dimanche 10 février 2013

Pollution sonore


Avez-vous vu le film "The Birds" («Les oiseaux») de Hitchcock? C’est un vieux film (1963), c’est vrai, mais un film dérangeant tout de même, car que se passerait-il si tout à coup, ces oiseaux que nous sommes habitués de voir perchés ici et là bien tranquilles se mettaient à nous attaquer? Eh bien avec les oiseaux que nous avons présentement dans le coin, c’est un peu l’impression que j’ai. Comprenons-nous bien : ce n’est pas que ces oiseaux soient de quelque façon agressifs, mais ils sont tellement nombreux d’une part et tellement bruyants d’autre part qu’il est impossible d’ignorer leur présence, voire de ne pas y sentir comme une menace — ou une forme d'invasion plutôt. Or, lorsqu’on est l’ami des bêtes, on l’est forcément des oiseaux, n’est-ce pas, dont les couleurs, le chant mélodieux et la grâce en vol sont une source d’émerveillement universel. Mais ceux dont je vous parle aujourd’hui, les «mel fran» (quiscalus niger), ont tout, semble-t-il, pour se faire détester. D’abord, ils sont noirs, comme tout bon quiscale (qu'on appelait anciennement mainate) qui se respecte. Bon vous me direz qu’ils présentent parfois, sous un certain angle, des reflets iridescents du plus bel effet, mais vus comme ça, ils sont noirs, il n’y a aucun doute, si bien que pour les couleurs, faudra repasser. Mais il y a pire. Car le «chant» de ces oiseaux ne se résume qu’en des vocalises assez élaborées mais très peu harmoniques et d’un niveau sonore qui, en décibels purs, frise le seuil de la douleur et qui surtout, ne s’interrompt jamais. C’est énervant, je vous dis pas… Et pas moyen de les faire fuir pour de bon, car ces oiseaux nichent naturellement au sommet des palmiers royaux, dont notre cour est généreusement garnie. Aussi bien dire que chez nous, c’est chez eux… Certes, on peut toujours les déloger momentanément en lançant quelques cailloux à l’aide d’un lance-pierre (slingshot), mais c’est un coup d’épée dans l’eau car ils reviennent aussitôt, se plaignant en leur langage d’avoir été si injustement molestés. Et je me mets alors à penser au film de Hitchcock…

Heureusement, leur présence, bien que chronique, n’est pas toujours aussi irritante : seulement lorsqu’ils nichent, ce qui est présentement le cas, comme ce l’est chaque année à la même époque (janvier-février). Sans doute la nidification les rend-ils particulièrement loquaces… J’imagine qu’ils doivent avoir plein de choses à se dire sur le sujet, tout comme le font toutes les futures mamans, d’ailleurs…Mais ces conversations aviaires sont particulièrement éprouvantes pour ceux qui n’y comprennent rien, ce qui est précisément notre cas. Tout de même, j’imagine assez aisément leur teneur :

— Hé voisin! Viens voir comme mon nid est bien situé!

— Pas le temps! Je viens tout juste de pondre un joli coco!

— Pareil ici! As-tu trouvé quelques vers à te mettre sous la dent?

— Oui et maintenant j’ai soif!

Et ça continue comme ça, et ça n’arrête que lorsque le soleil descend…

Je sais ce que vous allez me dire : que les Adventistes, dont je me suis plaint à quelques reprises, sont sûrement pires et que, de toute façon, il y a définitivement pire que des oiseaux qui jacassent.

Et pourtant, les amis, et pourtant…

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