lundi 14 janvier 2013

La reconstruction (encore!)


Le troisième anniversaire du tremblement de terre du 12 janvier 2010 a donné aux médias un excellent prétexte pour y aller de leurs commentaires concernant la reconstruction d’Haïti. De Port-au-Prince en fait, puisque c’est là qu’aboutissent tous les journalistes et journaleux. Leurs constats, s’appuyant sur un rapide tour de la ville ou l’interview de quelques passants, comme l’a fait la petite Gabrielle, sont forcément partiaux et partiels. Et sévères. Les photos de la Presse nous montrent encore le visage d’une ville toujours en guerre, mais qui n’est pas vraiment différente de ce à quoi elle ressemblait AVANT le séisme, il faut quand même bien le dire… Mais la misère se vend toujours bien, semble-t-il…

Cependant, ce n’est pas la vérité. La vérité, c’est que, compte tenu de la complexité politique du pays, le travail de reconstruction a étonnamment avancé depuis deux ans. Car oui, il y a eu piétinement au début, surtout à cause des débris qui encombraient la ville et qui rendaient le travail impossible. Mais ça s’est placé. Et maintenant, les camps de réfugiés se vident peu à peu, l’aéroport est reconstruit et ressemble à un aéroport international, des gros hôtels ont vu le jour (photo ci-dessus) et on améliore les routes nationales. Hier encore, alors que nous étions sur la route pour la plage, nous avons pu constater qu’un gros travail se faisait pour améliorer les accotements et les rendre plus sécuritaires. Ça n’a rien à voir avec le tremblement de terre, mais c’est une amélioration notable et efficace. Comme on dit par ici, c'est quelque chose. En un mot comme en mille, les journalistes voient ce qu’ils ne connaissent pas, la misère, et la jugent comme s’ils la connaissaient : inacceptable. Mais pour ceux, pour celles dont c’est le petit pain, elle se vit au jour le jour et s'accepte faute d'autre choix. C'est pourquoi les petites améliorations, invisibles pour les étrangers, sont toujours notées et appréciées des habitants.

Cela dit, le travail global reste titanesque, il ne faut pas se le cacher. Et soumis à des contraintes physiques non négligeables, il faut bien le dire aussi. Pensez-y un peu : Port-au-Prince est sise sur le bord de la mer (oui, c’est vraiment un port), appuyé à d’imposantes montagnes. Pas les Alpes ou les Rocheuses, mais pas les monts Notre-Dame non plus… Si bien que les possibilités d’expansion de la ville sont vraiment géographiquement limitées. C’est déjà là un obstacle logistique majeur. Mais le vrai problème, ce sont les trois millions et plus de gens qui y vivent. Trois millions dans une ville conçue au départ pour entre cent et deux cents mille personnes (j'ai lu ça quelque part, mais je ne trouve plus où, désolé) nous donne une idée plus juste du défi à relever pour en faire une capitale moderne. La circulation automobile (à l’heure actuelle, un vrai cauchemar), les égouts, les eaux de ruissellement (qui deviennent de véritables torrents quand il pleut), les ordures publiques…tout concourt à faire de la ville une véritable jungle urbaine. Et pourtant, comparée à ce qu’elle était après le séisme de 2010, la capitale s’est sensiblement améliorée au cours des dernières années, je le redis. Mais pas assez du goût des journalistes ou de celui du ministre Fantino, semble-t-il…

En passant et en changeant un peu le sujet, vous ne trouvez pas drôle la nouvelle de la Presse qui dit que «Ottawa subventionne de plus en plus généreusement les ONG religieuses»? Moi si. Parce que n’en déplaise à M. Fantino, ces ONG foisonnent en Haïti…

Comme quoi rien ne change. Comme toujours, l’anniversaire du séisme est aussi l’occasion pour les médias de remettre Haïti sur la page médiatique, quitte à en dire des bêtises…

Mais en est-on vraiment à quelques bêtises près?

Aucun commentaire:

Publier un commentaire