mardi 8 avril 2008

Ça brasse encore!...


Il n’entre pas dans mes intentions de jouer ici au journaliste et de vous décrire avec sensationnalisme ce qui se passe dans nos rues. J’en serais sans doute capable, mais pour dire franchement, vous raconter la violence, vous dénombrer les morts et les blessés me semblerait contraire à une certaine pudeur sociale. Certes, je puis vous dire que les gens occupent la rue, qu’ils y déferlent par milliers pour réclamer une baisse des prix des denrées de base, car cela est bien réel et, disons-le, tout à fait fondé. Mais je n'irai pas plus loin. Au moment où j’écris ces lignes, c’est le grand brouhaha au dehors. J’entends même les gens scander des slogans et taper dans leurs mains, ce qui est quand même moins préoccupant que les coups de feu, on est d’accord là-dessus.

Les rues sont désertes et rien ne bouge (sauf la foule de manifestants, bien entendu). La ville est «chaude», comme les Haïtiens disent en créole (vil la cho). Tout le monde essaie de s’en tirer sans égratignures, et même si la plupart y arrivent, le stress demeure. Une balle perdue fait le même effet qu’une balle bien visée, ne l’oublions pas.

Cependant, on se prend d’espérer. Le président Préval est censé parler à la population tout à l’heure et annoncer une baisse du prix du riz. Si cela se produit, tous ces gens mécontents vont manifester leur joie, cette fois, et tout pourra rapidement rentrer dans le semblant d’ordre qui caractérise le pays. Et la vie continuera à peu près normalement jusqu’au prochain ras-le-bol collectif…

Au moins, nous ne souffrons pas encore des éventuelles ruptures de stocks qui accompagnent presque toujours ces périodes improductives. Nous avons suffisamment à manger, de l’eau pompée de notre puits, du gasoil pour la génératrice (ma plus grande préoccupation, étant donné que l’électricité nationale, l’EDH, ne donne pas de courant pendant la journée) et assez de médicaments pour pouvoir continuer de soigner les malades. Faut dire que ceux, celles qui viennent sont plutôt assez malades, car autrement, on reste sagement à la maison et on attend que les choses se tassent. Aujourd’hui, nous avons reçu une vingtaine de patients, soit dix fois moins qu’une journée moyenne normale. Mais l’hôpital fonctionne quand même en dépit de la tension extérieure. Incidemment, c’est peut-être ce qui met l’hôpital dans une situation privilégiée : nous sommes là pour soigner, sans parti pris ni favoritisme.

Donc, comme tout le monde, on attend. Certes, il faut de la patience et une bonne dose de résignation, mais comme je l’ai déjà dit, quand on n’a pas le choix, on n’a pas le choix, n’est-ce pas?

Allez, une petite image paradisiaque, pour vous faire oublier…

2 commentaires:

  1. Salut,

    Faites attention et ne prenez surtout pas de risque.

    On pense a vous et nous allons lire assidument le blog.


    Line

    RépondreEffacer