lundi 18 avril 2011

De l'importance du travail d'équipe


Eh bien malgré tout ce que je dis à propos de mon maigre intérêt pour les choses politiques, il semble que ce soit un thème qui m'accroche car il revient souvent dans mes propos. Sans idéologie, cependant; car il s'agit plutôt pour moi (comme pour vous, par ricochet) de comprendre un peu ce qui se passe au pays qui nous héberge présentement.

Ainsi, l'article de ce matin, signé Marissal (dont j'ai apprécié un article jadis), est biaisé et tendancieux. À tout le moins dans son titre. «Michel Martelly songe à amnistier Duvalier et Aristide» : un titre comme ça vous fait croire que c'est ce dont l'article parlera, pas vrai? Or, lisant l'article, on se rend compte que M. Martelly a donné une entrevue téléphonique via Skype et, parlant de choses et d'autres, a mentionné :  «Je dirais tout simplement que nous pourrons éventuellement penser à ça (l'amnistie) dans la mesure où ceux qui ont été blessés dans le passé comprennent la nécessité de se réconcilier.» Je ne sais pas pour vous, mais il me semble que le journaliste a fait un triple saut périlleux avec double vrille pour en arriver à titrer son article sur cette simple réflexion, au reste bien banale. Car enfin, soyons honnête, le nouveau président a bien d'autres chats à fouetter avant de traiter les cas de MM. Duvalier et Aristide. Et je ne pense pas qu'il en fasse une priorité. D'ailleurs, si vous lisez l'article, vous constaterez que sa première préoccupation -- et ici, tout à fait justifiée en ce qui me concerne -- c'est la reconstruction du pays, qui s'enlise toujours depuis plus d'un an. Que le pays soit pauvre est un fait, mais cela ne signifie pas qu'il doive rester embourbé dans ses débris! Pour le reste, eh bien je pense que M. Martelly a juste l'embarras du choix : infrastructures, communications, création d'emplois, éducation et soins de santé... la liste est longe et ressemble à s'y méprendre à n'importe quelle feuille de route de n'importe quel chef d'état en puissance ou de fait. Et est certainement trop lourde pour n'importe quel chef d'État qui l'aborderait seul, fût-il le président Obama, tiens. Un chef doit savoir s'entourer d'une équipe efficace et motivée, qui non seulement peut l'épauler dans ses décisions, mais qui peut aussi et surtout soulager sa charge de travail. Or, trop souvent en politique, le leader fait office du bouc émissaire pendant que les autres se cachent derrière en disant : «Se pa fôt mwen».

Reste que c'est un peu ce qui se passe dans notre petit hôpital; je vous disais dans mon dernier texte, que les petits changements font souvent une différence, tout en étant moins exigeants en termes de ressources (financières, matérielles et humaines). Mais ce que je ne vous ai pas dit, c'est que même pour accomplir ces petits changements, il faut une division du travail : une instance décisionnelle (ça c'est ma compagne et moi-même) et une instance chargée d'appliquer la décision. Évidemment, cette dernière instance mérite souvent d'être aiguillonnée pour l'inciter à aller jusqu'au bout dans le respect des indications de l'instance décisionnelle, mais lorsque sont atteints les résultats, tout le monde en partage le crédit. C'est, entre autres choses, ce qui s'est passé en ce qui concerne la peinture de l'hôpital. Les gars ont vraiment accompli de la bonne besogne, dans les temps requis (c'est-à-dire pendant le week-end exclusivement) et dans le respect des consignes que je leur avais données. Ils ont même réussi au-delà de mes espérances à préserver le dessin qui apparaît sur la photo ci-dessus tout en refaisant la peinture. Vous dire qu'ils étaient fiers est peu dire... Or, je vous dirai que cette facette du travail (motiver les employés) constitue l'un des éléments clés du succès ou de l'échec de toute entreprise. Le leadership, c'est bien beau, mais à tout leader, il faut des 'followers', des gens disposés et intéressés à suivre le leader. Pour ce faire, deux méthodes, bien connues et souvent identifiées par ce qu'elles représentent : le bâton et la carotte. En d'autres termes, le reproche et les félicitations. J'avoue pour ma part que, bien que j'utilise ces deux approches, je favorise, et de beaucoup, l'approche carotte qui, parce qu'elle renforce les comportements souhaités, me semble donner de meilleurs résultats que le châtiment.

Ceci m'amène à commenter cet extrait du commentaire reçu d'un lecteur haïtien (j'en déduis) au sujet de mon texte «Cherchez l'erreur...» Le monsieur (je présume) dit ceci : «...vous aurriez (sic) pu aider cette personne a (sic) corriger ses lacunes [...] au lieu de la critiquer lachement (sic).»  Premièrement, je ne critique pas lâchement. Je n'ai aucune honte à critiquer, ni à être l'objet de critiques, fondées ou non. La critique est humaine et universelle, sans doute parce qu'elle dessert bien l'ego de celui qui la formule. Après tout, quand on critique (un film, un livre, un homme politique, un administrateur) on sous-tend qu'on aurait su faire mieux. Mais une bonne critique (car il en est de bonnes) est courte et pointue; elle souligne l'erreur, mais que l'erreur et ne s'intéresse pas à extrapoler des généralités qui souvent n'ont aucun rapport. Cette critique-là, je la prends car je l'apprends. Je peux devenir meilleur si l'on me pointe du doigt mon erreur. Rappelez-vous : on apprend de nos erreurs. Encore faut-il les voir. La critique, en ce sens, peut aider. Mais je vous ai aussi dit que l'on bâtissait sur les succès, et non sur les erreurs. Et c'est là que la critique, amère, élaborée et généralisée devient contre-productive : elle écrase celui ou celle qui en fait les frais et ne lui donne aucune chance de s'amender. Partisan du "One Minute Manager", je tends à en appliquer les principes et ma foi, ça marche plutôt bien. C'est pourquoi quand je lis «critiquer lâchement», je n'en fais aucun cas. Ce n'est simplement pas moi.

Quoi qu'il en soit, vous avez compris ce que je veux partager avec vous : tout est question de partage. Et le partage n'est que rarement de 50-50. Il n'a pas à l'être. Équitable ne veut pas dire égal. Lorsque je déménageais de lourds électro-ménagers avec mon frère, je n'ai jamais eu aucun problème à lui passer la lourde charge. Genre 60-40. Ce n'était pas juste, mais tout à fait équitable.

Demandez à mon frère...

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