dimanche 2 février 2014

Impromptu


Je sais, je sais : je vous ai fait faux bond la semaine dernière. Bon. Inutile d’en faire tout un plat car j’avais une fort bonne raison : de la visite, de la belle, aussi inattendue qu’appréciable et avec laquelle nous avons passé une semaine à jouer les touristes. En effet, la grande sœur de ma compagne, Lorraine, s’est annoncée comme ça, en disant : «coucou, c’est moi!» Une surprise, dites-vous? Oui, et une splendide à part ça.

Si bien que nous avons passé le temps à folâtrer aux environs — pas le temps d’aller bien loin dans un laps de temps si limité — pour son plus grand plaisir et le nôtre. Réflexion de Lorraine : «Mais vous êtes les seuls blancs ici!» C’est vrai, mais comme nous n’avons jamais porté attention à ce fait, nous ne l’avions pas noté; cependant, il explique sans doute pourquoi la visite de nos proches nous comble de joie : parler notre langue sans s’efforcer de minimiser notre accent québécois, raconter des choses qui concernent la vie au nord et que les gens d’ici ne peuvent comprendre — la neige entre autres —, présenter notre vie et les gens qui la composent et surtout, surtout, montrer pour vrai que nous ne sommes pas à plaindre, que nous ne souffrons pas le martyre et que nos conditions de vie n’ont rien à envier à celles du nord, toutes proportions gardées, tout cela nous fait grand plaisir.

Ce n’est pas que la vie ici soit spectaculaire et qu’elle mérite le déplacement. Ici, c’est comme n’importe où ailleurs et j’aurais le goût de vous citer Pierre Calvé et de vous dire qu’ici, «à part le soleil, c’est partout pareil», car le quotidien comporte ses règles et sa mécanique qui, partout au monde, tournent autour du rythme circadien, c’est-à-dire 24 pauvres petites heures dont près du tiers à dormir, ce qui en laisse bien peu pour le reste…

Mais je papote. Je mets des mots là où des interjections suffiraient. Cependant et vous connaissant, je doute que vous apprécieriez une suite ininterrompue de Oh! Ah! Wow! et similaires. Car vous voulez du texte, vous les lettrés. Et un texte qui se tienne, bien sûr, même si ce n’est pas Proust ou Flaubert ou Laferrière, tiens… D’où mes efforts pour vous exprimer combien cette visite, légère, familière et familiale nous a fait du bien.

Autrement, tout va. Le pays, la ville, notre hôpital, le temps qu’il fait, les gens de la rue... tout baigne. Il y a bien quelques petits remous ici et là, mais rien pour en faire un plat, alors je passe allégrement sans m’en plaindre. Car si les drames sont le pain-beurre des journalistes, pour nous, ils ne sont rien d’autres que des situations pénibles qu’on souhaite voir s’éclipser le plus rapidement possible. C’est pourquoi je n’aime pas vous parler de drames, québécois, haïtiens ou autres, mais cela ne veut pas dire qu’on ne sympathise pas avec ceux, celles qui en font les frais. Genre l’Isle-Verte… Et sans vouloir aborder ce triste sujet, je me permets tout de même de partager ce dessin magnifique signé Ygreck et dont l’évocation poétique me paraît des plus touchantes et que mon cousin Pierre commente en ces termes : «Moi ce que j'y perçois c'est une forme d'hommage aux disparus dans une belle vision artistique où le chaud et le froid s'affrontent.» Voilà qui est fort bien dit.


Et pendant ce temps, la vie, au nord comme au sud, continue et entre vous et moi, ce n’est pas le Super Bowl de ce soir qui y changera quoi que ce soit…

Aucun commentaire:

Publier un commentaire