu'il veut vraiment redevenir l'homme fort d'Haïti; ou peut-être qu'il veut tout simplement renvoyer l'ascenseur à son ami Martelly qui, d'après le commentaire du lecteur cité ci-dessus, l'a bien louangé dans le temps...

Quoi qu'il en soit, la chose est facétieuse. Burlesque. Carnavalesque, tiens. Dommage qu'on ne soit pas au début de mars (le Mardi Gras est le 8 mars, cette année), car sa venue sonnerait un merveilleux coup d'envoi au carnaval! Alors on attend de voir. On attend sans doute en vain, car le monsieur (qui n'est quand même sûrement pas tout à fait con) ne va sans doute pas dévoiler son plan. Pourquoi le ferait-il? Et s'il s'agit seulement d'un coup de sonde pour mesurer la profondeur des eaux avant de s'y engager, vu le fort tonnage de sa personne, eh bien ce ne sera que plus tard qu'on saura la vraie nature de cette visite impromptue.

Reste à souhaiter qu'on le saura à temps, avant de s'en faire passer une autre p'tite vite...

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