mardi 22 avril 2008

Malade!...



Les gens qui pensent tropiques associent souvent cette région géographique aux redoutables maladies tropicales dont les noms exotiques évoquent l’esprit du mal : malaria, fièvre dengue, typhoïde, voire choléra ou fièvre jaune. C’est vrai que les tropiques offrent la combinaison idéale de chaleur et d’humidité pour que prolifèrent toutes les bestioles responsables de ces redoutables maladies. Et pourtant…

Pourtant, je l’ai dit à quiconque voulait l’entendre—et même à tous ceux qui n’écoutent jamais—, la maladie de loin la plus courante par ici, c’est le fameux rhume, celui qu’on attrape l’air de rien et qui nous fait suer dans tous les sens du terme. Le rhume, qu’on appelle souvent «grippe» pour faire plus sérieux, est banal, je n’en disconviens nullement. Mais comme il attaque les cordes vocales, fait moucher comme s’il fallait faire vivre la compagnie Kleenex, altère le goût des choses et nous bouche les oreilles—sans compter la fièvre qui s’en mêle, eh bien disons qu’il nous emmerde bien, et le mot n’est pas fort. Tout le monde sait que l’infection est due au rhinovirus, ainsi nommé parce que le virus attaque en rhinocéros : à l’aveugle, sans discrimination de race ou de couleur, de sexe ou d’âge mental (je blague, il va sans dire...). Le virus fonce, se propage aussitôt qu’on en parle et encorne joyeusement le premier venu. On dit que le contact des mains d’une personne infectée suffit à transmettre le virus : comment éviter ce contact, dans ce pays où la poignée de main est aussi automatique qu’un sourire?

Malade, vous dis-je. Je ne pouvais plus parler, je toussais à me décrocher un poumon, je me mouchais sans relâche, je crachais, râlais, déglutissais, éternuais sans discontinuer. Et toujours, sans me plaindre! Car mon stoïcisme n’a d’égal que mon exaspération du rhume. Je sais bien qu’il n’y a rien d’autre à faire que d’attendre que le virus s’épuise, qu’il meure ou qu’on en meure. Mais il me semblait néanmoins qu’un petit sirop me soulagerait et j’en ai parlé à notre chef oto-rhino-laryngologiste. Pas brillant comme idée… Car ce médecin chevronné ne s’est pas privé de se moquer de moi sans vergogne! Mais où va donc la médecine moderne sans la compassion pour un pauvre malade? Peut-être n’étais-je pas si pauvre, ni si malade, finalement…

Mais c’est passé, maintenant. Je ne suis plus malade. La santé a repris ses droits. Le vin est à nouveau bon et l’appétit m’est revenu. M’est aussi revenu le goût de discuter ferme avec mes copains haïtiens, pour qui ce sport vaut le foot, c’est bien clair, car tout le monde y va de son point de vue plus ou moins éclairé, même le vieux Sonson qui n’y comprend pas grand-chose et qui revient sans cesse avec sa blague usée comme son chapeau : «Allez en prison! J’appelle la police!». Et tout le monde rit de bon cœur, car il faut bien encourager le vieil homme, n’est-ce pas? Surtout que lui, à 78 ans bien sonnés («M’te fèt lan 30», se plaît-il à répéter), n’est pas malade, mais alors pas du tout!

Allez! Un petit proverbe pour finir : «Maladi veni sou-w a cheval, men li kite-w a pye» Cependant, même à pied, elle finit quand même par s’estomper dans le soleil couchant comme le héros du vieux western…

1 commentaire:

  1. Et toujours, sans me plaindre!!!!!!!

    Ha! Ha! J'adore...

    Chantal

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