lundi 20 décembre 2010
Sursis
Un sursis est toujours le bienvenu. Demandez à n'importe quel condamné à mort en attente de son exécution et il vous confirmera la chose. Or, alors même qu'on se préparait à une autre onde de violence, celle-là plus raide que la première, nous promettait-on, un communiqué officiel nous disait que le dévoilement final des résultats était remis à une date ultérieure, non précisée, afin, disait-on, «de permettre à des experts de vérifier la validité [du] scrutin». Qu'en sortira-t-il? Nul ne le sait et les paris sont ouverts. Certains affirment que ce n'est qu'une manigance de plus pour retarder l'inévitable, à savoir, la défaite du candidat Martelly. D'autres soutiennent que l'analyse ne va rien donner, puisque les données sont faussées à la source (bulletins de vote). D'autres y voient une autre forme, à peine masquée, d'ingérence américaine dans les affaires haïtiennes. D'autres enfin, naïvement optimistes, souhaitent que la vérification donne une majorité indiscutable à leur favori, Martelly, bien sûr. Quant à moi, j'ai bien l'impression que tout comme la montagne de la fable, il n'en sortira pas grand-chose d'autre que du vent. Un vent pestilentiel, si vous voulez mon avis, car le choléra progresse, les amis. Il progresse et ça va vite. Des fois, on se demande si ce n'est pas la maladie elle-même qui, par la peur viscérale qu'elle engendre, ne va pas régler le problème des manifestations politiques en dépeuplant les rangs des manifestants... Ce serait drôle, vous ne pensez pas?
Car je l'avoue, la politique, comme toujours, me laisse de marbre. Je reste convaincu qu'un politicien, si bien intentionné qu'il soit, est d'abord et avant tout le jouet de la mécanique qui le sous-tend et qui lui permet d'être politicien. Or, cette mécanique obéit à des lois qui n'ont pas tant à voir avec la politique qu'avec la finance. Lire l'argent. D'où justement l'intérêt pour plusieurs de faire de la politique : l'argent n'est jamais bien loin. Mais la probité, l'honnêteté, la transparence, la vision, le dévouement, l'altruisme, bref toutes ces qualités qu'on espère retrouver chez un leader politique, eh bien comme elles ne sont pas vraiment nécessaires, elles brillent souvent par leur absence. Ainsi, je dirai que la qualité essentielle d'un bon politicien, c'est de pouvoir mentir de façon indétectable. Bon. Je suis cynique, je l'admets. Mais vous avez compris.
Pourtant et revenant à la situation ici, le pays ne peut pas rester sans tête. Les sarcastiques me diront que, tête ou pas, ça ne change pas grand-chose à l'affaire, et ils auront tort. Car justement pour la raison que j'ai mentionnée ci-dessus, le pays a besoin d'une tête, ne serait-ce que pour lui lancer des tomates de temps à autre. Il s'agit d'un rôle crucial et le bon leader sait cela. Il sait que sa position en est une de cible, de récepteur des ondes publiques. Et il tient le coup quand même. Un président pour Haïti donc, et le meilleur possible, c'est ce qu'on doit souhaiter pour 2011. Mais si, comme on le laisse entendre, les Américains s'en mêlent, le résultat s'en trouvera forcément altéré, et pas nécessairement dans le bon sens. Disant cela, je ne veux pas dire du mal des Américains : nous comptons chez ce peuple d'excellents amis. Mais bon. Ils sont ce qu'ils sont, et leur ingérence internationale ne date pas d'hier et ne concerne pas qu'Haïti, bien entendu. Je suis sûr qu'ils s'en trouve parmi vous, amis lecteurs et amies lectrices, qui sont autrement plus férus en la matière que votre humble scribe. La politique, je le redis pour les inattentifs, ce n'est pas ma tasse de thé, comme on le calque si gentiment de l'anglais.
Donc, si on ne fait pas de politique, on fait quoi? Eh bien on espère. Ne vous ai-je pas dit que l'espoir faisait vivre? Alors que certains, certaines vivent d'amour et d'eau fraîche (je serais d'accord si l'on remplaçait l'eau fraîche par du beaujolais), ici on vit d'espoir. Pas grand-chose d'autre. Et d'un jour à l'autre, les mois passent et les ans s'accumulent...
Et avec tout ça ou malgré tout ça (c'est selon), Noël approche, un Noël qui, si la tendance se maintient, pourra sans doute se vivre dans la paix, si temporaire qu'elle puisse être. Et qui osera me dire que la paix est passée de mode?
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