jeudi 30 décembre 2010

Bonne et Heureuse Année!

L'année n'est pas encore tout à fait terminée, mais bon, on n'est pas à un jour près, n'est-ce pas? Surtout pas après l'année qu'on vient de passer... Je ne vous en ferai pas le sommaire parce que vous le connaissez. La suite interrompue de malheurs ou de catastrophes a bien rempli le temps et parfois même, les médias. Et parlant de médias, je dois tout de même vous citer ce passage tout à fait savoureux de Chantal Guy, qui a passé Noël à Jacmel :
«Toute la planète le sait, Haïti va mal. Très mal. Mais ce n'est pas nouveau. Séisme, choléra, ouragans ont cruellement révélé les failles déjà très creuses du pays qui est de plus plongé dans l'impasse politique. Mais personne, à part les Haïtiens, ne sait ce que cela représente vraiment au quotidien. Cette harassante survie de tous les jours alors que le moral est miné. Car le légendaire moral des Haïtiens est profondément touché. Tout le monde ici est blessé. Ça se sent, ça se voit, malgré les sourires. Les traumatismes, les deuils, les pertes et les peurs sont dans les esprits et les cœurs alors qu'il faut continuer dans un pays qui n'avance pas.»
Année difficile pour tout le monde, donc, et qui, bien malheureusement, ne se terminera pas le 31 décembre à minuit. Bien malheureusement. En fait, je ne vous apprendrai rien en vous disant que 2011 risque de commencer fort mal si, comme tout le monde le soupçonne, les résultats des élections de novembre dernier ne sont pas à la satisfaction du peuple. Et le choléra, bien sûr. L'épidémie est loin d'être contrôlée, et les projections ne sont pas vraiment optimistes... Tout de même, le temps fait son œuvre. Et il est permis d'espérer que 2011 sera une meilleure année que 2010. Avons-nous vu le pire? Personne ne peut le dire. En Haïti, il semble que la frontière du pire recule tout le temps. Et ça n'a rien à voir avec le réchauffement planétaire ou le marché monétaire international. Simplement, c'est comme ça. La suite de catastrophes naturelles ou humaines (car les dernières élections sont vraiment une catastrophe qui n'a rien de naturel) n'est pas exclusive à Haïti et certaines se passent régulièrement ailleurs, dans d'autres coins de la planète. Pas à la queue-leu-leu comme ça, cependant, et c'est peut-être là la différence. Pourtant et comme le dit Chantal Guy, il faut continuer. Parce que le temps avance, il faut avancer. C'est ce que tout le monde fait, sans vraiment se plaindre, et pas tant par stoïcisme comme par absence de choix. Difficile de se prétendre stoïque quand on n'a pas le choix de vivre autrement, hein?  Bon, j'en vois déjà qui lèvent la main avec la question évidente : «Oui bon, mais vous deux, vous l'avez ce choix! Vous n'êtes pas forcés de vivre cette vie tourmentée et insécure! Pourquoi persistez-vous?» Bonne question, lecteurs et lectrices perspicaces. Malheureusement, je n'ai pas de réponse à vous donner. Je n'en sais rien. On vit ici parce que c'est ici qu'on vit. Réponse de Normand, je sais, je sais (je ne parle pas de mon frère, là!)... Ou l'image du serpent qui se mange la queue, si vous préférez. On vit ici présentement et pour la suite, on verra. On vit ici au présent seulement. Car on sait que ce n'est pas un état permanent et le seul fait de savoir que l'on peut partir suffit à nous faire rester. Donc on continue. Un jour à la fois, car c'est la seule façon d'avancer ici. On peut toujours faire des plans, mais ils sont toujours sujets à changement sans préavis, genre un tremblement de terre, par exemple...  Mais tout ça, vous le savez déjà, alors...

Inutile de s'étendre sur cette année néfaste, donc. Inutile de ressasser le nombre de morts, victimes du tremblement de terre ou, plus récemment, du choléra. On fait avec. Tout le monde fait avec. Mais en dépit de cela, l'espoir fleurit. On se demande comment, quand tout va si mal dans le pays; mais en Haïti, mieux que partout ailleurs, l'espoir fait vivre. On vit d'espoir et d'eau pas trop fraîche, je vous l'ai déjà servie celle-là, mais elle n'en reste pas moins vraie.

Ceci se veut donc un message d'espoir. L'espoir que les choses se tassent--les plaques tectoniques aussi bien que la politique--et que la vie quotidienne reprenne son rythme habituel, insouciant et rieur.

En attendant et puisque c'est de saison, Chantal et moi vous en souhaitons une excellente, une luxuriante et une paisible!

vendredi 24 décembre 2010

Joyeux Noël!

Eh bien nous y voilà!

La veille de Noël! Quand j'étais petit, c'était tellement plus important que le jour de Noël même, sans doute à cause de l'effervescence des derniers préparatifs : la bouffe «de Noël» dont regorgeaient le frigo et les placards et que maman avait, de peine et de misère, soustrait à notre voracité enfantine, mes frères et moi; et, bien sûr, les cadeaux, les fameux cadeaux qu'on savait dissimulés quelque part et qu'on dénichait parfois, au grand dam de maman. Puis arrivait le soir du 24 proprement dit, où il fallait se coucher en attendant l'heure... Tu parles si on dormait! Finalement, n'en tenant plus, «l'heure» arrivait, mais pas celle de la distribution des cadeaux encore, car il fallait d'abord passer par la traditionnelle messe de minuit qui, comme son nom l'indique, débutait vraiment à minuit, puisque c'est à minuit que sonnait le 25 décembre. Or, cette grand-messe était longue : pas moins d'une heure avant que résonnent les derniers chants de Noël indiquant le réel Ite Missa Est. Puis le froid de la nuit, la neige qui craque sous nos pas (à cette époque, on avait toujours de la neige à Noël), les gens qui s'échangent des vœux sur le parvis de l'église, la musique, tout nous disait que ce n'était pas une nuit normale. De retour à la maison, la première chose à faire avant toute autre, retirer la cravate. Ouf! On respire à nouveau! Puis ce sont les cadeaux qui, une fois déballés perdent toujours considérablement de leur attrait. Et un petit chou à la crème avec ça? Mais la nuit de Noël ne s'arrêtait pas là : elle se poursuivait dans ma seconde famille, celle beaucoup plus vaste des Desrosiers, dont plusieurs n'étaient mes aînés que de quelques années seulement. Et quels joyeux lurons, ces Desrosiers! Personne ne se soûlait à se rouler par terre et pourtant, tout le monde avait un plaisir fou. Ce que j'ai aimé ces Noëls d'antan! Oui, j'en suis nostalgique car c'était vraiment de beaux Noëls. Aujourd'hui, les temps ont changé, chacun y va de son petit Noël et pour nous, c'est sans tambours ni trompettes que se passera la nuit du 24 au 25 décembre 2010. Et nous ne nous en plaindrons pas. Le seul fait de ne pas avoir à subir la violence dans la rue vaut son pesant d'or, croyez-moi...

Noël calme, donc; Noël paisible et méditatif. L'ambiance festive de la ville ne nous fera pas sauter. De joie, je veux dire... Nous n'avons pas de programme exubérant - juste une petite soirée à écouter un vieux film, sans doute, peut-être en trinquant le mousseux que nous réservons depuis longtemps pour une occasion spéciale. Et pourquoi pas Noël? Demain peut-être, nous irons à la plage, nous lirons, nous écouterons la télé et la radio, bref, rien pour changer notre train-train habituel, mais encore une fois, pouvoir profiter de quelques jours de paix apporte son plein de satisfaction. Pas besoin de plus. Sauf de la bonne compagnie, bien sûr...

Alors voilà. Ceux qui sont sous la neige auront un Noël blanc qui, même si ça fait cliché, reste toujours féerique, reconnaissons-le. Ça et le sapin, tu parles!... Et pourtant, pourtant, la neige blanche, le sapin enguirlandé, les couleurs et les lumières, même la musak font partie de cette tradition de Noël et si ces ingrédients ne sont pas là, ben il manque quelque chose, hein? Même sous les latitudes nordiques, rien de pire qu'une pluie verglaçante pour rompre le charme du Noël blanc...

En tout cas que votre Noël soit blanc ou vert, sous la tempête hivernale ou sous la brise tropicale, sous les sapins ou sous les cocotiers, près du poêle à bois ou près du feu de grève, ma compagne et moi-même vous en souhaitons un beau; un paisible; un plaisant; un léger; un cordial; un chaleureux; un chaud dans l'âme; un satisfaisant; un généreux; un profond; un reposant; un ressourçant; bref, un bon Noël. Et si vous êtes repus (ce que nous souhaitons), en bonne compagnie, à la chaleur, que vos cadeaux vous comblent et que votre ventre est plein, avant que les vapeurs du vin embrument trop votre esprit, ayez une petite pensée pour ceux, pour celles dont le ventre n'est pas plein, ce soir pas plus que les autres; qui n'ont pas de cadeau sous un sapin qui n'existe pas et qui espèrent seulement réussir à survivre un jour de plus.

Juste une petite pensée, je vous en prie. Merci d'avance.

mardi 21 décembre 2010

Solstice d'hiver


L'événement est astronomique. Dans le vrai sens du terme. J'aime. Ça nous change des petits problèmes à saveur de soupe populaire. Savoir que nous avons atteint, dans le parcours sidéral qui caractérise le mouvement de notre petite planète autour de son étoile, le jour où le soleil à son zénith est à son plus bas (46,56° contre 93,44° au solstice d'été, sous notre latitude haïtienne), eh bien ça me rassure sur la pérennité des choses. Le jour le plus court de l'année, donc, mais comme je vous l'ai dit le 21 juin dernier, ce n'est pas sous cette latitude qu'on peut en apprécier vraiment la différence. Tout de même, le solstice a donné naissance à des célébrations ancestrales, dont la religion s'est vite emparée pour les travestir et les faire siennes. Dire que Jésus est né un 25 décembre m'apparaît aussi fantaisiste que dire que le Père Noël entre dans les maisons par la cheminée... Mais bon. Je passe. Ça permet de justifier une fête, alors pourquoi pas... Incidemment, si vous regardez ce que Wiki en dit (anglais), vous verrez que le solstice d'hiver est occasion de fête présente et passée pas mal répandue sur la planète. Et presque toutes associées aux jours qui recommencent à rallonger. C'est donc une fête de la lumière, du renouveau, de la résurrection et de la force positive sur celle négative que représente la nuit.

Mais ici, tout ça s'estompe dans l'indifférence. Comme je l'ai mentionné en juin dernier sur le même sujet, difficile d'avoir conscience de la pérennité astronomique quand le passage d'une journée à l'autre s'effectue à peu près toujours au même rythme, selon une balance à peu près équilibrée entre la durée du jour et celle de la nuit. Ici, assez curieusement, c'est souvent l'heure qui régit les activités. Ainsi, un déplacement vers la capitale mérite qu'on quitte dès potron minet, soit vers les 4h, et peu importe s'il fait encore nuit, car c'est tout de même le matin. C'est sans doute aussi pour cette raison que, dès midi, on se salue à coups de «bonsoirs», car le soir approche. Autres mœurs.

Tout ça pour vous dire que c'est aujourd'hui que nous atteignons ce point précis de notre cycle astronomique, et je pensais qu'il valait la peine que je vous le souligne.

Et Noël dans tout ça? Eh bien, c'est plutôt le calme plat ici : pas de lumières, pas de sapins décorés, pas même de musak de circonstance. On trouve bien quelques décorations ici et là, mais rien qui approche l'orgie de lumières du temps des Fêtes au nord. Et franchement, c'est bien comme ça. La tradition, c'est bien joli, mais quand je vois encore combien les gens des pays industrialisés dépensent pendant cette période, la plupart du temps pour des choses inutiles, eh bien je me dis que ce n'est peut-être pas tout à fait correct. Bien sûr, vous allez me dire que c'est l'activité économique qui fait marcher un pays et je serai d'accord. Mais tout de même et sans vouloir faire mon petit marxiste, avouons que l'argent prend quelquefois un peu trop de place dans nos vies modernes, surtout quand il sert à se payer des tas de trucs dont on pourrait aisément se passer. D'où sans doute ce mouvement de «simplicité volontaire» qui, s'il reste discret, ne disparaît pas pour autant, et pour cause : dépenser n'est pas vivre et ne rend pas nécessairement heureux. Et si vous n'êtes pas d'accord, eh bien tant pis pour vous.

Alors voilà. Ma pause se termine ici. Je voulais vous donner un petit quelque chose qui ne soit pas teinté de noir, sans goût de cendres ou d'odeur de pneu brûlé. Je voulais vous dire qu'à compter de demain, les jours recommencent à s'allonger et qu'en bout de ligne et quoi qu'on en pense quelquefois, la lumière revient triompher de la grande noirceur. Vous croyez que je m'accroche à un espoir vain? Un espoir noir, comme je l'ai déjà mentionné? Non. Je reste réaliste. Nous ne sommes pas au bout de nos peines et ce qui nous attend est plutôt sombre. Mais n'oubliez pas : après la pluie le beau temps. Après la noirceur, la lumière. Et l'astronomie nous le prouve bien.

lundi 20 décembre 2010

Sursis


Un sursis est toujours le bienvenu. Demandez à n'importe quel condamné à mort en attente de son exécution et il vous confirmera la chose. Or, alors même qu'on se préparait à une autre onde de violence, celle-là plus raide que la première, nous promettait-on, un communiqué officiel nous disait que le dévoilement final des résultats était remis à une date ultérieure, non précisée, afin, disait-on, «de permettre à des experts de vérifier la validité [du] scrutin». Qu'en sortira-t-il? Nul ne le sait et les paris sont ouverts. Certains affirment que ce n'est qu'une manigance de plus pour retarder l'inévitable, à savoir, la défaite du candidat Martelly. D'autres soutiennent que l'analyse ne va rien donner, puisque les données sont faussées à la source (bulletins de vote). D'autres y voient une autre forme, à peine masquée, d'ingérence américaine dans les affaires haïtiennes. D'autres enfin, naïvement optimistes, souhaitent que la vérification donne une majorité indiscutable à leur favori, Martelly, bien sûr. Quant à moi, j'ai bien l'impression que tout comme la montagne de la fable, il n'en sortira pas grand-chose d'autre que du vent. Un vent pestilentiel, si vous voulez mon avis, car le choléra progresse, les amis. Il progresse et ça va vite. Des fois, on se demande si ce n'est pas la maladie elle-même qui, par la peur viscérale qu'elle engendre, ne va pas régler le problème des manifestations politiques en dépeuplant les rangs des manifestants... Ce serait drôle, vous ne pensez pas?

Car je l'avoue, la politique, comme toujours, me laisse de marbre. Je reste convaincu qu'un politicien, si bien intentionné qu'il soit, est d'abord et avant tout le jouet de la mécanique qui le sous-tend et qui lui permet d'être politicien. Or, cette mécanique obéit à des lois qui n'ont pas tant à voir avec la politique qu'avec la finance. Lire l'argent. D'où justement l'intérêt pour plusieurs de faire de la politique : l'argent n'est jamais bien loin. Mais la probité, l'honnêteté, la transparence, la vision, le dévouement, l'altruisme, bref toutes ces qualités qu'on espère retrouver chez un leader politique, eh bien comme elles ne sont pas vraiment nécessaires, elles brillent souvent par leur absence. Ainsi, je dirai que la qualité essentielle d'un bon politicien, c'est de pouvoir mentir de façon indétectable. Bon. Je suis cynique, je l'admets. Mais vous avez compris.

Pourtant et revenant à la situation ici, le pays ne peut pas rester sans tête. Les sarcastiques me diront que, tête ou pas, ça ne change pas grand-chose à l'affaire, et ils auront tort. Car justement pour la raison que j'ai mentionnée ci-dessus, le pays a besoin d'une tête, ne serait-ce que pour lui lancer des tomates de temps à autre. Il s'agit d'un rôle crucial et le bon leader sait cela. Il sait que sa position en est une de cible, de récepteur des ondes publiques. Et il tient le coup quand même. Un président pour Haïti donc, et le meilleur possible, c'est ce qu'on doit souhaiter pour 2011. Mais si, comme on le laisse entendre, les Américains s'en mêlent, le résultat s'en trouvera forcément altéré, et pas nécessairement dans le bon sens. Disant cela, je ne veux pas dire du mal des Américains : nous comptons chez ce peuple d'excellents amis. Mais bon. Ils sont ce qu'ils sont, et leur ingérence internationale ne date pas d'hier et ne concerne pas qu'Haïti, bien entendu. Je suis sûr qu'ils s'en trouve parmi vous, amis lecteurs et amies lectrices, qui sont autrement plus férus en la matière que votre humble scribe. La politique, je le redis pour les inattentifs, ce n'est pas ma tasse de thé, comme on le calque si gentiment de l'anglais.

Donc, si on ne fait pas de politique, on fait quoi? Eh bien on espère. Ne vous ai-je pas dit que l'espoir faisait vivre? Alors que certains, certaines vivent d'amour et d'eau fraîche (je serais d'accord si l'on remplaçait l'eau fraîche par du beaujolais), ici on vit d'espoir. Pas grand-chose d'autre. Et d'un jour à l'autre, les mois passent et les ans s'accumulent...

Et avec tout ça ou malgré tout ça (c'est selon), Noël approche, un Noël qui, si la tendance se maintient, pourra sans doute se vivre dans la paix, si temporaire qu'elle puisse être. Et qui osera me dire que la paix est passée de mode?

vendredi 17 décembre 2010

Petite semaine


En bout de ligne, c'est dans le calme que la semaine s'achève. Voilà que les préoccupations électorales ont laissé la place à celle beaucoup plus inquiétante de la propagation du choléra. Car oui, elle se propage, cette chère épidémie. Silencieusement, sournoisement même, elle envahit peu à peu la ville et empoisonne la vie des gens qui n'ont certainement pas besoin de cette maladie par-dessus tout le reste.

Mais heureusement, la semaine s'est déroulée à peu près normalement malgré une inquiétude palpable chez les commerçants. Et non sans raison : la photo ci-dessus représente une petite épicerie où nous avions l'habitude de passer. Propre, bien tenue, climatisée et relativement bien approvisionnée, c'était, au dire de plusieurs, l'une des meilleures en ville. C'était. On parle maintenant à l'imparfait. Des vandales, sous le couvert de la manifestation politique, ont tout saccagé et l'ont proprement incendiée, si bien que la perte est totale et, bien malheureusement, irrémédiable, car comment pourrait-on y remédier, je vous le demande? Les assurances ici, quand on peut en avoir, sont minimales et je doute fort qu'elles couvrent la perte de cet honnête commerçant dont la seule faute, au dire des manifestants, fut d'avoir exposé son choix politique, différent de celui de la majorité, ouvertement. Et la démocratie, dans tout ça? Eh bien je pense qu'elle vient d'en prendre une belle, la démocratie... Mais bon, ce sont des choses qui arrivent, n'est-ce pas? Dans le feu de l'action, bien des choses brûlent... Et remarquez bien que ce n'est pas qu'ici que ça se passe : si vous vous souvenez, les performances de certaines équipes sportives -- le Canadien de Montréal, entre autres, et certaines équipes de soccer -- ont conduit à bien des abus de la part d'une foule en délire. Détruire pour détruire n'est jamais bien difficile, en autant qu'on dispose de quelques instruments de destruction, qui peuvent être n'importe quoi, d'ailleurs. Construire, en revanche, est autre chose. D'où incidemment la raison pour laquelle la reconstruction du pays prend tellement de temps : ce n'est pas évident. Or, quand on voit des jeunes -- des jeunes, oui -- s'en prendre à un commerce et le réduire à néant comme ça, juste pour le jeu, eh bien ça fait mal. Et là, je ne parle pas que de moi, vous l'avez compris : tous les gens sensés partagent ce sentiment.  Mais bon. Quand c'est fait, c'est fait, et on souhaite seulement que les dégâts s'arrêtent là.

C'est qu'il n'est pas toujours facile de prévoir comment les choses vont tourner. Les élections ici sont chose sérieuse, même si la qualité du processus peut faire sourciller et même si on en ignore les enjeux fondamentaux. Les élections sont chose sérieuse parce qu'on croit au pouvoir du peuple de nommer en place le dirigeant choisi. Et si le processus est douteux, eh bien ça ne fait rien : il n'y a qu'à crier son choix dans la rue. Pourquoi d'ailleurs le vote devrait-il se faire en secret? Les secrets, ici, en sont souvent de polichinelle et tout le monde finit par tout savoir de l'autre sans qu'on y voit un quelconque inconvénient. La notion de vie privée ici n'est pas du tout la même, car tout se passe souvent dehors au vu et au su de l'entourage immédiat. J'ai ainsi assisté à de belles scènes, dont cette fois mémorable où le mari s'était fait prendre à découcher par sa femme. Le savon qu'il s'est fait passé sur la place publique, mes amis, je ne vous dis pas! Pour nous, spectateurs, c'était du beau vaudeville; pour le gars, ben disons que c'était moins drôle... Tout est dit dehors, tout se dit à qui veut l'entendre, et cela inclut le salaire, les maladies, les affaires de couchette, les bons et les mauvais coups et, bien sûr, pour qui l'on a voté. D'où la vengeance des manifestants sur ce pauvre commerçant, d'ailleurs. N'avait qu'à pas faire état de ses opinions politiques, tiens... Et vlan!

Tout ça pour vous dire que malgré le stress, malgré l'épée de Damoclès qui reste suspendue au-dessus de nos têtes, on ne se sent pas trop mal. Peut-être que finalement, on finira par avoir un Noël dans l'esprit de la fête, c'est-à-dire dans la paix et (non dans l'orgie de cadeaux qui trop souvent s'y trouve associée). Je vous reviendrai d'ailleurs sur le sujet (Noël), ne serait-ce que pour vous transmettre nos bons vœux.

Pour le moment, nous allons attendre de voir comment les choses vont tourner la semaine prochaine. Alors et comme toujours, n'ap swiv...

lundi 13 décembre 2010

Interlude


Je n'avais pas prévu écrire aujourd'hui. D'abord, parce que j'ai tout de même un peu de travail à faire, ensuite et surtout parce que je voulais profiter du calme de la journée pour vaquer à d'autres occupations. Mais bon. Vous me connaissez, maintenant... Je ne peux pas vous laisser comme ça, haletant d'impatience d'en savoir plus, frustrés de voir que les médias ne font que radoter le même refrain de l'indignation internationale. Pour tout vous dire, l'indignation, nous, on s'en tape. Non pas qu'elle ne soit pas fondée : elle l'est. Mais ce n'est pas l'indignation qui fera calmer la violence. Car le calme d'aujourd'hui pourrait bien se terminer pas plus tard que cette nuit, d'après ce que j'ai entendu... Imaginez : on nous a envoyé des renforts! Pas besoin d'être devin pour voir ce qui s'en vient, hein? Surtout qu'à mon sens, il y a, ici aux Cayes, un ou des enjeux qui n'ont rien à voir avec la candidature de M. Martelly et qui tournent autour de la prison et de son contenu. Je ne serais pas étonné s'il s'y trouvait emprisonné un baron de la drogue ou un puissant malfrat disposant de moyens financiers importants et prêt à payer le gros prix pour sa libération. Bien sûr, ce n'est qu'une idée personnelle et je peux me gourer tout à fait, mais dites-moi alors comment expliquer cet acharnement à vouloir libérer les prisonniers? En tout cas, tout ça n'augure rien de bon, je vous le dis tout net. Quant au cul-de-sac politique, inutile d'en parler, sinon pour dire que plus le temps passe, plus le mur semble infranchissable. On n'en sort pas : les élections ont été corrompues à l'os depuis leur conception, et la liste des irrégularités est tellement longue qu'elle en devient drôle. Voici ce que j'ai lu récemment sur la question : «Le Département d’État américain a fait part de sa préoccupation vis-à-vis de résultats ne reflétant pas les sondages avant le scrutin qui donnaient Jude Célestin proche de l'élimination.» Or, il est second, au classement! Alors dites-moi : qu'est-ce que vous diriez, vous autres? Il est donc bien clair que dans cette manipulation pas même dissimulée, la volonté du peuple ne s'y retrouve pas. D'où le mécontentement, d'où les manifestations. On peut dire que ça se tient, n'est-ce pas? Mais encore une fois, comment peut-on s'en sortir? Comment peut-on sauver et la chèvre et le chou? Je pense que ce n'est pas possible. Les candidats sont à couteaux tirés. On ne peut plaire à l'un sans frustrer les autres. Une impasse, je vous dis. Un cul-de-sac. Un mur. Or, tout le monde sait ce qui se passe lorsqu'on percute un mur à haute vitesse...

Sommes-nous en danger? Un peu. Non, je ne minimise pas : je dis les choses telles que je les perçois. Je ne pense pas que nous soyons ciblés par ces épanchements de violence, mais oui, il y a danger, car on peut faire partie des inévitables dommages collatéraux : quand ça tire, il y a forcément de la casse. Alors on essaie de se faire petits, de se faire discrets et de laisser les excités se battre entre eux. Le combat du peuple haïtien ne nous concerne pas. Il est par et pour les Haïtiens. Bien sûr, on voudrait bien qu'ils obtiennent satisfaction, qu'ils puissent nommer à la tête de leur pays un chef en qui ils ont confiance, mais nous n'avons pas à leur donner de conseils sur la bonne façon de s'y prendre pour obtenir ce résultat. Je ris quand je vois tous ces «experts» qui affirment savoir, la plupart du temps à travers leur chapeau, comment résoudre cette crise. On excelle toujours à régler les affaires des autres. La vérité est beaucoup plus simple : les Haïtiens ne sont tout simplement ni Canadiens, ni Américains, ni Français, ni Chinois. Ils sont Haïtiens et de ce fait, ni meilleurs ni pires que n'importe qu'elle autre nationalité. On n'a pas à les juger, surtout pas en faisant des généralisations qui les déshumanisent. Quand j'entends des pseudo-experts dire : «Les Haïtiens sont comme ci, les Haïtiens sont comme ça», avec cette connotation faite de mépris et de condescendance, ça m'agace. Chez les Haïtiens comme partout ailleurs, il y a des bonnes gens, il y a des idiots, il y a des brillants et il y a des mauvais éléments. Comme le disait mon ami Gilles : «Ça prend toute sorte de monde pour faire un monde.»

Tout ça pour vous dire que, une fois de plus, nous sommes sur le qui-vive. Quand la violence éclatera à nouveau nous allons nous terrer tant bien que mal et attendre que ça passe. Car ça va passer. C'est juste qu'on ne sait ni quand ni comment. Pour ceux et celles qui lisent l'anglais, je vous recommande cet excellent article qui fait pas mal la synthèse de ce qui se passe et de ce qui s'est passé.

vendredi 10 décembre 2010

Un jour à la fois


Vous allez me trouver un peu déprimant, sans doute, mais que voulez-vous? La réalité d'ici n'est pas rose, alors il me serait difficile de vous la dépeindre comme telle. Car rien n'a changé : la violence court les rues, c'est le cas de le dire, et quand ce n'est pas dans une zone, c'est dans l'autre, si bien que les maigres forces de l'ordre (Minustah et police nationale) en ont plein les bras et même davantage. Surtout que l'un des objectifs des manifestants, c'est de prendre d'assaut le commissariat, de s'emparer des armes et de libérer les prisonniers. Comment une telle stratégie sert-elle la candidature de M. Martelly? En rien, bien entendu. Tout comme de mettre le feu aux immeubles gouvernementaux : on dit que la Douane, le ministère des Finances et la Direction générale des Impôts ont été rasés et ce saccage choque. Personne n'approuve. Mais ce qu'on voit dans la rue, ce sont des jeunes, voire des très jeunes qui ne savent sans doute même pas pourquoi ils sont là. Ce qui ne les empêche pas d'être là... Et de faire du désordre, de lancer des pierres grosses comme le poing et de de se prendre pour Rambo. Pathétique, je vous le dis tout net.

Hier après-midi, nous avons quand même eu chaud. Les manifestants descendaient la rue en vue de s'attaquer au commissariat, justement, et disons que leur marche n'avait rien de pacifique... Ils se sont heurtés aux soldats onusiens qui les ont dispersés au moyen de gaz lacrymogènes. Sauf que dans cette débandade, certains ont choisi de sauter la clôture qui nous sépare de la rue et ont commencé à vouloir faire un plat ici. Et pas moyen de les faire ressortir par la porte, puisque l'ouvrir, c'était l'ouvrir à la horde de manifestants! Cependant et grâce au dévouement de l'un de nos gardiens de sécurité qui a houspillé ces jeunes de belle façon, leur disant qu'un hôpital, c'était sacré et qu'il n'avaient pas le droit de s'en prendre à la propriété de l'hôpital, ils ont filé en sautant la clôture de derrière. N'empêche que lorsque ces voyous se sont dirigés vers notre maison, nous n'avons pas tellement apprécié. Oui, nous sommes à ce point vulnérables. En fait et pour tout vous dire, seul notre statut d'hôpital nous protège et avouons que c'est une protection bien maigre...

La nuit fut calme. Mais pas paisible. L'adrénaline et le sommeil s'accordent mal, je ne vous apprends rien, et tandis que ma compagne ronflait du sommeil du juste, moi je restais à l'affût du moindre son qui aurait pu signifier un truc pas normal. Évidemment et comme vous vous en doutez, j'en ai entendu plus que mon quota... Toutes de fausses alertes, bien entendu, sinon je ne serais sans doute pas en train de vous écrire ce matin. Mais reste que ça vous perturbe un sommeil, je n'ai pas besoin de vous le dire...

Finalement le matin est arrivé, les cloches de la cathédrale se sont fait entendre à leur heure habituelle (5 h) et j'ai su que la nuit était finie.

Présentement, c'est calme. Des coups de feu se font toujours entendre, mais sporadiquement et plus loin. Cependant et bien que tout le monde souhaite que ce soit un signe annonciateur du retour à la normale, nous savons que ce n'est qu'une accalmie, que la violence n'est pas encore terminée, car le tunnel dans lequel nous sommes est long et noir : pas la moindre lueur n'est visible au loin. Comme tout le monde, donc, nous attendons.

Et le choléra, croyez-vous qu'il attend, le choléra? Eh bien non. Il continue de se propager, sauf que les personnes atteintes meurent faute de soins et leurs cadavres contaminés sont, à ce qu'on m'a dit, simplement traînés jusqu'au cimetière...

Je vous avais prévenu que vous alliez me trouver un peu déprimant...

mercredi 8 décembre 2010

Le parfum du pneu qui brûle


Fumez-vous du pneu? Non, il n'y a pas de faute de frappe : je ne veux pas dire humez-vous, mais bien fumez-vous. Car humer l'odeur du pneu qui brûle est difficilement évitable, même avec un rhume; et ça sent pas la rose... Mais la sensation qu'on a présentement, c'est plutôt celle de la fumée qui s'immisce dans les poumons à chaque respiration et qui augmente d'autant le sentiment d'oppression qui est présentement notre lot. Et pendant que je vous écris ces lignes, les coups de feu claquent, presque sans discontinuer et l'on sait que cela n'augure rien de bon. Aux dernières nouvelles, les manifestants -- les violents qui ont des armes -- ont projet de prendre d'assaut la base de la MINUSTAH. Ça promet. Je ne sais pas pour vous, mais pour nous, c'est «prends ton trou et restes-y». Rien à faire d’autre que se terrer, dans ces temps-là…

Y'a-t-il du danger pour nous? Réponse franche : oui. Car le danger est là, omniprésent, pour tout le monde et jusqu'à preuve du contraire et même si ma tendre compagne prétend souvent le contraire, nous sommes «du monde». Certes, notre maison est assez en retrait de la rue et l'hôpital n'est pas, par définition, une cible potentielle de destruction, comme l'ont été certains édifices gouvernementaux. Donc et en principe, nous sommes dans une sécurité relative. Relative. Tout est là, dans ce petit mot. Car si quelques échaudés décident de venir faire du grabuge dans l'enceinte, il n'y a rien à faire pour les en empêcher! Appeler la police? Elle est complètement débordée, la police. Tout comme le sont les forces onusiennes, d'ailleurs. Bref et comme on dit ici, nou pou kont nou : nous sommes livrés à nous-mêmes.

Tout ça pourquoi? Pour cause d’injustice flagrante. Quand vous jouez avec des dés truqués et que vous dites : «J'ai gagné», disons qu'il risque de s'en trouver pour contester votre victoire... Or, c’est précisément ce qui s’est passé. On a dit, sur tous les tons dans toutes les gammes, que les élections avaient été corrompues. Parmi les histoires entendues, celle de camions (pluriel) transportant des bulletins de vote déjà complétés pour remplacer les originaux! Or la différence entre Martelly (le populaire/défait) et Célestin (le mal-aimé/sélectionné pour le second tour) est minime — pas même 7,000 voix — si bien que les manifestants ont certainement quelque motif raisonnable pour exprimer leur mécontentement. Mais de là à mettre le pays à feu et à sang, il me semble que c'est peut-être un peu exagéré... Haïti, pays de la démesure...

Inutile de vous dire que notre petit hôpital est fermé. Congé forcé pour tout le monde. Personne ne s’en réjouit, pourtant. Cependant et comme je le dis à qui veut l'entendre, nous ne faisons pas de politique et les soins de santé sont pour tout le monde, agresseurs aussi bien qu'agressés. Une vraie petite Suisse, tiens...

Heureusement, nous avons fait provision de l'essentiel (nourriture et carburant), et de ce côté donc, nous sommes tranquilles pour les prochains jours. C'est déjà ça. Comme le disait fréquemment l'un de mes bons amis : "Count your little blessings". Ce pourrait être pire. Mais ce pourrait être pas mal mieux, avouons-le.

Donc, nous tenons le coup et attendons que les choses se tassent et rentrent peu à peu dans l'ordre. Ça va venir. Mais pas tout de suite. Pas aujourd'hui, pas la nuit prochaine, pas demain, en fait, probablement pas avant la semaine prochaine, si bondye vle...

Alors voilà, vous en savez autant que nous. Quoi? Vous dites que c'est peu? Bienvenue dans le club!

samedi 4 décembre 2010

Des élections cholériques


Vous vous doutez bien que j'attendais. Comme tout le monde. Quand on sait combien il s'en faut de peu pour que le pays s'excite dangereusement, on comprend que les élections présidentielles peuvent aisément dégénérer. Ç'a bien failli, d'ailleurs... Mais la semaine s'est passée dans un calme relatif, les esprits chauds ont eu le temps de se rafraîchir un peu et les activités ont repris leur cours à peu près normal. Je dis «à peu près», car la tension est dans l'air; on sent que cette charge ionique pourrait facilement exploser à la moindre étincelle. Qui pourra fort bien se produire dès le début de la semaine prochaine, lorsqu'on annoncera officiellement les résultats de cette élection dont on a tout dit et dont je ne vous parlerai donc pas. Si vous avez suivi un tant soit peu la couverture médiatique, vous savez tout : vous savez la frustration des candidats, vous savez les irrégularités, vous savez la farce monumentale qui a caractérisé l'exercice. Comme je vous l'ai signalé, le principe démocratique s'exprime mal quand les dés sont pipés. Et ils le sont, forcément...

Ce qui fait que tout le monde attend. Ici, plus que jamais, ça passe ou ça casse. Des fois, ça passe en cassant, alors c'est vous dire... Mais il faut attendre et l'attente, c'est l'accalmie, c'est la vie qui continue et déjà, à la radio, le discours cholérique a remplacé l'autre. Car l'occasion est trop belle de jeter le blâme sur la Minustah pour qu'on s'en prive, n'est-ce pas? Là encore, si vous avez suivi un tant soit peu les médias, vous savez que la psychose du choléra a atteint une autre dimension avec le lynchage de ces pauvres malheureux dans le sud-ouest du pays. Et je pourrais vous en dire long sur l'absurdité et la solidité des superstitions locales, mais ce sera pour une autre fois. Pour l'instant, dans notre coin de pays, la situation reste acceptable (environ 295 cas dans le département du sud et 25 décès), mais pour combien de temps encore? Les délégués de diverses associations sont venues me rencontrer à plusieurs reprises cette semaine pour voir s'il n'était pas possible d'installer un CTU (Cholera Treatment Unit) sur notre terrain, un très bon emplacement, selon eux. Malheureusement, les patrons en ont décidé autrement. Je dis «malheureusement», car je comprends la nécessité d'établir ces unités de traitement où l'on peut vraiment contrôler la maladie, mais pour dire franchement, je suis un peu comme tout le monde : content de les voir s'installer ailleurs. Reste qu'ailleurs commence à être sérieusement problématique pour ces organisations, car personne ne veut entendre parler de choléra! Le syndrome du «pas dans ma cour» prend ici une dimension nationale, et je vois le moment où l'État devra s'en mêler... L'État... Quand il y en aura un, bien entendu...

Ce qui me ramène aux élections. Non pas pour vous dire qui est le meilleur -- j'en serais incapable --, mais plutôt pour vous dire combien ce cirque fascine. Et fait peur.

Les élections ont fait couler pas mal d'encre et de salive, mais pas trop de sang... du moins jusqu'à maintenant. Mais ça ne saurait tarder. Toute la semaine, on a entendu des coups de feu et les résultats ne sont même pas sortis. C'est vous dire l'état d'effervescence du peuple... En fait, il ne s'agit pas du peuple, mais plutôt de ces agitateurs professionnels (pour ainsi dire) qui, un peu selon le modèle des lobbyistes, font feu de tout bois et s'indignent de tout et de rien, juste pour contrer le système. Sauf qu'ici, cette opposition ne se contente pas de se faire entendre : elle fait aussi entendre le son de ses armes à feu, ce qui introduit une nouvelle dimension dans la protestation, vous l'admettrez. Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, quelqu'un qui n'a pas la même opinion que moi, je trouve que c'est une belle invitation à débattre. Mais si on me met un pistolet sous le nez, eh bien je perds le goût de débattre, disons...

Tout ça pour vous dire qu'avec l'annonce officielle des résultats en début de semaine prochaine, ça va sûrement chauffer. On s'y attend, on s'y prépare psychologiquement (car physiquement, on ne peut pas y faire grand-chose) et on souhaite que ça va s'estomper comme la dernière tempête tropicale, mais rien n'est moins sûr...

Choléra + manifestations politiques = ???