vendredi 18 novembre 2011

Un autre congé


Aujourd'hui, c'est congé! Un autre, yééé! Mais celui-ci n'est pas bidon : l’événement historique qui le sous-tend le mérite amplement. Car il s’agit de la commémoration de la bataille qui a changé l’histoire d’Haïti en lui faisant accéder, quelques mois plus tard, à l’indépendance. C’était au début du 19e siècle. D’ailleurs, je vous réfère à Wikipédia sur le sujet, car bien que court, l’article situe bien l’événement et campe les protagonistes avec justesse, surtout Campois-la-Mort, dont la prestation héroïque a sans doute contribué à la reddition française. D’ailleurs, je vous cite Wiki, en anglais, cette fois, mais bon, je pense que vous allez vous y retrouver : "The Battle of Vertières marked the first time in the history of mankind that a slave army led a successful revolution for their freedom."

Mais ce n’est pas d’Histoire dont je veux vous parler aujourd’hui, pas de celle passée, mais bien de l’Histoire à venir, celle qui n’est pas encore écrite et qui, peut-être, fera beaucoup parler dans cent ans. Ou peut-être pas. On n’en sait rien, vu qu’elle n’est pas écrite… Mais il n’empêche que c'est en ce jour historique que le président Martelly a choisi de doter à nouveau le pays d’une armée. L’article de cyberpresse d'hier nous apprend, entre autres choses, que ce faisant, Martelly rompt avec une période de 17 ans sans armée, ce qui n’est quand même pas rien. Pourquoi une armée? Certainement pas pour faire la guerre, on s’en doute et Martelly lui-même s’en défend bien. Il s’agit d’une armée pacifique dont la fonction première restera de suppléer les forces onusiennes qui sont devenues une véritable épine au pied national et dont il faut se défaire «au plus sacrant», comme on dit par chez nous. Mais on ne peut pas faire ça brusquement, ce serait contraire aux règles diplomatiques les plus élémentaires, alors on se trouve une raison et comme ça, les susceptibilités sont indemnes. Si le président Martelly réussit à implanter une armée — ou en tout cas ce qui en tiendra lieu —, il pourra dès lors remercier publiquement les forces de l’ONU, la trop fameuse MINUSTAH, sans que personne n’y trouve à redire, car la nouvelle armée haïtienne s’occupera justement à faire le travail de l’autre. Quoi de plus naturel à ce qu’un pays utilise ses propres ressources humaines plutôt que celles du voisin?

Jusque là, ça va. Mais là où ça se gâte, c’est dans l’application pratique. Car le pays est bien fragile, tout le monde le sait, et les forces de l’ordre sont complètement dépassées par l’ampleur du travail à faire. La MINUSTAH ne fait pas de miracles de ce côté, mais elle contribue justement au maintien minimal de l’ordre, évitant les grands dérapages qui pourraient ébranler le pays plus que le dernier séisme. La nouvelle armée pourra-t-elle remplir ce rôle? Pas vraiment, et pas par manque de courage comme par manque de moyens matériels. Et d’entraînement des recrues, bien entendu. Or ces choses coûtent cher. Très cher. Non, je n’ai pas de chiffres à vous donner, mais tout le monde sait qu'une armée équipée représente un investissement colossal. Forcément. Alors on peut se poser la question : mais où prendra-t-on l’argent pour supporter cette armée? Comment peut-on penser que l’État haïtien pourra simplement payer ses militaires alors que les enseignants voire les médecins passent souvent des mois sans toucher leur salaire? Or, que fait une armée sans solde? Elle se fâche, prend ses armes et les met à la tempe de son patron. En tout cas, c'est un peu le portrait de l’histoire de l’armée en Haïti et la raison pour laquelle Aristide avait choisi de la démanteler en 1995 : il avait eu sa leçon... Alors je ne sais pas pour vous, mais pour moi, je vois dans l'instauration de cette nouvelle armée, un certain risque, risque que la MINUSTAH, malgré toutes ses faiblesses, n’a jamais pu représenter...

Mais tout comme le "Delendae est Carthago" de Caton, le moto du pays c'est «La MINUSTAH dehors», ce que tout le monde appuie sans réserve, semble-t-il...

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