mercredi 6 février 2013

Administrer, dites-vous?


Vous le savez tous et toutes : notre tâche ici, à ce petit hôpital des Cayes, consiste à gérer. Gérer, en termes simples, c’est «planifier, organiser, diriger, contrôler». Ma chère compagne a appris cette belle formule au cégep, c’est vous dire… Et c’est vraiment ce qu’on fait ici : on planifie les tâches, on organise la structure du travail, on développe de nouvelles façons de faire et on essaie de contrôler tout ça. Évidemment, ce n’est pas toujours évident et pour n’importe quelle raison, la mécanique peut s’enrayer, ce qui ne manque pas de soulever l’ire de ma tendre compagne et quelques bouffées d’impatience en ce qui concerne votre fidèle scripteur. Mais bon. It goes with the territory, comme dirait l’autre… Il n’empêche que des fois, les dents nous grincent.

Tiens, prenez par exemple l'histoire de ces produits que nous achetons lors de nos vacances estivales — oui oui, vous avez bien lu : vacances estivales, notre dévouement va bien jusque là — et que nous faisons expédier chez nos aimables compatriotes qui développent une mission dans un bled pas loin de notre petit hôpital. En effet, ces bonnes gens, bon an mal an, remplissent un conteneur de matériel et nous gardent une petite place pour nos produits, ce qui est vraiment un arrangement dont nous sommes les grands gagnants, je suis sûr que vous l'avez compris. Or, figurez-vous que l’automne dernier, alors que les responsables du conteneur le chargeaient avant son départ pour Haïti, ils ont tout simplement oublié LA commande la plus importante de tout : les produits indispensables à notre production pharmaceutique. L’opération était pourtant bien planifiée, bien organisée, il n’y avait rien à diriger (puisque ce n’était pas la première fois que nous faisions cela) et le contrôle de cette opération, habituellement, n’est pas de notre ressort. Mais l’erreur est humaine et les produits ont été malencontreusement laissés à Montréal.

Qu’à cela ne tienne, on peut toujours utiliser les services d’un transporteur habituel, aérien, bien entendu. Première surprise : les coûts d’envoi passent de zéro frais à près de $3,000! Avouez que ça fait cher un peu! Mais on n’a pas le choix, alors on soupire et on acquiesce en grinçant des dents un peu, tout de même. Eh bien, ces produits sont maintenant arrivés à bon port, à bon Port-au-Prince, devrais-je dire, et il ne reste plus qu’à les dédouaner et à les acheminer aux Cayes. Rien de bien compliqué, et pourtant, les produits sont toujours à la douane de Port-au-Prince et nous, nous pestons encore et toujours contre un système bureaucratique avec lequel, après toutes ces années, nous ne sommes toujours pas familiers et qui, semble-t-il, se complexifie à chaque fois. Bref, malgré nos trésors de patience, l’épreuve est pénible…

Tout ça pour vous dire que même en appliquant le B-A ba d’Administration 101, les problèmes fusent et frustrent avant qu’on les résolve. Car oui, on les résout. On finit toujours par trouver une solution qui, si elle n’est pas parfaite, est tout de même suffisante pour nous permettre de passer à autre chose, comme par exemple l’heure de la bière…

Mais cette heure-là, problème résolu ou non, je vous dis qu’on ne la laisse pas passer aisément…

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