vendredi 17 décembre 2010

Petite semaine


En bout de ligne, c'est dans le calme que la semaine s'achève. Voilà que les préoccupations électorales ont laissé la place à celle beaucoup plus inquiétante de la propagation du choléra. Car oui, elle se propage, cette chère épidémie. Silencieusement, sournoisement même, elle envahit peu à peu la ville et empoisonne la vie des gens qui n'ont certainement pas besoin de cette maladie par-dessus tout le reste.

Mais heureusement, la semaine s'est déroulée à peu près normalement malgré une inquiétude palpable chez les commerçants. Et non sans raison : la photo ci-dessus représente une petite épicerie où nous avions l'habitude de passer. Propre, bien tenue, climatisée et relativement bien approvisionnée, c'était, au dire de plusieurs, l'une des meilleures en ville. C'était. On parle maintenant à l'imparfait. Des vandales, sous le couvert de la manifestation politique, ont tout saccagé et l'ont proprement incendiée, si bien que la perte est totale et, bien malheureusement, irrémédiable, car comment pourrait-on y remédier, je vous le demande? Les assurances ici, quand on peut en avoir, sont minimales et je doute fort qu'elles couvrent la perte de cet honnête commerçant dont la seule faute, au dire des manifestants, fut d'avoir exposé son choix politique, différent de celui de la majorité, ouvertement. Et la démocratie, dans tout ça? Eh bien je pense qu'elle vient d'en prendre une belle, la démocratie... Mais bon, ce sont des choses qui arrivent, n'est-ce pas? Dans le feu de l'action, bien des choses brûlent... Et remarquez bien que ce n'est pas qu'ici que ça se passe : si vous vous souvenez, les performances de certaines équipes sportives -- le Canadien de Montréal, entre autres, et certaines équipes de soccer -- ont conduit à bien des abus de la part d'une foule en délire. Détruire pour détruire n'est jamais bien difficile, en autant qu'on dispose de quelques instruments de destruction, qui peuvent être n'importe quoi, d'ailleurs. Construire, en revanche, est autre chose. D'où incidemment la raison pour laquelle la reconstruction du pays prend tellement de temps : ce n'est pas évident. Or, quand on voit des jeunes -- des jeunes, oui -- s'en prendre à un commerce et le réduire à néant comme ça, juste pour le jeu, eh bien ça fait mal. Et là, je ne parle pas que de moi, vous l'avez compris : tous les gens sensés partagent ce sentiment.  Mais bon. Quand c'est fait, c'est fait, et on souhaite seulement que les dégâts s'arrêtent là.

C'est qu'il n'est pas toujours facile de prévoir comment les choses vont tourner. Les élections ici sont chose sérieuse, même si la qualité du processus peut faire sourciller et même si on en ignore les enjeux fondamentaux. Les élections sont chose sérieuse parce qu'on croit au pouvoir du peuple de nommer en place le dirigeant choisi. Et si le processus est douteux, eh bien ça ne fait rien : il n'y a qu'à crier son choix dans la rue. Pourquoi d'ailleurs le vote devrait-il se faire en secret? Les secrets, ici, en sont souvent de polichinelle et tout le monde finit par tout savoir de l'autre sans qu'on y voit un quelconque inconvénient. La notion de vie privée ici n'est pas du tout la même, car tout se passe souvent dehors au vu et au su de l'entourage immédiat. J'ai ainsi assisté à de belles scènes, dont cette fois mémorable où le mari s'était fait prendre à découcher par sa femme. Le savon qu'il s'est fait passé sur la place publique, mes amis, je ne vous dis pas! Pour nous, spectateurs, c'était du beau vaudeville; pour le gars, ben disons que c'était moins drôle... Tout est dit dehors, tout se dit à qui veut l'entendre, et cela inclut le salaire, les maladies, les affaires de couchette, les bons et les mauvais coups et, bien sûr, pour qui l'on a voté. D'où la vengeance des manifestants sur ce pauvre commerçant, d'ailleurs. N'avait qu'à pas faire état de ses opinions politiques, tiens... Et vlan!

Tout ça pour vous dire que malgré le stress, malgré l'épée de Damoclès qui reste suspendue au-dessus de nos têtes, on ne se sent pas trop mal. Peut-être que finalement, on finira par avoir un Noël dans l'esprit de la fête, c'est-à-dire dans la paix et (non dans l'orgie de cadeaux qui trop souvent s'y trouve associée). Je vous reviendrai d'ailleurs sur le sujet (Noël), ne serait-ce que pour vous transmettre nos bons vœux.

Pour le moment, nous allons attendre de voir comment les choses vont tourner la semaine prochaine. Alors et comme toujours, n'ap swiv...

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